Après de multiples annonces autour d’un élargissement et d’un assouplissement des conditions d’éligibilité, Bruno Le Maire donne (enfin) des précisions sur les changements à venir pour le prêt à taux zéro (PTZ).
Prêt à taux zéro (PTZ) : bientôt plus accessible ?
« La classe moyenne supérieure est désormais éligible »
Le principal changement du prêt à taux zéro (PTZ) réside dans l'extension de son éligibilité à un plus large éventail de la population. En effet, selon les déclarations du ministre de l'Économie, lors de son passage sur RTL ce mercredi 13 octobre 2023, les améliorations prévues permettront à la « classe moyenne supérieure » de bénéficier du PTZ. Pour ce faire, le gouvernement a introduit dans le projet de loi de finance 2024 un nouveau plafond de revenu. « On a augmenté les barèmes des 3 premières tranches, les plus aidées, et on en a ajouté une 4e (…) la classe moyenne supérieure est désormais éligible », a ainsi précisé Bruno Le Maire. Concrètement, le plafond de revenus pour une personne vivant seule passe de 49.000 euros à 74.000 euros. Autre bonne nouvelle pour les personnes éligibles au prêt à taux zéro : le montant maximal du PTZ a été augmenté de 20.000 euros, ce qui l'élève à 100 000 euros. La prise en charge par l'État - le contribuable - a également été réévaluée à 50 % (contre 40 % actuellement) pour les foyers (un couple et un enfant) qui gagnent moins de 45.000 euros par an. Selon les estimations de Bruno Le Maire, l'élargissement des conditions d'accessibilité du PTZ coûterait environ 850 millions d'euros à l'État - contribuable.
Afin d'accompagner l'ensemble de ces mesures, et pour relancer le marché immobilier dans les zones sous tensions, le ministre de l'Économie a annoncé que 210 villes supplémentaires (en plus des 154 dernièrement annoncées) seront éligibles au prêt à taux zéro. Dernière annonce de Bruno Le Maire, et non des moindres, le prêt à taux zéro pourrait être prolongé jusqu'en 2027. L'entretien du ministre de l'Économie semble rempli de belles promesses, à tel point que l'on pourrait se demander si Bruno Le Maire ne vend pas un peu la peau de l'ours avant de l'avoir tué...
Nouveau PTZ : une fausse-bonne nouvelle ?
En effet, bien que le gouvernement ait pris des mesures significatives pour rendre le PTZ plus accessible, tous les yeux restent rivés sur les banques. Les taux d'intérêt étant toujours élevés (5,8 %), les banques peinent à s'y retrouver dans leurs marges. Par conséquent, elles sont toujours aussi réticentes à accorder des prêts immobiliers. Preuve en est : leur nombre a chuté de près de 50 % au cours de la période de juillet 2022 à 2023. Les PTZ n'y échappent pas ; après une baisse de 17 % en 2021, le nombre de prêts à taux zéro a enregistré une nouvelle baisse de 26 % en 2022 (seulement 63 000 PTZ ont été accordés pour un montant moyen qui ne dépassait pas les 52 000 euros). Les annonces du Ministre de l'Économie semblent bien loin de la réalité du marché ; elles ne sont que de la poudre aux yeux.
Un autre élément important à noter : la crise de l'immobilier a drastiquement ralenti la construction de logements neufs. Selon les chiffres de mars 2023 de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), le nombre de logements neufs mis en vente était en deçà de 100.000, et le nombre de ventes de logements individuels a enregistré une baisse de 31 % au cours de l'année 2022. Selon les déclarations du président de la FPI, Pascal Boulanger, auprès de nos confrères du JDD, il faudrait construire 450.000 logements neufs par an pour répondre à la demande de logements. Les annonces de Bruno Le Maire semblent donc bien en deçà des enjeux posés par la crise immobilière. Et si l'on en croit les derniers chiffres évoqués, celle-ci ne sera pas résorbée avant un moment. Le marché immobilier français semble bien s'embourber dans une véritable impasse...