Le portefeuille d’identité numérique va changer notre façon de payer

Le portefeuille physique est une espèce en voie de disparition. Avec l’entrée en vigueur du règlement européen sur l’identité numérique, l’avènement d’un portefeuille européen d’identité numérique (EUDIW) est imminent. En effet, depuis sa création, il a toujours été de la volonté de l’Union Européenne de créer un marché unique pour les citoyens et entreprises des États membres.

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Par Mathieu Péré Publié le 20 mars 2024 à 4h30
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77%77% des paiements en France se font par carte bancaire en une fois.

Cela s’applique également pour le numérique, d’où l’initiative sur l’identité numérique. Avec un portefeuille européen d’identité numérique au pas de la porte, l’avenir des services d’initiation de paiement (PIS) en Europe semble plus prometteur que jamais. En effet, deux ans après l’entrée en vigueur du règlement européen sur l’identité numérique, les États membres devront s’adapter à l’EUDIW, un service numérique qui stockera et gèrera en toute sécurité les documents d’identité et d’authentification des personnes (passeports, cartes d'identité,...).

En offrant aux consommateurs un moyen sûr, pratique et transparent d'utiliser et de prouver leur identité numérique au niveau national et transfrontalier, ce portefeuille européen pourrait améliorer l'expérience des utilisateurs dans les processus permettant de connaître les clients (KYC), d’optimiser les parcours d'authentification forte du client (SCA) et de minimiser les fraudes aux paiements non autorisés. Mais concrètement, de quoi s’agit-il, et en quoi est-ce que cela impact le paysage des paiements ?

Une identification au-delà des frontières

Le règlement sur l'identité numérique européenne sera complété par un certain nombre d'actes de mise en œuvre précisant les modalités de fonctionnement du portefeuille dans différents secteurs d'activité. En vertu du nouveau règlement, chaque État membre de l'UE sera tenu de délivrer au moins un certificat d'identité numérique européenne dans les 24 mois suivant l'adoption des actes de mise en œuvre. En outre, à l'exception des petites et moyennes entreprises (PME), lorsque l'authentification forte de l'utilisateur pour l'identification en ligne est requise par la loi ou par une obligation contractuelle, les parties utilisatrices doivent accepter l'EUDIW au plus tard 36 mois après l'entrée en vigueur des actes d'exécution. Si l'on considère que le règlement figurera dans le corpus législatif de l'UE avant les élections européennes de 2024, on peut s'attendre à ce que l'industrie soit préparée de manière générale à la mise en place de du portefeuille numérique d’identité d’ici 2028.

Un portefeuille d'identité numérique sécurisé pour tous

L'EUDIW se doit d’être accepté comme mécanisme d'authentification par les utilisateurs tenus d'identifier l'identité du client en vertu de la loi ou d'une obligation contractuelle. Cela signifie que les institutions financières tenues de procéder à une authentification forte du client devront également accepter le choix du client d'utiliser ce portefeuille pour s'authentifier lors d'une demande de prêt, de l'ouverture d'un nouveau compte bancaire, de la demande d'une nouvelle carte, de l'accès à son compte en ligne, et même lors de l'initiation d'un paiement. Les portefeuilles d’identité numérique devraient être conçus pour exploiter de manière intuitive de multiples facteurs et éléments de sécurité, tels que des informations biométriques (par exemple FaceID ou l’empreinte digitale), des attestations d'appareil comme élément de possession (par exemple une application sur un smartphone), ou un numéro d'identification personnel (PIN) comme élément de connaissance. En les concevant de manière à optimiser les parcours d'authentification, par exemple en utilisant la reconnaissance biométrique, il devrait être beaucoup plus facile pour les consommateurs d'utiliser les services bancaires basés sur l’open banking dans le cadre de la DSP2.

De plus, ces portefeuilles pourraient réduire considérablement la fraude sur les paiements non autorisés. Dans des pays comme la Suède et la Norvège, où les services d'identité numérique peuvent être utilisés pour authentifier le payeur lors d'une transaction en ligne, le secteur a enregistré des taux de fraude parmi les plus bas selon VisaNet. En effet, l'évolution vers ces portefeuilles pourrait à terme dispenser les banques de la nécessité de construire, d'entretenir et d'assurer le support de leurs propres mécanismes d'authentification. Sur des marchés comme la Suède, les banques ont déjà l'habitude d'inciter les utilisateurs à se connecter à leurs comptes de paiement en utilisant leur identité numérique nationale, connue sous le nom de BankID.

Le portefeuille d'identité numérique de l'UE a le potentiel de profondément changer le paysage des paiements en Europe. À terme, il pourrait remplacer les cartes d'identité et rendre pratiquement inutiles les documents physiques tels que les passeports, les visas ou les cartes d'embarquement. En bref, ce dernier pourrait rendre les achats et les voyages beaucoup plus fluides qu'auparavant. Il devrait révolutionner le paysage des paiements numériques et ouvrir la voie à une adoption plus généralisée des paiements basés sur l’open banking.

39481320 Mathieu Pere

Director, France, Payments & Platform TINK

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1 commentaire on «Le portefeuille d’identité numérique va changer notre façon de payer»

  • Un article un peu trop dithyrambique et qui oublie totalement de parler du revers de la médaille et de tout ce qu’il y a aussi à craindre d’un tel système, selon l’usage qui en sera fait par les gouvernements…

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