Pétrole à prix cassé : bonne nouvelle à la pompe ?

Trop beau pour durer ? Alors que les marchés pétroliers vacillent, les automobilistes observent avec curiosité les affichages en station-service. Mais ce soulagement apparent masque une équation mondiale bien plus complexe.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 8 avril 2025 7h02
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petrole-baisse-prix-opep-reduction-production - © Economie Matin
70 DOLLARSLe prix du pétrole Brent était tombé à 70 dollars le baril fin septembre 2024.

Donald Trump a de nouveau fait trembler les Bourses mondiales ce 7 avril 2025, date à laquelle le baril de brut américain est tombé sous la barre des 60 dollars, un seuil jamais atteint depuis avril 2021. Ce décrochage soudain, alimenté par des décisions politiques fracassantes et des mouvements stratégiques des grands producteurs, suscite autant d’espoirs que d’inquiétudes. Car si les automobilistes voient leur plein allégé, d’autres acteurs grincent des dents.

Comment le cours du pétrole s’est effondré ?

Une baisse soudaine, brutale, et surtout... politique. En l’espace de cinq jours, le prix du baril WTI (West Texas Intermediate) a perdu près de 16 %, atteignant 59,51 dollars. Le Brent n’est pas épargné, chutant à 62,73 dollars le 7 avril 2025.

En cause ? Un cocktail explosif. D’un côté, Donald Trump a rouvert les hostilités commerciales avec la Chine, déclenchant une salve de droits de douane unilatéraux sur les produits importés. De l’autre, l’OPEP+ a annoncé de manière inattendue l’accélération du démantèlement de ses coupes de production, injectant 411 000 barils supplémentaires par jour sur le marché dès le mois de mai. Résultat immédiat : un excès d’offre couplé à une demande mondiale en berne.

Le Fonds monétaire international s’est même fendu d’un avertissement officiel, évoquant un « risque significatif pour la stabilité économique mondiale », dans des propos rapportés par Bloomberg.

Chute du baril de pétrole : conséquences lourdes pour les entreprises

Si la nouvelle fait sourire les conducteurs, elle crée un sérieux malaise dans les salles de marché et les tours pétrolières. Les producteurs américains, notamment les indépendants, se retrouvent sous pression. Le seuil de rentabilité moyen des exploitations de schiste est estimé à 52 dollars le baril, selon Les Échos : le matelas est mince, les marges se réduisent.

Les rafineries, elles, voient leur modèle fragilisé. Moins de demande, des stocks surabondants, des investissements figés. Les sociétés de logistique et de transport maritime sont également sur le qui-vive.

Côté géopolitique, le message est limpide : Trump utilise le levier tarifaire comme une arme de dissuasion énergétique, provoquant une reconfiguration forcée des circuits commerciaux du brut. La réaction de la Chine, avec une taxation de 34 % sur tous les biens américains, accentue encore le désordre.

Les automobilistes peuvent sourire : le prix du carburant devrait baisser

L’effet est moins immédiat, mais bien réel. En France, les stations-service ont commencé à revoir leurs prix à la baisse. Selon les prévisions de l’Union française des industries pétrolières (UFIP), relayées par TF1 Info, la réduction attendue se situerait entre 3 et 5 centimes d’euro par litre.

La bonne nouvelle est tempérée : le raffinage, le transport, la fiscalité continuent de représenter plus de 60 % du prix final d’un litre. Autre incertitude : la durabilité de cette tendance. Si les tensions se résorbent ou si l’OPEP+ décide de revoir sa position, les prix pourraient repartir à la hausse tout aussi vite.

Le gouvernement, de son côté, joue la prudence. Sophie Primas, porte-parole de l’exécutif, déclarait sur TF1 : « Ça va faire un petit peu de bien au pouvoir d’achat, c’est la petite bonne nouvelle dans cet univers un peu inquiétant économiquement. »

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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