Quand la santé coûte trop cher aux séniors

À l’heure où les évolutions démographiques transforment les équilibres sociaux, la question de la santé des personnes âgées se pose. Une récente étude dresse un portrait contrasté de la situation, entre engagements personnels et contraintes budgétaires.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Publié le 3 avril 2025 à 18h02
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1 sénior sur 51 sénior sur 5 a déjà été contraint de réduire ses garanties santé.

Le 3 avril 2025, Alptis a publié son baromètre « La santé des seniors », une étude réalisée par l’institut OpinionWay auprès de 800 personnes âgées de 65 à 75 ans. Ces citoyens, tous détenteurs d’une complémentaire santé, ont été interrogés entre le 17 et le 23 décembre 2024.

Une santé en mutation : les seniors face au système en 2025

Le constat est sans appel. Un cinquième des seniors a déjà été contraint de réduire ses garanties santé, selon Alptis. Et cela ne relève pas d’un choix éclairé, mais d’une nécessité budgétaire pure et simple. Si 66 % des répondants acceptent de payer davantage pour maintenir leur couverture, ils sont 27 % à avoir renoncé à certains soins, notamment dentaires, optiques ou de médecines douces. Ce chiffre grimpe à plus de 40 % chez les foyers dont les revenus sont inférieurs à 2.000 euros par mois.

Santé des seniors : entre hygiène de vie et manque de moyens

Les seniors interrogés dépeignent une génération consciente de ses fragilités mais déterminée à conserver son autonomie. Ainsi, 88 % veillent à une alimentation équilibrée, 65 % pratiquent une activité physique régulière, et 86 % stimulent leur mémoire. Pourtant, plus de 40 % sont déjà en Affection Longue Durée (ALD). La contradiction est frappante : on anticipe, on s’adapte, on se prend en main... mais on finit malgré tout par subir le système.

Par ailleurs, le reste à charge touche 84 % des personnes âgées. Face à cela, la réforme « 100 % Santé » est bien identifiée : 79 % en connaissent les contours, mais le remboursement intégral des médicaments reste une attente majeure pour 90 % des sondés, atteignant même 95 % dans les foyers modestes. Une exigence qui en dit long sur la précarité rampante qui s’installe au moment où les besoins médicaux explosent.

Démarches numériques : quand la santé devient inaccessible

Dans cet environnement déjà tendu, un autre mur se dresse devant les seniors : la digitalisation à marche forcée du système de santé. Si certains d’entre eux parviennent à se débrouiller, nombreux sont ceux qui se heurtent à des espaces clients en ligne complexes ou à des plateformes de remboursement inintelligibles. Alptis le note d’ailleurs dans son étude : 47 % des personnes interrogées valorisent la simplicité d’usage de l’espace client. Autrement dit, plus de la moitié peine à naviguer dans un système censé leur simplifier la vie.

La généralisation de la téléconsultation, des démarches en ligne, voire de la dématérialisation totale des contacts, transforme chaque interaction en véritable obstacle pour une part croissante de la population âgée. Cette fracture numérique est désormais sanitaire.

Retraites en baisse, remboursements en chute : un double effet ciseaux

À l’heure où les pensions stagnent ou reculent, les dépenses de santé, elles, ne connaissent qu’une seule direction : la hausse. Le baromètre Alptis rappelle que le budget médian santé des foyers seniors atteint 140 euros par mois, une somme considérable pour des retraités aux revenus souvent inférieurs à la moyenne nationale.

Dans ce contexte, la moindre augmentation tarifaire devient un facteur d’exclusion. Et ce ne sont pas les chiffres qui contrediront cette inquiétude : 80 % des seniors ont subi une hausse des tarifs de leur complémentaire santé en 2024, ce qui pousse de plus en plus d’entre eux à revoir à la baisse leurs garanties.

Les plus modestes sont évidemment les plus vulnérables. Quand le reste à charge persiste malgré les promesses du « 100 % Santé », quand les consultations spécialisées ne sont plus accessibles faute de moyens, c’est l’idée même d’un accès équitable aux soins qui s’effondre.

Une attente forte : simplicité, rapidité, humanité

Mais alors, que veulent réellement les seniors ? La réponse est limpide. 69 % attendent des remboursements rapides, 49 % un bon niveau de remboursement, et près de la moitié réclament une gestion administrative fluide. Ils ne demandent un système compréhensible, rapide et humain.

Quant à la prévention, elle est bien identifiée comme levier clé : beaucoup expriment leur intérêt pour des conseils personnalisés, notamment sur les douleurs articulaires et les maux de dos, sujets les plus fréquemment cités. Là encore, l’humain est au cœur des attentes : être écouté, accompagné, compris.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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