Une légende du foot avec de grandes ambitions, un président tout-puissant, une facture douteuse, et un rêve de pouvoir brisé. Après dix années de rebondissements judiciaires, le rideau tombe. Enfin ?
FIFA : Michel Platini blanchi, dix ans après les accusations d’escroquerie

Le 19 mars 2025 à Muttenz, la justice suisse a une nouvelle fois tranché. Michel Platini et Sepp Blatter sont acquittés.
Une affaire d'escroquerie vieille de dix ans
Tout commence en janvier 2011. Michel Platini, alors président de l’UEFA, réclame deux millions de francs suisses à la FIFA. Il s’agit, selon lui, du solde d’un accord verbal scellé en 1999 avec Sepp Blatter, pour ses services de conseiller technique entre 1998 et 2002. Un contrat écrit existe, mais il ne prévoit qu’une rémunération de 300 000 francs par an, déjà intégralement payée. Le parquet suisse y voit une "fausse facture". Platini et Blatter assurent qu’un "accord de gentlemen", oral et sans témoins, complétait l’arrangement initial. Résultat : une accusation d’escroquerie, portée en 2015, qui entraînera leur chute médiatique et institutionnelle.
Le montant, converti à l'époque, équivaut à 1,8 million d'euros. Une somme que la FIFA a pourtant validée en 2011, sur décision directe de Sepp Blatter. Difficile d'imaginer, pour autant, que la justice helvétique s'arrête à une simple écriture comptable.
Deux relaxes, dix ans de procédure, et un doute persistant
Déjà acquittés en première instance en juillet 2022, les deux anciens dirigeants sont de nouveau relaxés le 25 mars 2025 par la Cour d’appel extraordinaire du Tribunal pénal fédéral à Muttenz. Une décision sans surprise, tant le dossier a semblé s’effriter au fil des ans. La justice n’a pas retenu l’accusation d’escroquerie, et n’a suivi ni les réquisitions du ministère public, ni la pression médiatique.
Seul recours encore possible : une cassation devant le Tribunal fédéral suisse. Mais celle-ci ne pourra porter que sur des points strictement juridiques. Autrement dit, sauf rebondissement improbable, l’affaire judiciaire est close.
FIFA : un rêve présidentiel pour Platini sabordé par le soupçon
Michel Platini visait la présidence de la FIFA en 2015. Il était alors le successeur naturel de Sepp Blatter (1998-2015), soutenu par une large partie de l’Europe et des instances africaines. Mais l’ouverture de l’enquête, conjuguée à sa suspension par le comité d’éthique de la FIFA, a brisé cette trajectoire. La justice l’a lavé. Trop tard.
En dix ans, le football mondial a changé de visage. Gianni Infantino a succédé à Sepp Blatter. Michel Platini, lui, n’a jamais retrouvé de poste institutionnel. L’ancien joueur de la Juventus n’a pas seulement perdu une élection. Il a perdu une décennie d’influence, de pouvoir et de légitimité.