Face à des sécheresses sans précédent, la France est-elle prête à renoncer à ses piscines privées ? Entre écologie, économie et plaisir, la question des piscines privées va provoquer de nombreux débats dans les années à venir.
Piscines privées : un luxe en danger ?
La sécheresse menace le rêve de la piscine privée
La sécheresse est un problème croissant en France, avec des étés de plus en plus chauds et secs. Les restrictions sur l'utilisation de l'eau se multiplient, et les piscines privées sont particulièrement visées. Dans certaines régions, comme le Var et près de Perpignan, leur construction a été interdite. Cette décision pourrait mettre fin au rêve de nombreux Français.
Leur impact écologique est réel. Elles contribuent à l'artificialisation des sols, réduisant leur capacité à stocker l'eau et à soutenir la biodiversité. De plus, elles consomment de l'eau, une ressource de plus en plus rare. Bien que les professionnels du secteur affirment que l'eau des piscines circule en circuit fermé, chaque nouveau bien représente une consommation d'eau supplémentaire importante.
Les conséquences économiques d'une interdiction
L'interdiction de construire de nouvelles piscines privées pourrait avoir un impact significatif sur le marché immobilier. Actuellement, une maison avec piscine bénéficie d'une surcote de 20%. Si les interdictions de construction de piscines se propagent, cela pourrait changer. Les maisons, avec, pourraient devenir moins attractives, ou au contraire, devenir un bien immobilier encore plus recherché. Les professionnels de la construction de piscines, qui représentent un secteur économique important, ne manqueront pas d’être touchés par une telle réglementation.
La France est le deuxième marché mondial des piscines après les États-Unis. Face à ces défis, le secteur des piscines privées doit évoluer. Des solutions existent, comme la réduction de la taille des piscines ou l'utilisation de piscines hors-sol installées moins de trois mois par an. De plus, les nouvelles technologies peuvent aider à économiser l'eau, comme l'utilisation de couvertures pour limiter l'évaporation.
Les piscines privées : un privilège pour les plus aisés ?
Malgré leur démocratisation, les piscines creusées restent avant tout la propriété des classes aisées. En effet, 47% des propriétaires de ce type de bien sont des entrepreneurs et des cadres. À l'inverse, les employés, ouvriers et agriculteurs sont les premiers détenteurs de piscines hors-sol fixes. Ces inégalités d’ordre social soulèvent des questions et relancent le débat sur les différences de salaire et le partage de la valeur.
Face à la sécheresse et à la consommation d'eau des piscines privées, une des solutions envisagées est la tarification progressive de l'eau. Le principe est simple : l'eau serait facturée à un prix modeste pour les premiers mètres cubes consommés, puis à un tarif plus élevé au-delà d'un certain volume. Cette mesure pourrait inciter à réduire toutes les consommations de confort Elle a été mise en place dans quelques communes en France, mais le gouvernement pourrait bien généraliser le principe.
Selon Nicolas Roche, spécialiste des problématiques de l'eau à l'Université Aix-Marseille, « toute consommation est une consommation en plus ». De plus, l'Observatoire national des services de l'eau et d'assainissement indiquait en 2020 que l'impact potentiel des piscines privées pourrait expliquer en partie les fortes consommations d'eau constatées dans le sud de la France.