Invesco publie ses perspectives annuelles en matière d’allocation d’actifs pour 2025, qui mettent en avant un environnement porteur pour les marchés financiers, reposant sur une combinaison de baisse de l’inflation, d’assouplissement de la politique des banques centrales et de renforcement de la croissance ; un environnement dans lequel les actifs plus risqués devraient générer des rendements plus élevés que leurs équivalents plus défensifs.
Perspectives d’investissement pour 2025 : une approche prudente du risque
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Publié le 8 décembre 2024 à 9h00
« L'économie mondiale continue de croître malgré le contexte. En l'absence de choc, la baisse de l'inflation, l'assouplissement des banques centrales et l'accélération de la croissance de la masse monétaire aux États-Unis et dans la zone euro nous laissent penser que les risques de crise économique s'estompent et qu'il n'y aura pas de récession en 2025. Nous pensons donc que l'année prochaine devrait être une année propice pour les marchés financiers », déclare Paul Jackson, responsable global de la recherche en allocation d'actifs.
Les perspectives de rendement des actifs établies par les équipes de stratégistes d’Invesco reposent sur l'hypothèse d'une reprise de la croissance du PIB mondial en 2025, tandis que l'inflation se rapprochera des objectifs des banques centrales, les principales banques centrales occidentales devant poursuivre la réduction de leurs taux pour les ramener à un niveau « neutre ».
Malgré un contexte économique et politique favorable, les rendements attendus sont inférieurs à ceux d'il y a un an en raison de la forte hausse des prix de certains actifs survenue entre-temps. « Le plus grand dilemme auquel nous sommes confrontés est que les actifs cycliques tels que les actions et les obligations à haut rendement ont connu une deuxième année consécutive de forte croissance en 2024. Cela signifie que certaines valorisations sont désormais excessives et nous craignons qu'une grande partie de l'assouplissement de la politique monétaire et de la reprise économique ait déjà été intégrée dans les prix », explique Paul Jackson. Par exemple, les actions américaines coûtent très cher lorsqu'elles sont pondérées en fonction de la capitalisation boursière, et les spreads des obligations high-yield sont plus serrés que ce à quoi les experts d'Invesco s'attendraient normalement à ce stade du cycle et ce sachant que l'or a récemment atteint des niveaux record. Parallèlement, la nouvelle administration Trump aux États-Unis apporte beaucoup d'incertitude sur la politique fiscale et commerciale, ainsi que sur la géopolitique.
Invesco utilise un processus d'optimisation pour aider à équilibrer le risque et le rendement. Pour l'année à venir, le résultat est favorable aux bank loans, au crédit Investment Grade et aux matières premières, tandis que l'or et les actions sont défavorisés.
« Bien que les actions affichent traditionnellement de bonnes performances en période de reprise économique, elles ont déjà brillé en 2023 et 2024 et les valorisations américaines très élevées nous empêchent d'être optimistes en ce qui concerne le rendement des actions mondiales », note Paul Jackson.
Les actions américaines ont bénéficié d'un nouveau souffle grâce à la victoire de Donald Trump lors de la récente élection présidentielle américaine, le marché anticipant une combinaison de baisses d'impôts, de réduction de la réglementation et de protectionnisme. Toutefois, Paul Jackson identifie un certain nombre de risques : premièrement, il n'existe pas de relation claire entre le taux de l'impôt sur les sociétés et les rendements futurs du marché boursier ; deuxièmement, les réductions d'impôts non financées pourraient aggraver une situation budgétaire déjà complexe, ce qui pourrait entraîner une hausse des rendements obligataires ; enfin, le protectionnisme pourrait générer de l'inflation, réduire la croissance et rendre les entreprises américaines moins efficientes.
En outre, Paul Jackson estime que les valorisations sont un déterminant important des rendements futurs et souligne que lorsque le marché américain a été aussi cher dans le passé, il a produit des rendements médiocres à moyen terme. Il s'attend ainsi à ce que les marchés d'actions hors États-Unis enregistrent de meilleures performances que le marché américain et estime que la Chine présente un intérêt particulier. « Les récentes initiatives politiques en Chine nous laissent penser que la croissance économique va continuer à dépasser celle de l'Occident, et nous sommes optimistes quant à la surperformance des actions chinoises, compte tenu de leur faible coût », déclare-t-il.
En l'absence de récession, Paul Jackson considère qu'il y a peu de chances que les rendements des obligations d'État à long terme diminuent fortement au cours de l'année prochaine et s'attend à ce que la plupart des courbes de rendement s'accentuent. Parmi les actifs à court terme, il privilégie les bank loans par rapport aux liquidités. Bien que les taux des liquidités soient inférieurs à ce qu'ils étaient, le rendement actuel élevé des bank loans permet d'espérer des rendements plus élevés que ceux d'actifs présentant une volatilité similaire. « Nous pensons que les bank loans offrent le meilleur profil rendement/risque et nous nous attendons à de meilleurs rendements sur cette classe d’actifs que sur tout autre actif mondial, à l'exception des matières premières », déclare-t-il. Dans le domaine de l’« Investment grade », il s'attend à ce que les meilleurs rendements soient enregistrés au Royaume-Uni et sur les marchés émergents. Le crédit High Yield devrait connaître un certain succès grâce à l'accélération des économies, mais les spreads sont déjà serrés.
Paul Jackson prévoit également que le dollar américain baissera à mesure que les taux d'intérêt de la Fed diminueront et que les conséquences du nouveau régime économique américain deviendront plus claires. Selon lui, cela pourrait stimuler davantage les matières premières industrielles qui devraient également bénéficier de l'accélération de l'économie. Il doute que ces facteurs soient suffisants pour aider l'or, aujourd’hui très cher.
Selon lui, l'assouplissement de la Fed et l'affaiblissement du dollar pourraient favoriser les actifs des marchés émergents. Il estime que leurs valorisations sont relativement attrayantes et s'attend à des rendements supérieurs à la moyenne dans la plupart des catégories d'actifs.
Si les perspectives d’investissement d’Invesco pour 2025 sont globalement positives, Paul Jackson identifie également certains risques que les investisseurs doivent garder à l'esprit. Par exemple, il prévient que l'assainissement budgétaire nécessaire dans de nombreux pays pourrait freiner la croissance, et que l'économie mondiale pourrait être trop fragile pour se prémunir contre une éventuelle guerre commerciale. En outre, l'inflation pourrait repartir à la hausse plus tôt que prévu avec l'accélération des économies, et du fait de l'aggravation d'une situation budgétaire déjà extrême aux États-Unis qui pourrait pousser les rendements des bons du Trésor encore plus haut et affaiblir le dollar - surtout si l'indépendance de la Fed devait être remise en question. Cet équilibre de vents contraires doit inciter, selon l'expert d'Invesco, à se montrer prudent.