Prix de l’électricité : quelles perspectives pour la France ?

Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de l’Énergie (CRE), est venue présenter ses prédictions sur les prix de l’électricité pour les années à venir. Loin d’être rassurantes, la question suivante se pose : le modèle français peut-il s’en sortir ?

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 22 septembre 2023 à 20h17
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Prix de l’électricité : quelles perspectives pour la France ? - © Economie Matin
25 % c'est l'augmentation du prix de l'électricité sur l'année 2023

Prix de l'électricité : que préconise le rapport de la CRE ?

Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), a partagé ses perspectives sur les tarifs de l'électricité au cours de son entretien sur BFM Business en ce matin du 22 septembre 2023. Mandaté par le gouvernement pour réaliser ces prévisions, le rapport du CRE a pour objectif  de déterminer comment assurer un modèle économique viable à EDF. Selon Emmanuelle Wargon ce modèle devrait permettre de financer à la fois les travaux sur les centrales existantes et la construction de nouveaux réacteurs, tout en préservant le pouvoir d'achat et la compétitivité des entreprises. Cependant, il convient de noter que le financement du « nouveau nucléaire » n'a pas été inclus dans cette équation complexe.

Madame Wargon a mis en lumière le chiffre de 60 euros, extrait du rapport, tout en précisant qu'il représentait principalement le coût de production de l'électricité, et non son prix. « Nous avons travaillé sur une hypothèse où l'intégralité du chiffre d'affaires d'EDF serait garanti à ce coût de production » explique-t-elle. Elle a également tenu à souligner qu'il existait d'autres options de régulation, mais que celles-ci pourraient mettre à mal la stabilité financière d'EDF. Le modèle français actuel connaît des difficultés. Selon Emmanuelle Wargon, la seule façon d'empêcher une augmentation significative des tarifs de l'électricité consiste à réduire l'écart entre les prix de l'électricité et les coûts de production. Pour y parvenir, elle a insisté sur la nécessité de sécuriser nos approvisionnements en électricité à long terme. En effet, les fluctuations sont actuellement si prononcées qu'au début de l'année, le prix de l'électricité avait atteint 1.000 euros par mégawattheure, contre 130 euros par mégawattheure actuellement. Prédire les prix de l'électricité pour les cinq à dix prochaines années s'avère difficile, a conclu Emmanuelle Wargon.

Quel avenir pour le modèle français ?

Dès le gouvernement Jospin, nos dirigeants ont commencé a prendre le parti anti-nucléaire lancé par l'Allemagne, partisane du Energiewende.  Dominique Voynet, alors ministre de l'environnement et fervente opposante au nucléaire, s'était même vantée d'avoir tout fait pour détruire le modèle français au profit de l'éolien et des énergies renouvelables. La France était à la pointe du domaine nucléaire. Grâce au projet Astrid, elle aurait eu plusieurs décennies d'avance sur les autres pays. L'arrêt de ce projet par Emmanuel Macron l'a privée d'une énergie nucléaire qui aurait été la plus propre au monde, puisque que grâce à ce projet, elle aurait été capable de recycler ses propres déchets nucléaires... L'Allemagne a contraint la France à vendre l'électricité à bas prix aux autres compagnies européennes pour qu'elles puissent ensuite la revendre à des tarifs exorbitants. « La concurrence va faire baisser les prix ! », non, c'est tout l'inverse qui se produit, et le projet Hercule n'a rien arrangé. La France n'a plus les moyens d'investir dans le « nouveau nucléaire », sa population se retrouve à payer une électricité bien plus chère qu'elle ne le devrait. Quant au gouvernement français, il se félicite de la sobriété énergétique des Français, alors que le prix de l'électricité a augmenté de 25 % sur l'année 2023...

Il reste tout de même une lueur d’espoir. En effet, comme l’avait déclaré, auprès de nos confrères du Figaro, Loïk Le Floch-Prigent, ancien PDG d'Elf, directeur de cabinet du ministère de l’Industrie et anciennement président de Gaz de France (GDF) et de la SNCF : « La compétitivité de l’ensemble de l’industrie française est en danger, car nous payons l’électricité la plus chère d’Europe, alors que nous la produisons au coût le plus bas grâce à notre outil de production nucléaire et hydraulique (...) Entrer sur le marché de l’électricité il y a une quinzaine d’années était un choix technocratique volontaire, contesté par les énergéticiens français. Cependant, aucun traité ne nous oblige à le faire, et surtout, nous pouvons nous en retirer quand nous le souhaitons sans enfreindre nos engagements contraignants (...) Se retirer du marché de l’électricité est donc une nécessité, et les réticences du gouvernement à le faire demeurent inexpliquées et irrationnelles ».

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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