Vente de voitures : l’électrique dépasse le thermique

Les Français semblent prendre le pas de la mobilité propre : moins de la moitié des voitures neuves vendues sont électriques. Mais que se cache-t-il derrière cette tendance ?

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 13 novembre 2023 à 17h00
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Vente de voitures : l’électrique dépasse le thermique - © Economie Matin

Automobile : une voiture vendue sur deux ne roule plus au pétrole

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. En 2023, pour la première fois, les ventes de voitures purement thermiques ne dominent plus le marché automobile français. Selon nos confrères de Presse Citron, 54 % des véhicules vendus neufs durant les dix premiers mois de l'année étaient des modèles électriques ou hybrides. Cette évolution marque un changement significatif par rapport à 2022, où 47 % des ventes concernaient ces catégories. Une tendance qui s'explique en grande partie par des facteurs économiques et environnementaux. Cela n'a échappé à personne : avoir une voiture thermique coûte de plus en plus cher. Avec le prix des carburants qui avoisine les 2 euros, des coûts d'entretien de plus en plus élevés, les Français se tournent incontestablement de plus en plus vers l'électrique. D'autant plus qu'avec toutes les aides financières de l'État, le prix d'une voiture électrique neuve peut baisser jusqu'à 13 000 euros !

Le gouvernement ne cesse de multiplier les incitations. Avec l'annonce du déploiement de plus de 300 000 nouvelles bornes de recharge dans l'ensemble du territoire et le LOA, une offre de leasing pour les plus petits budgets d'une voiture électrique à 100 euros par mois, le gouvernement espère bien que l'ensemble des Français passeront à l'électrique. Pour autant, 9 Français sur 10 continuent d'acheter leur voiture sur le marché de l'occasion. Et bien que l'intérêt pour les véhicules neufs 100 % électriques soit en hausse (16 % des ventes en 2023 contre 13 % en 2022), les modèles hybrides restent majoritaires. Ils représentent 33 % des ventes, dont 9 % pour les voitures hybrides rechargeables (PHEV). Pour les automobilistes qui ont adopté les véhicules hybrides, ces modèles offrent un compromis rassurant : économies de carburant et autonomie étendue, tout en conservant une utilisation similaire aux modèles thermiques.

La moitié des Français ne sait pas que les voitures thermiques seront interdites en 2035

Les personnes qui achètent un véhicule électrique anticipent les prochaines restrictions sur les thermiques. Malgré cette évolution, l'étude de l'Observatoire Cetelem de 2023 révèle que 50 % des Français n'ont pas connaissance de l'interdiction programmée de la vente de voitures thermiques (neuves) en 2035. Une méconnaissance d'autant plus frappante qu'elle souligne le décalage entre les politiques environnementales et la perception publique. Les Français restent hésitants face à l'électrique. Malgré une préférence croissante pour l'électrique en Europe, en France, seuls 20 % des automobilistes ont indiqué leur intention d'acheter un véhicule électrique. Les raisons de cette réticence sont multiples. Elles sont avant tout économiques et directement liées au coût élevé des véhicules électriques et aux inquiétudes liées au prix de l'électricité. Et elles sont aussi pragmatiques : la majorité des Français ne souhaite pas passer à la mobilité électrique à cause du manque d'autonomie de ces véhicules et du manque de bornes de recharge.

Malgré le passage progressif à l'électrique et la pression exercée par le gouvernement et l'Union européenne, plus de 68 % des Français préservent leur véhicule thermique en attendant d'avoir les ressources financières pour passer à l'électrique ou que les prix des véhicules baissent. Il suffit de voir le prix d'entrée de gamme d'une voiture électrique pour le comprendre : la Dacia Spring est vendue à 21 300 euros pour une autonomie de 230 km, la Renault Twingo e-Tech à 26 350 euros pour 190 km d'autonomie... Néanmoins, les raisons financières étant le principal frein des automobilistes français, cela pousse les constructeurs à se positionner sur le marché en revoyant leurs prix et en proposant des voitures plus abordables. Mais la route est longue... l'entrée de gamme de Stellantis, par exemple avec la ë-C3, n'est pas à la portée de la majorité des automobilistes. Le constructeur franco-italo-américain propose son modèle électrique juste en dessous de la barre des 20 000 euros (19 990 euros). Autrement dit, la voiture risque bien de devenir un luxe inaccessible pour de nombreux Français, un facteur d'exclusion et un marqueur d'inégalités sociales...

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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