Pouvoir d’achat : si vous subissez la shrinkflation, c’est à cause de l’UE

Depuis 2009, la pratique de la shrinkflation est en plein essor. Suite à une directive européenne abolissant les formats de vente obligatoires, les fabricants peuvent désormais réduire discrètement la quantité de produit dans les emballages, affectant directement votre portefeuille.

Stephanie Haerts Economie Matin
Par Stéphanie Haerts Modifié le 16 mai 2024 à 14h53
Shrinkflation

L’ouverture à la shrinkflation due à un changement réglementaire

En 2007, l'Union Européenne a supprimé l'obligation des formats prédéfinis pour de nombreux produits, facilitant ainsi la shrinkflation. Ce changement, effectif dès avril 2009, a permis aux industriels de varier les quantités de produits, allant des conserves aux produits d'entretien. Désormais, ils sont libres de proposer des formats atypiques, comme des pots de sauce tomate de 354 g ou des paquets de chips de 233 g. Certains paquets sont d'ailleurs de 135 g, d'autres de 120 g et même de 250 g. Ce faisant, ils peuvent maintenir ou augmenter les prix tout en réduisant discrètement la quantité offerte.

La meilleure défense contre cette pratique reste la vigilance sur le prix au kilo, qui doit être clairement indiqué sur les emballages. Bien que plus petits, ces détails peuvent vous aider à éviter de payer plus pour moins. Les consommateurs sont encouragés à comparer activement les prix par quantité standard pour détecter toute réduction masquée des produits habituels.

Une stratégie anticipée

L'article de 2009 de Que Choisir avait déjà mis en garde contre cette possibilité. En effet, des entreprises comme Fleury-Michon avaient déjà commencé, quelques années plus tôt, à réduire le poids des tranches de jambon blanc de 45 à 40 g sans réduction de prix, signalant un mouvement plus large qui pourrait se généraliser avec la déréglementation. Cette stratégie n'est pas seulement une réponse créative à la liberté de marché, mais aussi une pratique prévisible favorisant les intérêts des grandes entreprises au détriment des consommateurs.

La suppression des formats obligatoires n'a pas seulement changé la façon dont les produits sont emballés, elle a également renforcé les stratégies de marketing qui obscurcissent le rapport qualité-prix. Le manque de transparence et l'innovation dans le préemballage ont rendu les consommateurs vulnérables à des augmentations de prix déguisées, un défi croissant dans un marché déjà complexe.

L'Europe technocratique contre les peuples

Au-delà de la simple question de marketing, cette évolution réglementaire reflète un changement plus large dans la politique de l'UE, souvent perçue comme éloignée des besoins réels des citoyens européens. La disparition des formats obligatoires est une illustration de la manière dont les décisions de l'Union peuvent parfois sembler privilégier les intérêts des multinationales, comme le rappelle Charles Sannat sur son site Insolentiae. « Voilà ce qu’est l’Union Européenne depuis bien trop longtemps. Ce n’est plus l’Europe des peuples, celle d’Erasmus, de la démocratie, l’Europe de la paix et de la prospérité. C’est une Europe technocratique, violente avec les populations et vendue aux intérêts marchands des grandes multinationales qui n’ont rien à voir avec le capitalisme efficient », écrit-il.

Plus que jamais, il est essentiel de rester informé et attentif. Surveiller le prix au kilo devient une nécessité pour protéger son pouvoir d'achat face à des pratiques de marché de plus en plus subtiles et techniquement autorisées par les lois européennes.

Stephanie Haerts Economie Matin

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à la consommation, la finance, les technologies, l'énergie et l'éducation.

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