Sans surprise, les entreprises ont massivement utilisé de la Prime de partage de la valeur (PPV) pour augmenter les salaires en 2022, et tout particulièrement au dernier trimestre de l’année. Mais ces primes s’ajoutant au salaire de base, ce dernier a peu évolué.
Prime de partage de la valeur en 2022 : versements massifs et effets d’aubaine
La Prime de partage de la valeur : un dispositif avantageux pour les entreprises
En 2022, la prime de partage de la valeur (PPV) a remplacé la prime exceptionnelle de pouvoir d'achat (Pepa) et a permis aux entreprises de verser jusqu'à 3.000 euros de primes par an et par salarié, exemptées de cotisations sociales et défiscalisées (6.000 euros pour les entreprises ayant signé un accord d’intéressement). Or, selon l’Insee, au second semestre 2022, les employeurs ont massivement recouru à la PPV, avec 4,1 milliards d'euros versés entre juillet et décembre. Près de 5 millions de salariés des branches marchandes non agricoles ont bénéficié de cette prime, avec un montant moyen de 806 euros par bénéficiaire.
Les montants importants de PPV versés ont contribué à l'accélération du salaire moyen par tête (SMPT) en fin d'année 2022 (+1,7% au quatrième trimestre 2022). Cependant, bien que la prime ne puisse, en théorie, se substituer à des augmentations de rémunération ni à des primes prévues par un accord salarial ou par le contrat de travail, il est suggéré que l'impact du dispositif sur la hausse des salaires au quatrième trimestre 2022 est inférieur au montant versé par les entreprises au titre de cette prime. Le salaire moyen de base (SMB) a en effet augmenté de seulement 0,8% au quatrième trimestre 2022, et de 1% au troisième.
Effet d'aubaine et substitution de la prime de partage de la valeur
L'analyse des dispositifs passés montre qu'en l'absence de la PPV, des employeurs auraient probablement versé, sous une forme différente, une partie du montant de la prime à leurs salariés. L’Insee, dans sa note de conjoncture publiée le 15 mars 2023, estime que 30% des versements de PPV se sont substitués à des revalorisations du salaire de base. Cette substitution est qualifiée d'effet d'aubaine et suggère que les employeurs ont profité de la PPV pour économiser sur les augmentations de salaires. De plus, la PPV étant exonérée de cotisations sociales, les entreprises ont également économisé sur ce point.
L'ampleur des versements de PPV en 2023 et l'effet d'aubaine associé constituent une incertitude majeure pour la prévision des salaires au premier semestre 2023. Dans le scénario central retenu, il est supposé une forte baisse des versements de PPV au premier trimestre 2023, puis une stabilisation au deuxième trimestre. Cette hypothèse conduit à un moindre dynamisme du SMPT au premier trimestre 2023, en raison de la forte hausse au quatrième trimestre 2022.