Le ralentissement voire la fin de la phase inflationniste en France

Le pic de l’inflation est probablement dépassé. Après une perte du pouvoir d’achat, la tendance va dans le sens d’un retour à la normalisation. Les mois à venir seront marqués par une baisse du phénomène de l’inflation.

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Par Jean-Luc Ginder Publié le 7 juin 2023 à 5h35
Inflation France Baisse Fin Phase Banque Centrale
Le ralentissement voire la fin de la phase inflationniste en France - © Economie Matin
2%L'objectif d'inflation de la BCE reste inchangé à 2% par an.

Les prix alimentaires baisseront comme ont baissé les prix de l’énergie à la condition que les distributeurs jouent très rapidement le jeu de la baisse des prix.

Les calculs prévisionnels indiquent un niveau d’inflation égal à 4% pour la fin de l’année et de 2% en 2025. A ce jour, il est de 14 %.

De nombreux économistes ont mis en synthèse et en forme les nombreuses informations qui nous noient second après secondes. Ma compréhension est que le taux d’inflation va dans la bonne direction. Il est nécessaire de rappeler que le processus inflationniste que nous subissons en France est ancien. Il a démarré avec la crise Covid car les lignes d’approvisionnement ont été perturbées et le prix du fret international a été multiplié par 4 voire 5. Il a retrouvé une tendance normalisée.

Ensuite, avec la relance de la consommation, la demande s’est retrouvée supérieure à l’offre et les prix ont monté. La consommation s’est ensuite ralentie avec l’épisode de la guerre en Ukraine. On a connu une flambée du coût de l’énergie, gaz, pétrole etc… ainsi que des prix du secteur alimentaire, blé par exemple. Lorsque les prix de l’énergie sont repartis à la baisse, les prix de l’alimentaire ont de leur côté plafonné.

Quelle est la situation aujourd’hui ?

Il nous est donné de constater que la fameuse boucle prix salaire ne s’est pas enclenchée.

Suite à une hausse du prix des matières premières, on aurait pu assister à une revendication légitime du niveau des salaires et ensuite les salaires rattrapant les prix, ces derniers auraient augmenté à leur tour..

En réalité, on constate que les salaires ont évolués en moyenne de 5% quand les prix ont évolué en moyenne de 5,7%. La perte du pouvoir d’achat a été contenue pour les salariés, néanmoins il existe une bonne marge pour le rattrapage.

Le cercle infernal prix salaire n’a pas eu lieu. Le cercle infernal prix marge n’a pas eu lieu non plus. On a été très impressionné par la hausse de quelques prix, mais ce n’est pas général, les taux de marge n’ont pas augmenté uniformément. Les taux de marge ont augmenté pour certaines grandes entreprises qui ont un pouvoir de monopole, mais cela ne représente pas la majeure partie de l’économie française. En moyenne le taux de marge est équivalent à ce qu’il était en 2021.

Si nous résumons, Il n’y a pas de dynamique prix-salaires, pas de dynamique marge-prix, donc logiquement l’inflation va décélérer après les phénomènes actuels de diffusion dans l’ensemble de l’économie des hausses de prix qui ont eu lieu dans le domaine de l’énergie et des matières premières.

Nous ne subissons en ce moment (techniquement) qu’un effet retard. Les prix de l’alimentaire ont augmenté de 15% en moyenne au mois d’avril (Insee), c’est considérable.

Nous savons que les industriels et les distributeurs ne négocient / négociaient qu’une fois par an… et pas qu’en théorie. A ce niveau il est urgent et même vital pour la société et la démocratie française, au regard de la baisse des prix des matières premières et de l’énergie que ces deux acteurs se mettent, comme ils l’ont promis, au plus vite autour d’une table pour faire baisser les prix à la consommation Exemple au niveau du tournesol et du blé les prix hauts sur les produits en découlant ne se justifient plus dans le commerce en France. Les distributeurs, même s’ils ne le souhaitent pas trop, doivent engager une baisse de prix sérieuse sur leurs produits.

A défaut, ils entretiennent sciemment l’inflation en accusant les producteurs.

L’inflation serait en l’absence de négociation pour une baisse des prix n’être plus de raison économique mais commerciale. Cette position de retenue sur la négociation des prix distributeur-producteur a retardé la baisse des prix à la consommation. De plus cette position a aussi et surtout entretenu et entretient encore hors de tout principe économique le sentiment de déclassement des Français.

L’institut Elabe évalue que 30% des Français sont dans une situation de fragilité et risquent de tomber dans la pauvreté. De nombreuses familles vivent l’incertitude du lendemain et se sentent très menacées.

