L’histoire des Prêts Garantis par l’État (PGE) en France commence en mars 2020, au cœur de la crise sanitaire. Ce dispositif exceptionnel a permis à plus de 800 000 entreprises de tenir face à un arrêt brutal de l’activité économique.
PGE : Attention à ces milliards d’euros que l’État va perdre
Mais alors que nous approchons de la fin de l’année 2024, une réalité inquiétante se dessine : sur les 145 milliards d’euros distribués, 38,4 milliards d’euros restent encore à rembourser. La question qui se pose aujourd’hui est simple mais cruciale : ces entreprises pourront-elles honorer leurs engagements à l’horizon de 2026 ?
Les PGE : un sauvetage en pleine pandémie de Covid-19
Dès le début, les PGE ont été pensés comme une bouée de sauvetage pour l’économie française. Avec une garantie de l’État à hauteur de 90 %, ces prêts, distribués par les banques à des conditions avantageuses, avaient pour objectif de stabiliser les trésoreries malmenées par la pandémie. La durée moyenne des prêts, fixée à six ans, semblait raisonnable dans un contexte où la reprise économique était largement anticipée.
Mais la pandémie a laissé des séquelles bien plus profondes que prévu. Pour les grandes entreprises, le tableau est relativement rassurant : sur les 16 milliards d’euros qui leur avaient été accordés, seuls 1,4 milliard d’euros restent dus. En revanche, pour les petites et moyennes entreprises (PME), la situation est bien plus précaire. Sur les 129 milliards d’euros alloués à ces structures, environ 37 milliards sont encore à rembourser selon les données de BpiFrance dévoilées lundi 30 décembre 2024.
Les faillites d’entreprises se poursuivent
Cette lourdeur de l’encours n’est pas sans conséquences. Les taux de défaillance des entreprises bénéficiaires s’élèvent aujourd’hui à 9 %, une proportion jugée conforme aux prévisions initiales, mais qui reste préoccupante. Derrière ce chiffre se cache une réalité contrastée : les petites entreprises, souvent plus fragiles, concentrent la majorité des sinistres. Certaines de ces structures peinent encore à retrouver un niveau d’activité comparable à celui d’avant la crise.
En effet, pour ces entreprises, le poids des PGE représente en moyenne 17 % de leur chiffre d’affaires. Un fardeau qui, dans bien des cas, a contraint leurs dirigeants à des décisions drastiques, comme la réduction de leurs salaires ou la suspension d’investissements stratégiques.
La reprise économique post-Covid-19 se fait attendre en France
Les perspectives économiques ne sont guère plus encourageantes. La reprise, bien que visible dans certains secteurs, reste inégale et insuffisante pour beaucoup. À cela s’ajoutent des conditions économiques générales marquées par une inflation persistante et une hausse des taux d’intérêt, rendant l’environnement d’affaires encore plus incertain. En 2022, une enquête de la Cour des Comptes révélait déjà qu’environ 22 % des entreprises bénéficiaires des PGE craignaient de ne pas pouvoir les rembourser en totalité. Cette inquiétude est exacerbée par une hausse des faillites depuis 2023, avec des niveaux supérieurs à ceux observés en 2019 et parfois même à la moyenne des années 2009-2019.
Pourtant, l’État n’est pas resté inactif face à ces défis. En janvier 2024, les mesures de soutien ont été prolongées, permettant aux entreprises de rééchelonner leurs remboursements jusqu’à la fin de l’année 2026. Frédéric Visnovsky, médiateur national du crédit à la Banque de France interrogé par Les Echos, se veut rassurant : « Nous sommes sur le rythme de remboursement et sur le rythme de pertes attendus. » Mais cette déclaration masque la complexité de la situation. En effet, les pertes pour l’État sont estimées à 6,4 milliards d’euros, partiellement compensées par 2,9 milliards d’euros de primes de garantie, ce qui ramène le coût net à 3,5 milliards d’euros. Une somme conséquente, mais jugée maîtrisable dans le cadre global des finances publiques.
2026 approche : les PGE seront-ils remboursés ?
Le véritable enjeu se situe ailleurs. Les PGE sont devenus un révélateur des fragilités structurelles de certaines entreprises françaises. Si certaines ont su transformer cette dette en levier de relance, d’autres peinent à surmonter les défis d’un marché en mutation rapide. La montée des défaillances d’entreprises, souvent concentrées dans des secteurs comme la restauration ou le commerce de détail, illustre cette dualité. Ces secteurs, particulièrement touchés par la crise, peinent à retrouver une rentabilité suffisante pour absorber leurs engagements financiers.
En parallèle, des initiatives se multiplient pour accompagner les entreprises en difficulté. La Banque de France, par exemple, joue un rôle clé dans la médiation des crédits, aidant les structures les plus fragiles à trouver des solutions avec leurs créanciers. Cependant, ces efforts ne suffiront pas à inverser la tendance si l’environnement économique ne s’améliore pas rapidement. Ce à quoi s’ajoute une contrainte politique : comment justifier auprès des contribuables un soutien prolongé à des entreprises dont la viabilité reste incertaine ? D’autant plus que le mot d’ordre du gouvernement ce sont les économies et l’austérité.