Pass Rail : le train en illimité (sous conditions) ne convainc pas

Le Pass Rail, une initiative ambitieuse lancée par la SNCF et inspirée du modèle allemand du Deutschlandticket, a été mis en place début juin 2024. Destiné aux jeunes, et avec de nombreuses limitations dans son usage, il n’aura pas convaincu les foules. Les ventes sont bien en-deçà de ce qu’espéraient la SNCF et le gouvernement, ce dernier l’ayant largement mis en avant dans sa communication.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 14 août 2024 à 7h30
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Pass Rail : le train en illimité (sous conditions) ne convainc pas - © Economie Matin
49 EUROSLe Pass Rail coûte 49 euros par mois.

Combien coûte le Pass Rail de la SNCF ?

Ce forfait mensuel à 49 euros, destiné aux jeunes de 16 à 27 ans, permet de voyager en illimité sur l'ensemble des réseaux ferrés régionaux (TER) et Intercités en France. À la date du 9 août 2024, près de 205 000 Pass Rail avaient été vendus, représentant une adoption progressive mais décevante par rapport aux objectifs fixés.

Le Pass Rail a débuté ses ventes le 5 juin 2024, et bien que la progression des ventes soit notable, avec 205 000 forfaits écoulés au 9 août 2024, le chiffre reste loin des attentes. Le gouvernement avait initialement fixé un objectif de 700 000 ventes, ce qui correspond à environ 10 % des 16-27 ans en France. Cependant, ce seuil semble difficilement atteignable, avec seulement 29 % de cet objectif réalisé à trois semaines de la fin de la période estivale.

Plus d’un million de billets à 0 euro utilisés grâce aux Pass Rail

Les premiers retours sur ce dispositif montrent une montée en puissance, mais celle-ci reste modérée. Selon les données fournies par le ministère des Transports, 1,49 million de billets à 0 euro ont été vendus via le Pass Rail entre le 5 juin et le 9 août 2024. Ces billets se répartissent de manière équitable entre les trains régionaux et les Intercités

Malgré les efforts de communication et la tarification accessible du Pass Rail, l'engouement escompté n'a pas été au rendez-vous. Une enquête a révélé que près de 48% des jeunes de 18 à 27 ans en vacances en France cet été avaient envisagé d'acheter le Pass Rail. Cependant, la conversion de cette intention en vente effective a été inférieure aux attentes. De plus, un sondage indique que 86% des Français considèrent l'impact environnemental comme un critère déterminant dans leurs choix de voyage, un point qui n'a pas suffi à convaincre une plus grande partie de la jeunesse d'adopter ce pass.

En Allemagne, pays modèle pour ce type de dispositif, le bilan est également mitigé. Lancé en 2023, le Deutschlandticket, avec un accès élargi aux bus, métros et trams, n'a attiré que 11 millions de personnes, alors que le gouvernement en attendait 16 millions pour équilibrer les comptes. Ce manque de succès outre-Rhin laisse présager des défis similaires pour le Pass Rail en France.

SNCF : le Pass Rail sera-t-il maintenu ?

La mise en place du Pass Rail devait initialement couvrir l'ensemble de la population française, mais des contraintes budgétaires ont conduit à une restriction de ce dispositif aux jeunes. Le gouvernement a subventionné près de 80 % des coûts estimés par la SNCF pour rendre ce forfait accessible, et une évaluation du dispositif est prévue après cette première phase estivale. Le ministre des Transports, Patrice Vergriete, a exprimé son souhait d'étendre ce pass à la région Île-de-France d'ici 2025, en collaboration avec Île-de-France Mobilités, alors que la Capitale et sa banlieue en étaient excluent.

L'avenir du Pass Rail dépendra de la capacité à atteindre un plus large public, et d'une évaluation rigoureuse des résultats obtenus jusqu'ici. Si l'objectif de 700 000 ventes est loin d'être atteint, une réflexion sur les améliorations à apporter, tant en termes de communication que de conditions d'accès, pourrait permettre à ce dispositif de s'inscrire durablement dans le paysage des transports en France.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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