Afin de les protéger les corps intermédiaires demandent et souhaitent fortement une indexation des salaires aux prix. Pourtant le SMIC lui (élément deréférence salarial) s’adapte bien à la hausse des prix. La hausse du SMIC est déclenchée automatiquement dès que les prix dépassent un seuil limite. Le SMIC a été révisé plusieurs fois ces derniers temps et de fait est aujourd’hui totalement indexé sur les prix. (Factuellement dès que l’inflation augmente de 2% le SMIC est indexé – aujourd’hui il est à 1700 euros bruts-.)

Le phénomène d’écrasement est notre quotidien, les données de l’Insee indiquent une baisse des prix de 5.7% et une hausse des salaires de 5%, le contrat social a donc tenu bon pendant le dur de la crise. Le différentiel de 0.7% indique une baisse du pouvoir d’achat (que 0.7%) pour les salariés.

Le pouvoir d’achat d’un point de vue économique a été préservé dans sa globalité en France par rapport à l’Europe entière. Et cela quasi automatiquement car dans notre pays existe la clause d’indexation sur le SMIC et l’automaticité des révisions.

Le sentiment de déclassement en est un des effets car si le SMIC est indexé les salaires au-dessus ne suivent pas cette règle. Cela donne naissance au phénomène d’écrasement de pyramide des salaires et de l’échelle des salaires. Donc ce que vivent la majorité des Français c'est la moyennisation qu’ils ressentent comme un appauvrissement, autrement dit un nivellement par le bas dont la perception se traduit en un mépris, l’injustice, et la perception d’une perte de pouvoir d’achat.

La perception d’une perte du pouvoir d’achat est une souffrance et est vécu comme une injustice.

Il faut prendre cette souffrance sociale en lien avec l’écrasement salarial très au sérieux. Il est question ici du partage de la valeur et des richesses. Chaque année la France crée des richesses supplémentaires. Comment se répartissent elles en ce moment ? Qu’est ce qui va au facteur travail et qu’est ce qui va au facteur capital ? Est-ce que le rapport s’est dégradé au détriment du travail ? La réponse est NON. Le rapport du partage de la productivité est d’une stabilité remarquable et cela aussi pour le partage travail capital. Au cours des 20 dernières années la part du travail a légèrement progressé différentiellement par rapport à la part du capital. Sur les 30dernières années les courbes nous indiquent cette stabilité. La France à ce niveau est une oasis sociale.

Pourtant nous vivons dans un pays qui ne va pas très bien, car quand on regarde de près les chiffres, on constate un appauvrissement de la France par rapport à l’Allemagne, à l’Espagne, à l’Italie, il y a et il y aura encore un épuisement de France économique (si on tient compte sur 30 ans du PIB par habitant – richesse par habitant-).

Une explication est probablement que sur une année ou sur une vie les Français travaillent moins que leurs voisins, et cela veut dire qu’il y a une forme d’arbitrage chez les Français, volontaire ou involontaire entre gain matériel et gain de qualité de vie.

La bonne nouvelle…

…est que la dynamique de la hausse des prix des matières premières et de l’énergie est stoppée. Le phénomène de baisse des prix est engagée. Les salaires n’ont pas suivi la hausse des prix, la boucle salaire prix n’est pas engagée. Même si sur une année et les derniers mois les Français se sont appauvris mais ne sont pas ruinés. Les beaux jours du gain du pouvoir d’achat sont là et les nuages se dissipent doucement mais se dissipent.

La croissance et la reprise du train de vie heureux est annoncé.

Afin d’accélérer sa perception au niveau de la classe moyenne et des classes défavorisées un tour de table mensuel producteur et distributeur est à lancer et entretenir. Les prix vont baisser lentement puis plus rapidement comme le confirment les chiffres du FMI et de la BCE. 

Enfin une sortie d’inflation si les producteurs et distributeurs le veulent bien. Ils nous vantent les prix les plus bas, à eux de respecter leur engagement.

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Jean-Luc Ginder est économiste et essayiste spécialiste de la macro économie ainsi que de l'économie de l'Energie. Il est l'auteur du livre « Phobiamanagement » mettant en avant les effets de la peur en économie et du livre « Réflexions Economiques » (Éditions Corps et Ame, février 2018).

1 commentaire on «Le ralentissement voire la fin de la phase inflationniste en France»

  • BOURGIN

    Inflation : le bout du tunnel est encore loin selon Christine Lagarde
    Par Cédric Bonnefoy pour Economie Matin du 06 juin 2023
    Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), suggère que le pic de l’inflation pourrait ne pas avoir été encore atteint. La pression salariale et la menace d’une spirale inflationniste persistent dans la zone euro.
    Alors : Gouvernement français et INSEE menteurs ?

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