Révolution quantique dans la finance : un nouveau champ de possibilités

Pour beaucoup, l’informatique quantique relève de la science-fiction. Pourtant, cette technologie est bien réelle, à tel point que les plus grandes banques du monde, dont Standard Chartered, JPMorgan Chase et HSBC, investissent toutes dans l’informatique quantique et explorent son potentiel. Naturellement la question qui se pose est la suivante : pourquoi ces géants de la finance étudient-ils cette frontière scientifique, et quels en seront les avantages ?

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Par Henri Ainouze Publié le 3 juillet 2023 à 4h30
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Révolution quantique dans la finance : un nouveau champ de possibilités - © Economie Matin
5000 EUROSLe premier ordinateur quantique de bureau coûte 5000 euros.

L'informatique quantique pourrait être une mine d’or pour le secteur de la finance. Une fois pleinement exploitée, cette technologie permettra d'effectuer des calculs sophistiqués en une fraction du temps nécessaire actuellement, ou de traiter des modèles financiers trop complexes pour les outils d'aujourd'hui. Les acteurs du secteur explorent déjà le champ des possibilités offertes par le quantique pour optimiser les portefeuilles d'investissement en trouvant plus rapidement des possibilités d'arbitrage, et en calculant simultanément plusieurs variables. De la même manière, la technologie pourrait alimenter des modèles de Machine Learning pour l'évaluation des crédits et l'analyse des risques en utilisant des ensembles de données de plus en plus vastes. Mais ce ne sont pas là les seules perspectives qui se présentent…

Améliorer les prévisions

Le monde des finances a de grandes chances d'être le premier secteur à tirer une valeur commerciale de l'informatique quantique, et à bénéficier d'un impact économique positif très rapidement. En effet, bon nombre des algorithmes quantiques dont pourraient bénéficier les institutions financières ont déjà été conçus, et se sont même révélés plus rapides et plus efficaces que les algorithmes classiques. Ce n'est qu'une question de temps avant que le hardware ne soit produit avec suffisamment de qubits pour exécuter ces algorithmes.

Par exemple, les simulations de Monte Carlo sont utilisées dans presque toutes les analyses financières, en particulier pour prédire le prix de produits dérivés complexes ou le cours des actions. Cette méthode utilise des nombres aléatoires pour simuler un large éventail de scénarios, et ces résultats sont ensuite utilisés pour estimer la probabilité d'un résultat. Plus il existe de scénarios, plus les résultats sont fiables. Avec l'informatique quantique, une version quantique d'un algorithme de Monte Carlo pourra effectuer plus de simulations simultanément, ce qui signifie que les analystes financiers pourront converger vers des réponses plus précises dans un laps de temps plus réduit.

Les institutions financières souhaitent ardemment explorer de tels cas d'utilisation en raison des avantages potentiels qu'ils offrent. Même si les résultats d'une simulation Monte Carlo quantique ne sont que d'une fraction plus précis qu'une combinaison classique, cette amélioration pourrait se traduire par des milliards - voire des trillions - de dollars de revenus provenant de meilleurs rendements et bénéfices, au vu des sommes importantes qui sont en jeu. Pouvoir prendre de meilleures décisions en matière d'investissement ou de gestion des risques apportera aussi un avantage concurrentiel considérable à ces institutions financières.

À l'avenir, l'informatique quantique pourrait même être en mesure de contribuer à la réalisation des tâches les plus complexes requises par les établissements financiers, telles que le trading à haute fréquence, où des décisions rapides, précises et extrêmement délicates doivent être prises en peu de temps.

La sécurité à l'ère quantique

L'autre raison pour laquelle le secteur financier se penche sur la technologie quantique est liée aux risques qu'elle présente. Il a été établi que l'informatique quantique serait capable de briser les protocoles de cryptage utilisés pour sécuriser les actifs numériques, y compris ceux utilisés pour protéger les données financières et les comptes bancaires. À ce titre, le décryptage quantique est considéré comme un risque majeur pour la sécurité des systèmes financiers à l'avenir.

Cependant, l'informatique quantique jouera également un rôle clé dans la sécurisation de ces systèmes à l'avenir. La technologie pourrait être utilisée pour détecter si des comptes ont été piratés et repérer les activités frauduleuses de manière plus rapide et plus facile.

En outre, les protocoles cryptographiques actuels s'appuient sur des générateurs de nombres aléatoires (RNG) pour créer des clés de sécurité. Or, les RNG actuels ne sont pas véritablement aléatoires et sont généralement basés sur une forme d'algorithme. Ce sont ces algorithmes qui représentent une vulnérabilité, car les ordinateurs quantiques seront capables de les résoudre. En revanche, les capacités des ordinateurs quantiques leur permettraient de générer des nombres réellement aléatoires, et donc d'améliorer le cryptage.

En prévision du décryptage quantique, les banques et les institutions financières doivent étudier ces nouvelles méthodes et se préparer à transférer leur cryptage vers des normes résistantes une fois qu'elles auront été mises au point, afin de garantir la protection de leurs données. Les établissements qui adopteront rapidement ces changements jouiront d'un avantage concurrentiel, car ils seront en mesure de garantir à leurs clients et à leurs investisseurs un cryptage infranchissable par les ordinateurs quantiques.

Mais au-delà de la recherche sur la sécurité quantique, les organisations financières doivent se préparer à l'impact de l'informatique quantique sur leurs compétences de base et leurs domaines d'expertise. Pour protéger leur compétitivité, elles doivent mettre au point de nouveaux processus, algorithmes et codes informatiques reposant sur la technologie quantique et breveter ces innovations afin de préserver leurs pratiques commerciales. Il faudra donc que les institutions investissent dans des capacités quantiques, par exemple en recrutant des experts ou en enseignant les principes quantiques aux analystes financiers, et qu'elles étudient le hardware qui fonctionnera le mieux avec leur code.

Bien qu'il faille encore attendre quelques années avant de disposer d'ordinateurs quantiques pleinement opérationnels, les établissements financiers doivent commencer à envisager l'intégration de cette technologie dans leurs systèmes existants afin de bénéficier d'un avantage de premier plan. Toutefois, le passage à la simulation Monte Carlo quantique et la modification de la manière dont les institutions effectuent leurs calculs et prennent leurs décisions financières constitueront un défi et prendront du temps. Les organisations qui se préparent à l'impact de l'informatique quantique et qui effectuent les changements nécessaires en premier auront un avantage significatif sur leurs concurrents plus lents.

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Henriainouze

Vice-président des Ventes chez Classiq

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