Prix du gaz : du mieux en Europe dès 2025 ?

Le 9 octobre 2024, le directeur exécutif de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), Fatih Birol, a annoncé une nouvelle qui pourrait redonner espoir aux consommateurs européens. Selon lui, les prix du gaz devraient devenir « beaucoup plus raisonnables » à partir de 2025, grâce à l’arrivée de nouveaux approvisionnements de gaz naturel liquéfié (GNL). Est-ce le début d’une possible fin de la crise énergétique qui a durement frappé le Vieux Continent ces dernières années ?

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 10 octobre 2024 à 10h56
Pour les ménages et les entreprises européennes, cette perspective de baisse des prix du gaz est accueillie avec optimisme.
Pour les ménages et les entreprises européennes, cette perspective de baisse des prix du gaz est accueillie avec optimisme. - © Economie Matin
90%L'Union européenne a rempli à 90% ses réserves de gaz pour l'hiver.

Gaz : une baisse des prix soutenue par l'augmentation du GNL

Depuis la crise du COVID-19 et, surtout, la guerre en Ukraine, l'Europe a été confrontée à une flambée des prix du gaz, culminant en 2022 avec des tarifs atteignant jusqu'à 150 euros le mégawattheure (MWh) sur les marchés de gros, contre environ 20 euros par MWh avant la crise. L'interruption quasi-totale des livraisons de gaz russe via les pipelines terrestres, suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, a poussé les pays européens à rechercher des alternatives pour combler le déficit.

L'AIE prévoit que la situation pourrait s'inverser dès 2025. La clé de cette évolution réside dans l'augmentation des importations de GNL. Les États-Unis et le Qatar, principaux producteurs, devraient inonder le marché de gaz liquéfié. Selon les estimations, la production américaine de GNL devrait augmenter de 20% d'ici à 2025, atteignant près de 130 milliards de mètres cubes par an. De son côté, le Qatar poursuit l'extension de son projet North Field, ce qui devrait porter sa capacité de production de GNL à environ 126 millions de tonnes par an, contre 77 millions actuellement.

Ces nouveaux volumes disponibles sur le marché européen pourraient faire passer le prix du gaz sous la barre des 50 euros par MWh, offrant ainsi un « espace de respiration » aux ménages et aux entreprises. En comparaison, le prix moyen observé au TTF (Title Transfer Facility, principale place de marché européenne pour le gaz) en 2023 s'élevait encore à environ 60-70 euros par MWh.

Les consommateurs de gaz enfin maîtres du marché ?

L'afflux de ces nouveaux approvisionnements pourrait transformer le marché du gaz en un marché d'acheteurs, où les consommateurs disposent d'une plus grande influence sur les prix. « À partir de 2025, les marchés du gaz naturel vont se transformer en marchés d'acheteurs plutôt que de vendeurs, en raison de l'arrivée d'une énorme quantité de nouveaux approvisionnements de GNL », a souligné Fatih Birol lors d'une conférence à Paris.

En plus de l'augmentation de l'offre, d'autres facteurs devraient contribuer à cette baisse des prix. La demande en Chine pourrait ralentir en raison de la transition rapide du pays vers les véhicules électriques et de l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique. L'Agence Internationale de l'Énergie estime que la demande chinoise de GNL pourrait stagner à partir de 2025, ce qui soulagerait davantage le marché mondial.

Vers des factures de gaz plus douces

Pour les ménages et les entreprises européennes, cette perspective de baisse des prix du gaz est accueillie avec optimisme. Après une hausse vertigineuse des factures énergétiques, certains foyers ont vu leur facture de gaz doubler, passant en moyenne de 1 200 à 2 400 euros par an entre 2021 et 2023, selon les données de la Commission de Régulation de l'Énergie (CRE).

Le retour à des tarifs plus bas pourrait alléger le budget des consommateurs. En effet, une baisse des prix de gros à 50 euros par MWh pourrait se traduire par une réduction de 20 % à 30 % sur les factures des ménages, selon les estimations de l'Institut français de l'Énergie. Pour les entreprises, notamment celles de l'industrie lourde, cette baisse pourrait aussi être une aubaine, permettant de réduire les coûts de production et de retrouver une compétitivité face aux concurrents internationaux.

Préparer le futur : la transition vers les énergies renouvelables

Malgré ces perspectives positives, Fatih Birol a insisté sur la nécessité de profiter de cette période de répit pour préparer l'avenir énergétique de l'Europe. « Il faut respirer un peu et tirer le meilleur parti de ces 3 ou 4 prochaines années de baisse relative des prix pour préparer le prochain chapitre », a-t-il déclaré. Ce « prochain chapitre » repose sur le développement des énergies renouvelables et le renforcement de la capacité nucléaire pour réduire la dépendance aux énergies fossiles.

L'Union Européenne a déjà fixé des objectifs ambitieux pour 2030, visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % par rapport aux niveaux de 1990. L'expansion de la production éolienne et solaire devrait contribuer à cette transition, mais la stabilité des approvisionnements en gaz reste cruciale pour garantir la sécurité énergétique de l’Europe. En parallèle, certains États, comme la France, misent sur la relance de leur parc nucléaire pour assurer une électricité décarbonée.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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