Un dispositif en apparence volontaire, mais en réalité semé d’exceptions, de plafonds, de clauses et de pièges. Son nom ? La « prime Macron », devenue officiellement la prime de partage de la valeur. Une aide qui, chaque année, attise autant les espoirs que les frustrations. Mais qui peut vraiment en profiter ? Et à quelles conditions ?
PPV : l’ex-prime Macron, entre cadeaux fiscaux et conditions serrées

Depuis le 1er janvier 2025, la prime Macron est entrée dans une nouvelle ère, rebaptisée prime de partage de la valeur (PPV). Officiellement présentée comme un levier de redistribution volontaire au sein des entreprises, la prime s'impose désormais dans certaines structures sous conditions de rentabilité.
Une prime Macron devenue PPV : vers une redistribution sous surveillance
Conçue en 2019 pour calmer la grogne sociale issue des gilets jaunes, la prime exceptionnelle de pouvoir d'achat – aussitôt surnommée prime Macron – a connu plusieurs prolongations avant de devenir la prime de partage de la valeur (PPV) en juillet 2022. Et le gouvernement ne s’est pas arrêté à un simple rebranding. Depuis le 1er janvier 2025, les entreprises de 11 à 49 salariés ayant réalisé un bénéfice net fiscal d’au moins 1 % du chiffre d’affaires sur trois années consécutives sont dans l’obligation de mettre en place un dispositif de partage.
Cela peut se traduire par un accord d’intéressement, un plan d’épargne salariale ou le versement de la PPV. En dessous de ce seuil ou en l’absence de bénéfice, l’attribution reste facultative.
Selon le site Mes-allocs.fr, plus de 15 millions de salariés ont perçu une prime entre 2019 et 2022, avec un montant moyen de 542 euros. Loin d’être anecdotique, ce chiffre souligne l’attente suscitée par le dispositif, même si les conditions d’éligibilité s’avèrent parfois restrictives.
Prime de partage de la valeur : qui peut en profiter réellement ?
La PPV n’est pas réservée aux salariés en CDI. Elle concerne également les CDD, les intérimaires, les alternants et même les agents publics dépendant d’un EPIC ou d’un EPA, à condition que l’entité employeuse soit éligible (source : service-public.fr, fiche mise à jour avril 2025).
À noter toutefois une exclusion notable : les stagiaires sont totalement écartés du dispositif, sans compensation prévue.
L’autre condition sine qua non : être en poste au moment du versement de la prime, dont la date est laissée à la discrétion de l’employeur… mais qui devra impérativement intervenir avant le 31 décembre 2026.
Des montants variables, mais des plafonds bien réels
Parlons chiffres. En théorie, l’employeur fixe librement le montant. En pratique, des plafonds déterminent l’éligibilité aux exonérations sociales et fiscales.
Ainsi, pour les salariés touchant moins de trois fois le SMIC annuel, la prime est exonérée d’impôt sur le revenu, de cotisations salariales et de contributions sociales, jusqu’à :
- 3 000 euros par an et par bénéficiaire,
- 6 000 euros si l’entreprise a mis en place un accord d’intéressement ou de participation.
Et après ? Le surplus devient imposable comme un salaire ordinaire. Les règles sont strictes : aucun employeur ne peut se servir de la PPV pour se soustraire à des augmentations salariales prévues par accord collectif (source : Juritravail.com, avril 2025).
Modalités pratiques : versement, déclaration et pièges
Le versement peut s’effectuer en une ou plusieurs fois (maximum un versement par trimestre). Il doit apparaître sur le bulletin de salaire du ou des mois concernés. Aucun formulaire n’est requis du côté du salarié. La déclaration à la CAF, en revanche, est obligatoire pour les bénéficiaires d’aides sociales.
Quant à l’administration fiscale, même en cas d’exonération d’impôt, la PPV doit être déclarée, ce qui alimente les doutes sur la réelle transparence du système. Une exonération qui ne dure qu’un temps : elle est limitée jusqu’au 31 décembre 2026, après quoi un nouveau régime pourrait s’appliquer.