La prime Macron, officiellement renommée prime de partage de la valeur (PPV), a été instaurée pour soutenir le pouvoir d’achat des salariés français. En 2024, ce dispositif a connu une baisse drastique des versements. La raison ? Les impôts que les entreprises ne veulent pas payer…
Prime Macron : les montants versés divisés par deux
La prime Macron est fiscalisée, les entreprises la boudent
La prime de partage de la valeur a été introduite en 2019 sous le nom de "prime exceptionnelle de pouvoir d'achat" (PEPA), souvent appelée "prime Macron". Elle a été créée en réponse à la crise des gilets jaunes pour améliorer le pouvoir d'achat des salariés sans alourdir les charges fiscales et sociales des entreprises. Initialement défiscalisée, elle a rencontré un grand succès auprès des employeurs et des salariés.
À partir du 1er janvier 2024, des modifications fiscales ont été apportées à la PPV. La prime n'est plus exonérée de CSG, de CRDS ni d'impôt sur le revenu pour la plupart des salariés. Les seules exceptions sont les primes placées sur un plan d'épargne salariale ou versées à des salariés de petites entreprises (moins de 50 salariés) gagnant moins de trois fois le Smic.
Prime Macron : moins de 500 millions d'euros versés
La fiscalisation accrue a entraîné une diminution très importante des versements de la PPV. L'Insee, le 15 mai 2024, rapporte que les montants versés au titre de cette prime ont chuté de 1,2 milliard d'euros au premier trimestre 2023 à seulement 490 millions d'euros au premier trimestre 2024. Soit une baisse de plus de 50% sur un an.
Cette baisse est particulièrement marquée en comparaison des années précédentes. Au dernier trimestre 2023, les entreprises avaient versé 2,3 milliards d'euros, profitant de la dernière période de défiscalisation. En 2022, les versements avaient même atteint près de 3,5 milliards d'euros au dernier trimestre. La Prime Macron semble donc perdre de l’intérêt pour les patrons, puisqu’ils ne peuvent plus l’utiliser comme moyen de contourner les impôts qu’ils paieraient s’ils augmentaient les salaires. Et, preuve que c’est bien les impôts qui posent problème aux entreprises, les augmentations de salaire ont été privilégiées.
Moins de versements de la PPV, un peu plus de salaire
Face à la fin de la défiscalisation, les entreprises ont modifié leurs stratégies de rémunération. Moins de 30% des accords de négociations annuelles obligatoires (NAO) conclus fin 2023 incluaient le versement de la PPV, contre 40% un an plus tôt. Finalement, ce n’est pas une mauvaise nouvelle pour les salariés qui peuvent enfin voir leurs salaires augmenter, après plusieurs années de quasi-stagnation, ce qui a conduit à une forte hausse des salariés rémunérés uniquement au SMIC, ce dernier ayant augmenté régulièrement sur fond d’inflation élevée. Au 1er janvier 2024, le SMIC a atteint 1 766,92 euros, contre 1554,58 euros au 1er janvier 2021.
Selon l'Insee, la baisse des versements de la PPV a eu un impact sur la progression des salaires horaires dans les secteurs marchands non agricoles. Sur un an, ces salaires ont progressé de 2,8% au premier trimestre 2024, contre 3,1% au trimestre précédent. Cette diminution est en partie compensée par des augmentations salariales plus modérées dans certains secteurs. "Au premier trimestre 2024, la masse salariale versée par les employeurs des secteurs marchands non agricoles (hors services aux ménages) augmente davantage que les heures rémunérées, si bien que les salaires horaires progressent", écrit l'Insee.
Bien que les versements de la PPV aient diminué, le dispositif semble se stabiliser à des niveaux inférieurs. La prime de partage de la valeur s'inscrit désormais comme un dispositif pérenne d'épargne salariale, aux côtés de l'intéressement et de la participation. Cette nouvelle normalité pourrait voir une intégration plus stratégique de la prime dans les politiques de rémunération des entreprises.