Le secteur du bâtiment traverse une période critique. Déjà fragilisé par la crise sanitaire, il subit aujourd’hui de plein fouet les conséquences de l’inflation, de la hausse des taux d’intérêt et de la flambée des prix des matériaux. Résultat : 35.000 emplois détruits et plus de 13.000 entreprises en difficulté.
En pleine crise, le BTP a supprimé 35.000 emplois
Les professionnels du bâtiment, exaspérés par l’inaction des pouvoirs publics, lancent dans Le Parisien un ultime appel à l’aide. « Ça suffit ! On fait quoi maintenant ? », s’indigne Jean-Christophe Repon, président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB). Pour de nombreux acteurs du secteur, la situation actuelle est le point de rupture après plusieurs années de turbulences.
La crise du BTP aggravée par l’inflation et la hausse des taux
La crise du Covid-19 avait déjà mis à rude épreuve la filière, mais les espoirs d’une reprise stable ont été anéantis par la guerre en Ukraine, la flambée des coûts de l’énergie et la fin progressive des dispositifs de soutien à l’investissement immobilier, comme le dispositif Pinel.
« Nous avons tenu jusque-là, mais aujourd’hui, nous sommes au bout du rouleau », alerte Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB). La baisse de 6 % de l’activité attendue en 2024 illustre bien cette dégradation, avec un impact particulièrement sévère pour les artisans du secteur.
Plombiers, électriciens, maçons et autres professionnels du bâtiment voient leurs carnets de commandes se vider à grande vitesse. La dynamique du secteur, pourtant identifiée comme essentielle pour la transition énergétique, s’effondre. Une étude du ministère du Travail, réalisée il y a quelques années, soulignait la nécessité de recruter entre 200.000 et 300.000 personnes pour répondre aux défis écologiques. Pourtant, aujourd’hui, le bâtiment ne recrute plus : il licencie.
Les artisans en première ligne
Face à cette urgence, les fédérations du secteur réclament des mesures immédiates : des simplifications administratives pour accéder aux aides à la rénovation énergétique, comme MaPrimeRénov’, et un élargissement du prêt à taux zéro (PTZ). Mais sans budget national adopté, ces réformes restent bloquées. « On attend des décisions fortes de l’État, mais avec la dissolution et la censure, il n’y a pas eu de réponse concrète », déplore Jean-Christophe Repon.
Si aucune action n’est prise rapidement, les projections sont inquiétantes : jusqu’à 100.000 emplois pourraient être détruits d’ici 2025, et 20.000 entreprises risquent de fermer leurs portes. Olivier Salleron met en garde : « Ce n’est pas le BTP avec ses tracteurs pour bloquer, mais il a des grues ». Un avertissement lourd de sens pour un secteur en crise, qui peine à se faire entendre malgré son rôle clé dans l’économie.