Le président argentin Javier Milei se retrouve au cœur d’une tempête politique et financière après avoir promu, puis désavoué, une cryptomonnaie controversée.
Le président argentin fait la promo d’une cryptomonnaie bidon
Vendredi dernier, un message publié sur le compte X de Javier Milei, le président argentin, appelait à investir dans $Libra, un cryptoactif censé favoriser le développement des petites entreprises argentines. Mais quelques heures plus tard, alors que la monnaie virtuelle s’effondrait, le président supprimait son message et plaidait l’ignorance.
Une cryptomonnaie suspecte
Le message de Milei, qui comprenait un lien vers le projet « Viva La Libertad Project », a attiré des milliers d’investisseurs. En quelques heures, la valeur de $Libra est passée de quelques centimes à 4.978 dollars avant de s’effondrer brutalement. Selon plusieurs experts, ce krach boursier a enrichi une poignée de détenteurs initiaux – neuf personnes auraient réalisé un profit total de 87 millions de dollars – tandis que 44.000 investisseurs ont perdu la totalité de leur mise.
Face aux critiques, le chef de l’État a expliqué qu’il n’avait pas « pris connaissance des détails du projet » avant d’en faire la promotion et a retiré son soutien. Mais les dégâts étaient déjà faits. Députés et experts financiers ont rapidement qualifié l’affaire de « rug pull », une escroquerie consistant à gonfler artificiellement la valeur d’un actif pour mieux en tirer profit avant son effondrement.
Un scandale politique et une enquête en cours
La polémique prend une ampleur politique majeure en Argentine. L’opposition, menée par Cristina Fernandez de Kirchner, dénonce un scandale qui met en lumière les dangers d’une politique ultralibérale débridée. « C’est ça, ta liberté de marché… celle du casino », a-t-elle fustigé sur X. Plusieurs parlementaires de gauche demandent l’ouverture d’une procédure de destitution.
De son côté, le gouvernement tente de reprendre la main. Samedi 15 février, il a annoncé l’ouverture d’une enquête pour déterminer s’il y a eu « une conduite inappropriée de la part d’un membre du gouvernement, y compris du président ». Le bureau anticorruption est saisi du dossier.
Cette affaire résonne avec un épisode antérieur : en 2021, alors qu’il était député, Javier Milei avait promu une autre cryptomonnaie, CoinX, poursuivie par la suite pour fraude. Une révélation qui fragilise davantage sa position et alimente les interrogations sur son rapport au monde des actifs numériques.