La décision récente d’interdire la pêche dans le golfe de Gascogne pour protéger dauphins et marsouins, suscite des inquiétudes sur une possible hausse des prix du poisson. Entre les conséquences écologiques et économiques, cette mesure révèle les défis du secteur.
Poisson : vers une explosion des prix en 2024 ?
La protection des cétacés contre l'impact économique
La décision de l'État français d'interrompre la pêche de poissons dans le golfe de Gascogne du 22 janvier au 20 février 2024 vise à protéger les dauphins et les marsouins, souvent victimes de captures accidentelles. Cette mesure concerne 450 bateaux, tant français qu'étrangers, utilisant des techniques de pêche spécifiques. Le Conseil d’État a acté cette suspension suite à une augmentation alarmante des échouages et des captures de ces mammifères marins. Le ministre de la Transition Écologique, Christophe Béchu, a souligné la gravité de la situation : « Les chiffres sont préoccupants : on dénombre plus de 1000 échouages, et entre 5 000 et 10 000 cétacés qui meurent [chaque année]. » Pour atténuer l'impact économique sur les pêcheurs, le gouvernement a promis une indemnisation de plus de 80% de leur chiffre d'affaires.
Conséquences économiques pour la filière pêche
L'impact de cette interdiction sur le secteur de la pêche est considérable. Selon Peter Samson, secrétaire général de l’Union des Mareyeurs Français, « cette interdiction d’un mois aura pour conséquence la perte de 8000 tonnes de poissons sur un mois, soit 60 millions d’euros de chiffre d’affaires en moins ». Cette réduction drastique de l'offre risque d'entraîner une augmentation des prix du poisson. Bien que des poissons soient toujours disponibles grâce aux pêcheurs non affectés par l'interdiction, la hausse de la demande pourrait pousser les prix à la hausse.
Un défi pour les consommateurs de poissons et la filière
Dans un contexte économique tendu, marqué par des difficultés de pouvoir d'achat, cette hausse des prix représente un défi pour les consommateurs français. Peter Samson note : « Les consommateurs ont des difficultés de pouvoir d’achat, on sait qu’on ne pourra pas non plus vendre du poisson à 100 euros le kg ». L'Union des Mareyeurs Français, tout en se réjouissant des aides gouvernementales, exprime des doutes quant à leur suffisance. Le secteur, déjà fragilisé par la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine et les quotas de pêche, craint de perdre des acteurs clés.
Un équilibre fragile entre écologie et économie
Cette situation met en lumière le défi d'équilibrer les impératifs écologiques avec les réalités économiques. La protection des espèces marines est cruciale, mais elle s'accompagne de répercussions économiques significatives pour les pêcheurs et les consommateurs. Cette interdiction de pêche soulève donc des questions fondamentales sur la gestion durable des ressources marines et l'impact de telles décisions sur les communautés locales.
Vers des solutions durables?
Face à ce dilemme, des solutions à long terme doivent être envisagées. Ces solutions pourraient inclure le développement de techniques de pêche plus sélectives, minimisant les prises accidentelles de cétacés, ainsi que des mesures de soutien plus robustes pour les pêcheurs impactés. Il est également essentiel de sensibiliser les consommateurs à l'importance de la pêche durable et de l'équilibre des écosystèmes marins.
L'interdiction temporaire de la pêche dans le golfe de Gascogne représente un cas d'étude sur les interactions complexes entre conservation de l'environnement et économie. Alors que les prix du poisson pourraient augmenter à court terme, cette situation met en évidence la nécessité de stratégies à long terme pour une pêche durable et responsable.