Les murs tremblent dans les sous-sols parisiens, les portillons grincent de rage, et les resquilleurs feraient bien de surveiller leurs arrières : un vent répressif souffle sur le réseau francilien. Mais que cache cette soudaine escalade ?
Transports : la RATP lance une guerre totale contre les fraudeurs

Ce 28 mars 2025, la Régie autonome des transports parisiens (RATP), sous l’impulsion d’Île-de-France Mobilités (IDFM), a officialisé un plan d’attaque musclé contre la fraude, fléau chronique du réseau de transport francilien. Déclarations chocs, chiffres vertigineux, et arsenal technologique inédit : l’offensive n’a rien d’anecdotique.
RATP : une stratégie de lutte contre la fraude à haute intensité
Le ver est dans le fruit, et la RATP en a pris conscience : un voyageur sur six dans les tramways, un sur sept dans les bus ne paie tout simplement pas. Cela donne un taux de fraude de 16 % dans les tramways, 15 % dans les bus, et environ 5 % dans le métro et le RER. Globalement, le réseau recense 1,7 million d’infractions annuelles, représentant un manque à gagner estimé à 700 millions d’euros chaque année, selon Valérie Pécresse, présidente d’IDFM, citée dans Le Parisien le 28 mars 2025 : « C’est considérable. C’est l’équivalent du coût de deux lignes de tramway par an. »
Pour renverser cette spirale, la RATP mise sur vingt mesures ciblées, articulées autour de quatre piliers : prévention, répression, innovation, visibilité. L’ambition ? Diviser la fraude par deux d’ici la fin de l’année, comme l’a exigé IDFM.
RATP : une hausse des amendes pour décourager la fraude dans les transports
Première salve de cette riposte : les amendes explosent. Jusqu’ici fixées à 50 euros (35 dans certains cas), les sanctions passeront à 70 euros en cas de paiement immédiat et 120 euros en cas de paiement différé. Une évolution annoncée comme « inévitable » par Jean Castex, président de la RATP, lors d’une opération de contrôle à la Porte de Vincennes.
La hausse tarifaire attend cependant une validation réglementaire, mais son application est prévue avant l’été. Et pour ceux qui se verraient attrapés la main dans le sac, la RATP propose une alternative éducative : souscrire à un abonnement Navigo plutôt que de régler l’amende.
les cLes montants ne sont pas choisis au hasard. Selon chiffres de la régie, 60 % des fraudeurs paient sur place. Les amendes actuelles étaient perçues comme peu dissuasives, notamment lorsqu’elles équivalent à à peine 20 trajets.
RATP : des sanctions mais aussi des effectifs renforcés contre la fraude
Frapper fort, oui, mais pas à l’aveugle. Le plan prévoit un renforcement massif des équipes de contrôle. Aujourd’hui, 1 000 agents sillonnent le réseau, avec entre 400 et 600 présents chaque jour sur le terrain. La RATP veut recruter 100 agents supplémentaires, et doubler les effectifs sur les lignes de tramway en trois ans. Dans le métro, une augmentation de 50 % est programmée.
En parallèle, les opérations dites "coup de poing" se multiplient. Depuis février 2025, 200 interventions ont été menées, ciblant en priorité les zones à haut taux de fraude. Ces actions ont permis de contrôler 60 000 voyageurs et de dresser 6 300 procès-verbaux, selon Jimmy Brun, porte-parole de la RATP cité par Le Figaro.
Le tout sera coordonné avec les forces de police (GPSR, sûreté ferroviaire, police nationale et municipale) afin d’assurer la sécurité des contrôleurs, régulièrement confrontés à des agressions physiques. Le nombre d’agents agressés est passé de 281 en 2021 à 348 en 2024.
RATP : la lutte contre la fraude passe aussi par l’intelligence artificielle et la vidéosurveillance
Mais la RATP ne s’arrête pas à l’humain. L’organisme public a décidé d’embrasser la surveillance algorithmique. Grâce à l’outil Citio Fraud Tracker, basé sur la data et les statistiques de validation, les opérations seront stratégiquement dirigées vers les lieux et horaires les plus propices à la fraude.
Plus spectaculaire encore, la RATP envisage d’implanter des caméras dopées à l’intelligence artificielle, capables de détecter les franchissements illicites des portiques. L’expérimentation, inspirée du modèle barcelonais, nécessitera l’aval du législateur. À terme, ces caméras pourraient signaler en temps réel les resquilleurs aux équipes de sécurité pour une verbalisation instantanée.
Autre innovation : la caméra-piéton pour les agents. Déjà en test, elle pourrait devenir la norme. Objectif ? Limiter les violences et fournir des preuves en cas de litige.
Enfin, la RATP souhaite que ses agents puissent procéder eux-mêmes à des contrôles d’identité, mesure actuellement impossible sans intervention policière. Ce point figure dans un projet de loi en cours d'examen.
Le message est limpide : la fraude dans les transports franciliens est désormais une priorité sécuritaire et budgétaire. Entre hausse des amendes, militarisation du contrôle, et déploiement technologique, la RATP transforme ses portillons en remparts, et ses équipes en vigiles numériques.