Promesse d’Emmanuel Macron en septembre 2023, le passe rail estival, qui permettra aux jeunes de moins de 27 ans de voyager, pour 49 euros par mois, en illimité sur les TER et les Intercités, a failli ne pas voir le jour. Le ministre des Transport, Patrice Vergriete, avait dans un premier temps annoncé son annulation, à cause des blocages de trois régions, avant de confirmer sa mise en place pour cet été. Mais plusieurs présidents de région réclament une révision du partage des coûts et une intégration de la région Île-de-France dans le dispositif pour le pérenniser en 2025.
Finalement, le Passe Rail Estival sera lancé dès 2024
Impossible de savoir précisément ce qui a conduit à un tel revirement, mais la journée du 3 avril 2024 a vu le ministre délégué aux transports, Patrice Vergriete, annuler pour cette année le « Passe rail estival », faute de l’accord de trois régions, puis le confirmer. Avoir pointé du doigt les trois présidents de région récalcitrants, « Hervé Morin [Normandie], Xavier Bertrand [Hauts-de-France] et Laurent Wauquiez [Auvergne-Rhône-Alpes] », tous LR, a sans doute aidé le ministre à « décanter » la situation.
En septembre 2023, le président de la République Emmanuel Macron avait promis de mettre en place un tel passe, proposant, pour un prix modique, une utilisation des trains en illimité, sur le modèle allemand. La version concoctée par l’exécutif se limite finalement à l’été et aux moins de 27 ans, et propose d’utiliser tous les TER et Intercités de son choix pour 49 euros par mois. Il couvre toutes les régions, à l’exception de l’Île-de-France.
Or, c’est bien sur cet écueil que le projet a failli s’échouer. Dans la journée du 3 avril, le ministre délégué au transport avait fait part de son pessimisme. « A moins d’un changement de pied des présidents de région, aujourd’hui même, nous ne pouvons pas être opérationnels en 2024 (…). Il n’y aura pas de passe rail cet été », avait-il déclaré sur Franceinfo.
Une fois le dispositif validé, Patrice Vergriete a remercié la présidente de la région Occitanie Carole Delga, également présidente de l’association Rétgions de France, qui a « remobilisé les présidents de région ». La SCNF devrait avoir le temps de valider le dispositif. « Où irez-vous ? » a tweeté Emmanuel Macron, se félicitant de la nouvelle.
Une « méthode d’amateur » ?
Le ton était beaucoup plus aigre-doux chez le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, conscient que la pression médiatique lui a forcé la main. Il a ainsi pointé une « mise en scène finale » du ministre pour « pointer du doigt les régions », et ainsi cacher une « méthode d’amateur ». Il affirme qu’il n’avait pas l’intention de s’opposer à l’opération mais qu’il voulait demander la résolution de « deux injustices » : la première concerne la répartition du coût entre État (80%) et régions (20%), la région souhaitant que l’État finance la totalité du dispositif, la seconde l’absence de la région Île-de-France.
Même son de cloche du côté de la région Auvergne-Rhône-Alpes. « Mais il n’y a qu’une seule République, il est impensable que ce dispositif soit mis en place sans l’Ile-de-France. La région Auvergne-Rhône-Alpes donne son accord pour expérimenter » le forfait cette année, « mais son renouvellement, dans un an, sera conditionné à la présence de l’ensemble des régions, sans exception », a ainsi précisé Frédéric Aguilera, vice-président régional chargé des transports.
Avant le revirement, le président de la région Normandie, Hervé Morin, avait déroulé le même argumentaire : « S’il doit y avoir un passe rail il doit être national et s’appliquer sur l’ensemble du réseau français et ne doit pas exclure le réseau francilien par lequel passent inexorablement la plupart des jeunes se rendant dans une autre région par le train », affirmait-il dans un communiqué.
Reste, pour le gouvernement, à boucler les détails techniques et logistiques du dispositif, en concertation avec l’ensemble des régions, et poursuivre les négociations pour le prolonger en 2025, qui s’annoncent plutôt musclées.