Rachat de Twitter : la pire opération bancaire de la décennie ?

En octobre 2022, Elon Musk a finalisé le rachat de Twitter pour la somme impressionnante de 44 milliards de dollars. Ce rachat, soutenu par un prêt bancaire colossal de 13 milliards de dollars, a rapidement été qualifié de l’une des pires opérations bancaires depuis la crise financière de 2009. Aujourd’hui, les banques ayant financé cette acquisition, telles que Morgan Stanley, Bank of America, et BNP Paribas, regrettent profondément leur implication dans cette opération.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 21 août 2024 à 14h00
Notwitterday Boycott Twitter Musk X Haine
Rachat de Twitter : la pire opération bancaire de la décennie ? - © Economie Matin
44 MILLIARDS $Elon Musk a payé 44 milliards de dollars pour racheter Twitter.

Rachat de Twitter : une opération financière à haut risque

Les banques, en prêtant une somme aussi importante à Elon Musk pour l'acquisition de Twitter, ont pris un pari risqué. Traditionnellement, lorsqu'une banque finance une acquisition, elle revend rapidement la dette à des investisseurs, récupérant ainsi les fonds et percevant des commissions. Cependant, dans le cas de Twitter, cette stratégie n'a pas fonctionné comme prévu. La faiblesse des finances de la plateforme a empêché les banques de revendre la dette, les obligeant à la conserver dans leurs bilans. Selon le Wall Street Journal, il s'agit de la pire opération bancaire depuis la crise de 2009.

Depuis le rachat par Elon Musk, la valeur de Twitter a chuté de façon dramatique. Initialement estimée à 44 milliards de dollars, la plateforme vaut aujourd'hui environ 20 milliards de dollars. Cette dévaluation a rendu encore plus difficile la revente de la dette par les banques, qui se retrouvent dans une situation de "vente à perte". En conservant cette dette dans leurs comptes, les établissements financiers se retrouvent dans une situation difficile, limitant leur capacité à prêter à d'autres entreprises plus solvables.

Elon Musk a fait fuir les annonceurs de Twitter

Les difficultés ne s'arrêtent pas là. La gestion d'Elon Musk, marquée par des vagues de licenciements et des décisions controversées, a conduit à une fuite massive des annonceurs. Des entreprises comme Coca-Cola et Apple, qui représentaient une part importante des revenus publicitaires de Twitter, ont cessé de collaborer avec la plateforme à cause de l’augmentation de la haine sur le réseau social.

Les revenus publicitaires, qui constituaient auparavant l'essentiel des revenus de Twitter, ont chuté de manière significative. Au deuxième trimestre 2024, Twitter n'a généré que 114 millions de dollars de chiffre d'affaires aux États-Unis, soit une baisse de 53 % par rapport à l'année précédente. Cette situation aggrave encore les difficultés financières des banques, qui peinent à récupérer leurs fonds.

La dette de Twitter est un véritable fardeau

En plus de la baisse de la valeur de Twitter et de la fuite des annonceurs, les banques sont confrontées à un autre problème majeur : la dette de Twitter ne peut pas être gardée indéfiniment dans leurs bilans.

Avec les régulateurs bancaires surveillant de près les bilans des banques, notamment après la faillite de la Silicon Valley Bank, la pression sur les établissements financiers s'intensifie. Bank of America et Morgan Stanley, deux des principales banques ayant financé le rachat de Twitter, se trouvent dans une position délicate, dépassées par des concurrents comme JP Morgan et Goldman Sachs, qui n'ont pas participé à cette opération.

Une solution improbable : le remboursement par Elon Musk

Une des solutions envisagées serait qu'Elon Musk rembourse une partie de la dette de Twitter, en échange d'intérêts moins élevés. Cependant, le milliardaire n'a pas donné suite à cette proposition malgré sa rémunération record chez Tesla et le fait qu’il soit l’homme le plus riche du monde. Les banques se retrouvent donc dans une impasse, avec une dette qui pèse lourdement sur leurs bilans et peu d'espoir de récupérer leurs fonds dans un avenir proche.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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