Les adolescents ayant grandi dans un foyer pauvre ont une probabilité accrue de connaître la pauvreté à l’âge adulte, confirme une étude de France Stratégie. Cette persistance de la pauvreté est particulièrement marquée chez les femmes et s’accompagne de difficultés scolaires et professionnelles.
Inégalités : les jeunes précaires n’arrivent pas à sortir de la pauvreté à l’âge adulte
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Publié le 23 juillet 2024 à 8h00
54%Les adolescents précaires ont 54% de risque en plus que les adolescents non précaires de sortir du système scolaire sans diplôme.
Il existe bien une transmission intergénérationnelle de la pauvreté
Il existe bien une corrélation entre la pauvreté durant l'adolescence et à l'âge adulte. Il se trouve que 31,8% des enfants issus des 20% des familles les plus pauvres se retrouvent eux-mêmes parmi les 20% des ménages les plus pauvres à l'âge adulte. En d'autres termes, ces enfants ont 1,9 fois plus de risque de rester pauvres par rapport aux autres enfants, apprend-on d’une étude de France Stratégie basée sur une revue de la littérature scientifique sur ce sujet. Cette transmission intergénérationnelle de la pauvreté montre une inertie sociale forte, renforcée par des facteurs familiaux et environnementaux.
Un autre travail de recherche passé en revue par France Stratégie fait apparaître que plus de 10% des anciens adolescents précaires vivent dans une pauvreté persistante à l'âge adulte, contre moins de 5% des anciens adolescents non précaires. À contexte familial comparable, les anciens adolescents précaires ont 1,6 fois plus de risque de connaître une pauvreté persistante à l'âge adulte.
Femmes et hommes ne sont pas égaux face au risque de pauvreté
Les auteurs de cette étude relèvent par ailleurs que la reproduction de la pauvreté se passe différemment chez les hommes et chez les femmes. Pour les femmes ayant connu la précarité à l'adolescence, le risque d'être pauvre à l'âge adulte est 1,9 fois plus élevé comparé aux femmes n'ayant pas vécu cette situation, contre seulement 1,2 pour les hommes. En termes absolus, cela représente une augmentation de 10 points de pourcentage pour les femmes contre 2 points pour les hommes. Les femmes issues de ménages monoparentaux à l'adolescence sont particulièrement vulnérables, tandis que pour les hommes, être né à l'étranger est un facteur aggravant.
Les conséquences de la pauvreté à l’adolescence ne se limitent pas à la pauvreté économique, mais s'étendent également aux parcours éducatifs. Les anciens adolescents précaires ont 54% de risque en plus de sortir du système scolaire et universitaire sans diplôme (tous diplômes confondus) par rapport à leurs comparses non précaires, ce risque étant légèrement plus élevé pour les femmes (60%, contre 48% pour les hommes). En particulier, les adolescents ayant vécu une adolescence précaire ont 17% de chances en moins d'obtenir le baccalauréat, et 25% de chances en moins d'obtenir un diplôme du supérieur. Cette pénalisation éducative se traduit directement par des perspectives professionnelles limitées, les femmes précaires exerçant plus souvent des professions modestes (+22%).
Un environnement familial défavorable accroît le risque de pauvreté
Dernier élément : quels sont les « facteurs de risque » pour la pauvreté à l’adolescence ? Les chercheurs de France Stratégie relèvent que les adolescents précaires vivent généralement dans des environnements moins favorables : mères inactives, ménages monoparentaux ou familles nombreuses. Ils sont également beaucoup moins susceptibles d'avoir un parent diplômé du supérieur, ce qui est un facteur déterminant de la réussite scolaire et professionnelle. Ces adolescents sont également plus susceptibles d'avoir un parent absent ou décédé, et de vivre dans des ménages où les deux parents sont immigrés. Le cumul de ces facteurs défavorisants renforce les inégalités et perpétue la pauvreté intergénérationnelle.