Pétrole : vers une nouvelle guerre des prix ?

Les marchés pétroliers ont été pris de court. Alors que les analystes anticipaient une prolongation des coupes de production, l’OPEP+ a choisi une toute autre stratégie en remettant 2,2 millions de barils par jour sur le marché à partir d’avril 2025.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 6 mars 2025 7h30
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Pétrole : vers une nouvelle guerre des prix ? - © Economie Matin
70 DOLLARSLe baril de Brent est tombé sous les 70 dollars le 5 mars 2025.

Le 3 mars 2025, l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole et ses alliés, connus sous le nom d’OPEP+, ont officialisé une décision qui redéfinit les règles du jeu. Dès le 1er avril 2025, les réductions volontaires de production seront progressivement annulées. Cela signifie que 2,2 millions de barils supplémentaires viendront alimenter un marché déjà fragile. Résultat immédiat : le Brent a plongé sous les 71 dollars, atteignant son niveau le plus bas depuis cinq mois. La chute a ensuite continué et le Brent est tombé sous la barre des 69,60 dollars, du jamais vu depuis 2021 !

La fin des réductions de production de pétrole

Depuis 2020, l’OPEP+ alterne entre réductions massives de production et reprises partielles afin de maintenir les prix dans un marché soumis à d’importantes fluctuations. Après plusieurs mois de coupes visant à limiter l’offre et soutenir les cours, l’organisation a choisi d’inverser la tendance. L’annonce officielle précise que cette augmentation de production débutera en avril 2025 et concernera plusieurs pays, notamment l’Arabie Saoudite, la Russie, l’Irak, les Émirats Arabes Unis, l’Algérie, Oman, le Kazakhstan et le Koweït.

L’OPEP+ estime que les fondamentaux du marché sont suffisamment solides pour encaisser cette hausse de production sans effondrement des prix. Toutefois, cette analyse est vivement contestée par les marchés financiers. Dès l’annonce, les investisseurs ont sanctionné cette décision en revendant massivement leurs actifs pétroliers. Conséquence immédiate : une chute vertigineuse des prix. Le Brent, qui se situait à 82 dollars avant l’annonce, est tombé à 70,60 dollars, enregistrant une baisse de 14 %. Le West Texas Intermediate a suivi la même tendance avec une chute de 13 %.

Type de brut Prix avant l’annonce Prix après l’annonce Variation
Brent (référence mondiale) 82 dollars 70,60 dollars -14 %
West Texas Intermediate (WTI) 78 dollars 67,55 dollars -13 %

La Bourse mondiale tremble devant l’OPEP+

Les places financières ont également ressenti les effets de cette décision. À Londres, le FTSE 100 a perdu 1,2 %, tandis qu’à New York, le Dow Jones a reculé de 0,9 %. Les compagnies pétrolières, à l’image d’ExxonMobil et de TotalEnergies, ont vu leur capitalisation boursière chuter entre 2 et 4 % en quelques heures. Les investisseurs redoutent un excédent d’offre alors que la demande reste fragile, notamment en raison du ralentissement économique en Chine et en Europe.

Cette situation crée des gagnants et des perdants. Pour les pays exportateurs de pétrole, cette décision est un pari risqué. L’Arabie Saoudite, principal moteur de l’OPEP+, pourrait voir ses revenus pétroliers diminuer à court terme, tandis que la Russie pourrait compenser en augmentant ses exportations malgré les sanctions occidentales. L’Algérie et d’autres membres de l’OPEP+ devront trouver un équilibre entre la nécessité de maintenir leurs recettes pétrolières et la défense de leurs parts de marché.

À l’inverse, les consommateurs et les économies occidentales pourraient temporairement bénéficier de cette baisse des prix du pétrole. Une diminution des cours pourrait se répercuter sur le prix des carburants et donner un répit aux gouvernements confrontés à l’inflation énergétique. Aux États-Unis, la Maison-Blanche pourrait voir cette décision comme une opportunité pour soulager le pouvoir d’achat des ménages. Toutefois, si les prix chutent trop bas, l’OPEP+ pourrait être contrainte de faire marche arrière, comme cela avait été le cas en 2020.

Si la demande mondiale de pétrole reste stable, les prix pourraient se stabiliser autour de 70 dollars le baril. En revanche, en cas de ralentissement économique prolongé ou d’offre excédentaire, le Brent pourrait descendre sous la barre des 65 dollars, ce qui mettrait encore plus de pression sur les pays producteurs.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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