Prêt-à-porter : Esprit liquidée, 145 emplois supprimés

Le 9 septembre 2024, la marque de prêt-à-porter Esprit a été placée en liquidation judiciaire en France par le tribunal de commerce de Nanterre. Ce nouvel épisode sombre pour la mode française fait suite à la crise profonde qui secoue le secteur du prêt-à-porter depuis plusieurs années.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 13 septembre 2024 à 6h50
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15%Le marché de la mode est sous pression, et a perdu 15 % de sa valeur depuis 2008

La crise du prêt-à-porter en France : une industrie en déclin

Le secteur du prêt-à-porter traverse une crise sans précédent. Ces entreprises, longtemps piliers de l'économie française, font face à de nombreux obstacles, dont l'inflation galopante, la hausse des coûts de production et la réduction drastique de la consommation des ménages. En outre, les séquelles laissées par la pandémie de Covid-19 ont accentué les difficultés du secteur, déjà fragilisé par la montée du e-commerce et les changements dans les habitudes de consommation. Selon le tribunal de commerce de Nanterre, l’activité d'Esprit "ne pouvait plus être poursuivie", en l’absence d'un plan de redressement viable, ce qui a précipité la liquidation judiciaire.

Ce phénomène s'inscrit dans une longue série de fermetures d'enseignes majeures telles que Burton of London, Gap, San Marina, ou encore Minelli, qui n'ont pu résister aux multiples défis économiques et sociétaux. Sans oublier, évidemment, la plus frappante de toutes, la liquidation de Camaïeu.

Pourquoi Esprit n’a pas survécu ?

Fondée en 1968 par Douglas et Susie Tompkins, un couple d’Américains hippies, Esprit avait su s’imposer comme une marque de prêt-à-porter de référence, avec des points de vente dans plus de 40 pays. En 2023, la société a réalisé un chiffre d'affaires de 32 millions d’euros, mais cette somme représentait une chute de 21% par rapport à 2022. Les raisons de cet effondrement sont multiples. Outre l’inflation et la pandémie, Esprit n’a pas su capter l’intérêt des nouvelles générations malgré une tentative d’évolution vers un segment plus premium avec l’ouverture d’un pop-up store au Printemps Haussmann début 2024. Cette stratégie n’a pas rencontré le succès escompté.

En mai 2024, Esprit avait déjà déposé le bilan pour ses activités en Europe. Le groupe, basé en Allemagne et coté à la Bourse de Hong Kong, espérait une restructuration pour surmonter ses difficultés. Toutefois, les passifs accumulés, la hausse des coûts de production et un manque de dynamisme dans les ventes ont eu raison de cette marque autrefois florissante.

Plus d’une centaine d’emplois supprimés avec la faillite d’Esprit

La liquidation judiciaire d'Esprit en France entraîne la perte de 145 emplois, notamment au sein de ses points de vente et de son siège à Boulogne-Billancourt. Une fermeture qui s'ajoute à celles de plusieurs autres enseignes de prêt-à-porter en 2024, un signe très inquiétant pour l'industrie française du textile. Alors que certaines marques telles que Naf Naf ont été sauvées in extremis par des repreneurs étrangers, les perspectives pour Esprit semblent bien plus sombres.

Le secteur du prêt-à-porter continue donc de perdre du terrain face à l’essor du e-commerce et des marques de fast fashion, notamment asiatiques. Les consommateurs privilégient désormais des produits moins chers, accentuant la pression sur les enseignes historiques européennes.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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