Elle semble bien pleine, cette pinte posée devant vous. Vous avez payé le prix, elle a la mousse qu’il faut, et vous vous apprêtez à trinquer. Mais si la trahison se cachait dans le fond du verre ?
Insolite : des bars accusés de tricher sur les quantités de pintes de bière
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Publié le 28 mars 2025 à 10h10
À Paris, deux copains amateurs de bière ont lancé un site et un compte Instagram (actuellement suivi par 12 000 personnes) pour dénoncer un drôle de manège : des bars qui servent des pintes… de 37,5 cl. Et tout le monde ou presque s’y est laissé prendre.
Des pintes à 50 cl… ou presque : la triche à la louche
Dans les bars, l’affaire passe souvent inaperçue. Pourtant, depuis quelques mois, deux amis parisiens trentenaires ont décidé de lever le couvercle (ou plutôt la mousse) sur une pratique trompeuse pour les consommateurs. Leur site, Balance ta pinte, s’est fixé une mission : vérifier que les "pintes" vendues à prix fort contiennent bien les 50 centilitrespromis.
Le constat est édifiant : plus de 300 bars ont été signalés sur leur plateforme, dont une soixantaine à Paris, selon le décompte publié le 24 mars 2025 par Ici Paris Île-de-France. Certains établissements serviraient des pintes dans des verres de 37,5 cl, en toute discrétion. Un client cité par 20 Minutes le 21 mars 2025 affirme : « On a vite capté qu’on se faisait entuber […] C’est mensonger et ils se font du fric sur notre dos. »
Derrière ce combat a priori anecdotique (quoique) se cache une problématique de consommation très sérieuse : celle du rapport qualité-prix. À Paris, une pinte coûte en moyenne 7 euros, ce qui en fait une dépense non négligeable pour beaucoup de consommateurs. Les fondateurs du site, Gabriel et Laure, dénoncent « des pratiques mensongères » et affirment que leur action vise aussi à « valoriser ceux qui ont des bonnes pratiques ».
Et pour ceux qui penseraient que la pinte est une notion bien définie : détrompez-vous. En France, ce mot n’a aucune valeur légale. Seule compte la mention en centilitres, affichée sur les cartes de boissons. D’ailleurs, comme le rappelle Actu.fr : « On utilise le système international des unités de mesure ». Ce flou juridique permet aux bars de jouer avec les contenants sans pour autant enfreindre la loi… à condition d’indiquer clairement les volumes.
Le bon réflexe : vérifier, et ne pas trinquer à l’aveugle !
Comment une telle confusion est-elle possible ? Principalement à cause de verres trompeurs, souvent fabriqués en tritan, une matière plastique plus résistante, prisée en fin de soirée pour éviter la casse. Selon les fondateurs de Balance ta pinte, « il suffit qu’un serveur inexpérimenté utilise le mauvais verre » ou que « les verres de pinte soient tous utilisés » pour que la contenance diminue sans que personne s'en rende compte.
Certaines enseignes assument pourtant leur choix. À Strasbourg, le bar Starling revendique une "pinte" de 44 cl, arguant qu’il s’agit là de la norme britannique. Et à leur décharge : la pinte anglaise fait en effet 56,8 cl, tandis que l’américaine descend à 47,3 cl, selon le Larousse. En clair, aucune définition universelle n’existe, ce qui laisse aux établissements une marge d’interprétation bien juteuse.
Alors, comment éviter de se faire avoir ? Le syndicat de l’hôtellerie-restauration, l’UMIH Île-de-France, donne une méthode simple : « Opter pour une bière de grande marque » garantit un « verre calibré avec une jauge de volume », explique Franck Delvau. Et si le doute persiste, demandez un transvasement dans un verre gradué. Si le serveur rechigne ou vous rajoute un fond de bière, c’est qu’il y avait matière à s’interroger.
Depuis peu, le site Balance ta pinte a décidé de suspendre la publication des noms d’établissements, expliquant dans un communiqué que « pour chaque bar signalé, il faudrait pouvoir vérifier la contenance des verres, la carte, etc. (…) Il nous est aujourd’hui impossible de le faire ». Mais le débat est lancé, et il ne fait que mousser !