Heureux qui, comme Jerome Powell, a fait un beau voyage

Après avoir atteint des sommets à l’été 2022, l’inflation a nettement rebaissé aux Etats-Unis.

Egagna
Par Emile Gagna Publié le 30 mars 2024 à 9h00
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Heureux qui, comme Jerome Powell, a fait un beau voyage - © Economie Matin
2%La FED a pour objectif 2% d'inflation annuelle.

Malgré une désinflation désormais bien engagée, les épisodes précédents de notre série ont souligné que l’économie américaine n’a pas encore retrouvé la douceur angevine d’une inflation à 2 % : le rythme de hausse des prix sous-jacents y est toujours supérieur à cette cible et sa baisse a marqué le pas en début d’année ; sur le marché du travail, les créations d’emplois sont encore élevées et, après avoir sensiblement ralenti, les salaires tardent à retrouver un rythme compatible avec l’objectif de la banque centrale ; enfin, les tensions géopolitiques sources potentielles de tensions sur les prix n’ont pas disparu…

La réunion du Federal Open Market Committee (FOMC) qui s’est achevée le 20 mars dernier permet toutefois de lever le voile sur ce que va faire la Réserve fédérale dans les mois à venir. Quasiment deux ans jour pour jour après voir entamé un resserrement monétaire, elle vient de faire un pas de plus vers une première baisse des taux d’intérêt. Après deux ans d’un long et périlleux voyage, en se dirigeant – selon les dires mêmes de son Président – « aux étoiles, sous un ciel nuageux », la Réserve fédérale peut en effet se satisfaire de laisser derrière elle le risque de récession… et plus encore celui d’un dérapage durable de l’inflation. Bien sûr, le risque d’avoir une inflation un peu plus persistante qu’espéré demeure. Mais à ceux qui craignent que le dernier kilomètre soit le plus difficile, la Réserve fédérale vient rappeler que le dernier kilomètre est aussi… le plus proche de la ligne d’arrivée ! Si les pressions inflationnistes ne s’intensifient pas, elle devrait donc entamer son cycle de baisse en juin prochain.

Tant que la ligne d’arrivée ne sera pas franchie, la banque centrale restera bien sûr prudente (et « data dependent »). Elle sait en effet que l’épisode qui commence a de grandes chances d’être assez différent des précédents. La détente monétaire à venir ne répond en effet pas à un besoin urgent de soutenir l’activité et l’inflation étant toujours supérieure à ce que souhaite la Réserve fédérale, la baisse des taux d’intérêt devrait cette fois être graduelle. La prévision médiane des membres du FOMC ne dit pas autre chose : trois baisses de 25 points de base en 2024 et trois autres en 2025. Pour l’instant au moins, le message semble être passé : au lendemain de la réunion du FOMC, les marchés estiment la probabilité d’une baisse des taux de 25 points de base en juin à 70 % et attendent des baisses de taux en ligne avec celles du FOMC pour 2024 et 2025 !

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Egagna

Economiste chez Candriam

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