Le photovoltaïque produirait trop d’électricité selon le Haut-commissaire à l’énergie atomique

Vincent Berger, Haut-commissaire à l’énergie atomique, alerte sur la stratégie énergétique française, qui pourrait mener à une offre excédentaire d’électricité non rentable. À l’horizon 2035, le pays pourrait se retrouver avec un surplus d’électricité, un fardeau pour les contribuables et un frein aux investissements.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Publié le 4 mars 2025 à 15h13
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31 %À ce jour, la France a réduit ses émissions de CO2 de 31 %.

Lundi 4 mars 2025, Vincent Berger, Haut-commissaire à l’énergie atomique, a publié un avis tranché sur la politique énergétique française. Alors que la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) prévoit une augmentation massive de la production d'électricité, notamment via le nucléaire et les énergies renouvelables, il estime que la France s’oriente vers une surcapacité problématique. Une production excessive qui, faute de débouchés à l’export, risquerait de pénaliser consommateurs et contribuables.

Une stratégie énergétique qui risque de saturer le marché de l'électricité

La PPE fixe un cap ambitieux pour 2035 avec une production d’électricité atteignant 692 TWh. Or, la consommation d’électricité en France reste inférieure de 12,7 % à la moyenne des années 2014-2019. En clair, le pays produit plus d’électricité qu’il n’en consomme, et cette tendance pourrait s’aggraver. Selon Vincent Berger, la demande intérieure stagne tandis que la production augmente. Le retour en force du nucléaire et le développement du solaire et de l’éolien poussent la France vers un excédent structurel.

En 2024, la production électrique a atteint 580 TWh tandis que la consommation s’élevait à 508 TWh, générant ainsi un excédent de 72 TWh. En 2027, la production pourrait grimper à 620 TWh alors que la demande n’augmenterait que modestement à 525 TWh, aggravant encore le déséquilibre. À l’horizon 2030, la production estimée à 665 TWh dépasserait la consommation de 125 TWh. En 2035, le différentiel atteindrait 132 TWh. Sans un marché européen de l’énergie plus intégré, la France risque d’accumuler un stock d’électricité invendable. Contrairement aux biens manufacturés, l’électricité ne se stocke pas facilement à grande échelle.

Le photovoltaïque en cause ?

Le Haut-commissaire pointe notamment du doigt la croissance excessive du photovoltaïque. Envisagé comme un pilier de la transition énergétique, il devient aujourd’hui un facteur aggravant de la surproduction. Il alerte sur le fait que si les capacités de production continuent à se multiplier sans un ajustement de la consommation, la situation pourrait devenir critique.

L’un des problèmes majeurs réside dans la nature intermittente du photovoltaïque. Contrairement au nucléaire ou à l’hydroélectricité, qui peuvent ajuster leur production selon les besoins, le solaire produit en fonction du soleil, sans possibilité de modulation. Lors des pics de production, il risque ainsi de saturer le réseau, rendant plus difficile la gestion de l’équilibre énergétique. Le développement du photovoltaïque repose aussi sur des coûts de soutien élevés. Une baisse des prix de l’électricité, conséquence possible d’une surproduction, pourrait rendre ces investissements déficitaires, mettant à mal la rentabilité de la filière.

L’exportation de cet excédent n’est pas garantie. Les pays voisins développent eux-mêmes leurs propres capacités renouvelables et pourraient ne pas absorber l’électricité française en surplus. Face à ces constats, Vincent Berger recommande une révision à la baisse de la croissance du photovoltaïque dans la PPE, afin d’éviter un effondrement du marché de l’électricité.

Un modèle énergétique sous pression européenne

Vincent Berger ne critique pas uniquement la surproduction. Il remet aussi en question les objectifs européens de réduction des émissions de CO2. La directive « Fit for 55 », qui prévoit une baisse de 55 % des émissions d’ici 2030 par rapport à 1990, est jugée irréaliste.

À ce jour, la France a réduit ses émissions de 31 %. Atteindre l’objectif européen en seulement cinq ans nécessiterait un effort colossal. Il faudrait réduire encore de 24 % les émissions, ce qui impliquerait des investissements massifs. Or, selon Berger, ces investissements risquent de coûter une fortune au contribuable, car ils nécessiteraient une transformation rapide et coûteuse des infrastructures industrielles et énergétiques du pays.

Quelles conséquences pour les consommateurs ?

Les ménages français pourraient bien être les premières victimes de cette politique énergétique déséquilibrée. Un excédent d’électricité non maîtrisé pourrait entraîner plusieurs conséquences négatives. Les infrastructures de production non rentabilisées pourraient se traduire par des coûts supplémentaires pour les contribuables, car les subventions publiques destinées à soutenir certaines filières risqueraient d’augmenter.

Cette situation pourrait aussi provoquer une instabilité des prix. Une surproduction entraînerait une chute des prix de l’électricité à court terme, mais à long terme, un manque de rentabilité pourrait inciter les producteurs à ralentir les investissements, créant ainsi des fluctuations tarifaires importantes. Enfin, cette incertitude pourrait freiner les financements privés. Une stratégie énergétique trop ambitieuse et mal calibrée risque de décourager les investisseurs, qui hésiteraient à financer de nouveaux projets face à une offre déjà excédentaire.

Cette surproduction devient d’autant plus problématique que le marché européen de l’électricité reste fragmenté. L’exportation vers l’Allemagne ou l’Italie pourrait être une solution, mais ces pays développent eux-mêmes leurs propres capacités de production décarbonée. Résultat, la France pourrait se retrouver à produire trop… sans acheteurs pour son excédent énergétique.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

1 commentaire on «Le photovoltaïque produirait trop d’électricité selon le Haut-commissaire à l’énergie atomique»

  • RENARD

    cette analyse est totalement fausse. Il faut être un sacré expert pour être aussi peu compétent Conclusion: si la france consomme moins d’électricité c’est parce que le prix de vente est abussif, si le prix de vente baisse, au lieu de chauffer au bois nous remettrons en route nos radiateurs. Par ailleurs s’il y a surproduction persistante on peu freiner les implantations de photovoltaïque ce ne sera que de la constitution de fonds en réserve et nous pourrons ainsi faire face à la très forte hausse de consommation électrique envisageable pour les véhicules si l’offre continue d’être abordable financièrement. Pour le moment l’électricité est 50% trop chère pour 90% des utilisateurs qui doivent se restreindre et polluer pour compenser la non accessibilité de l’électricité pour leurs finances

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