Le pourboire, une pratique jusqu’ici spontanée et discrétionnaire en France, connaît une mutation avec l’introduction des terminaux de paiement proposant des « pourboires suggérés ». Ce système, répandu aux États-Unis où le service n’est généralement pas inclus dans les prix, se fait progressivement une place dans l’Hexagone. Ce qui n’est pas sans poser de problème.
Le « pourboire suggéré » fait son apparition dans les cafés et restaurants
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Publié le 29 avril 2024 à 15h00
800Sunday a déjà équipé 800 restaurants français avec des terminaux de paiement équipés d'un système de « pourboire suggéré ».
À l'issue des repas, les clients sont désormais parfois invités, via l'écran du terminal de paiement, à ajouter un montant fixe ou un pourcentage de l'addition comme pourboire. La méthode, cependant, ne fait pas l'unanimité.
La pression du « pourboire suggéré »
La pression ressentie par certains clients lors de la présence physique du serveur pendant la transaction est une source de malaise. « Avec le serveur qui regarde, il peut y avoir un côté oppressant, et on peut être forcé de le faire », témoigne un passant interrogé par nos confrères de BFMTV.
D'autre part, Olivier Babeau, économiste et président de l'institut Sapiens, exprime sa surprise face à cette pratique. Si la pratique est très courante aux États-Unis, c'est parce que le service n'est pas compris dans l'addition. Mais en France, le salaire du serveur est intégré dans le prix final. Il suggère que cette méthode pourrait être une façon d'encourager les Français à donner plus ou les touristes à maintenir leurs habitudes étrangères.
Des restaurateurs entre résistance et adaptation
Du côté des restaurateurs, l'opinion est également partagée. Stéphane Manigold, président du groupe Éclore, met en avant la rémunération déjà existante par les salaires : « Nous, patrons, on a quand même ce qu’on appelle des salaires. J’ai envie que les clients viennent chez nous pour payer les salaires. Et les tips, on verra quand la conjoncture ira mieux plus tard », déclare-t-il en ajoutant que le secteur « souffre lourdement, comme les Français ».
En revanche, la start-up Sunday, spécialisée dans ces terminaux à pourboire, fait valoir que cette innovation a conduit à une augmentation du nombre de pourboires laissés par les clients. L'arrivée du pourboire suggéré sur les terminaux de paiement semble donc diviser. Entre la préservation des traditions et l'adoption de nouvelles pratiques inspirées de ce qui se passe à l'international, le secteur de la restauration et ses clients se retrouvent à un carrefour. Reste à voir si cette pratique se normalisera ou si elle restera un sujet de discorde dans l'expérience client en France.