Pour la première fois, l’eau de Paris, que l’on trouve habituellement au robinet, est désormais embouteillée et commercialisée par une entreprise suisse.
L’eau du robinet parisienne se vend désormais en bouteille !
L’eau du robinet, embouteillée pour les hôtels parisiens
L’entreprise suisse BE WTR est la première à avoir reçu l’autorisation préfectorale d’embouteiller l’eau de Paris. Leur objectif ? Offrir une alternative locale et durable aux eaux minérales pour les hôtels et palaces de la capitale. Filtrée avec précision, débarrassée des traces de chlore et de certains polluants comme les PFAS, l’eau de Paris en bouteille vise à séduire les établissements haut de gamme soucieux de limiter leur impact environnemental en évitant le plastique. Avec des bouteilles en verre réutilisables plus de 200 fois, l’entreprise mise sur un produit durable, bien que ce dernier soit loin d’être bon marché.
Traditionnellement, l’eau en bouteille provient de sources spécifiques, souvent situées loin des centres urbains, augmentant ainsi l’empreinte carbone à cause du transport. BE WTR, en installant son usine au cœur de Paris, casse ce modèle. Cette proximité avec les consommateurs permet de réduire les émissions liées à la logistique. Cependant, cette innovation est-elle vraiment utile ? L’eau de Paris est déjà disponible à tous au robinet, gratuitement, et d’une qualité qui n’est plus à prouver.
Une eau « améliorée » ?
Si BE WTR vante la filtration supplémentaire de l’eau de Paris, certains se demandent si ce raffinement est vraiment nécessaire. « Alors que la Ville de Paris traite des millions et des millions de litres à une vitesse très élevée, nous avons beaucoup moins de volume et donc un temps de contact plus long avec nos filtres spécifiques qui permettent d’enlever encore plus de choses et de perfectionner le goût de l’eau », admet le directeur de BE WTR France, mais cette « touche soyeuse » promise par la marque s’adresse surtout à une clientèle aisée. L'entreprise suisse, basée à Lausanne, a investi un million d'euros sur son site parisien qui peut produire jusqu'à six millions de bouteilles par an.
Si l’argument écologique est au cœur du discours de BE WTR, le prix de cette eau, plate ou gazeuse, reste élevé, comparable à celui des eaux minérales. La production locale et les bouteilles consignées semblent être une avancée dans la lutte contre les déchets plastiques, mais le modèle économique, destiné principalement aux hôtels de luxe, laisse un goût amer. En embouteillant l’eau d’une ville qui la rend déjà accessible à tous gratuitement, cette entreprise suscite la controverse.