Santé : cancer de l’ovaire, quels symptômes doivent vous alerter ?

Le cancer de l’ovaire est une pathologie sournoise qui touche environ 5 300 femmes chaque année en France. Souvent découvert à un stade avancé en raison de symptômes peu spécifiques, ce cancer reste l’un des plus mortels parmi les cancers féminins. Comment reconnaître ses premiers signes ? Est-il possible de le soigner efficacement ?

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Par Léopold Aubin Publié le 31 août 2024 à 10h00
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Santé : cancer de l’ovaire, quels symptômes doivent vous alerter ? - © Economie Matin

Les symptômes : comment reconnaître un cancer de l'ovaire ?

Le cancer de l'ovaire se développe souvent silencieusement, rendant son diagnostic précoce particulièrement difficile. Les symptômes associés à cette pathologie sont généralement discrets et peuvent facilement être confondus avec ceux d'autres affections bénignes. Les plus courants incluent des douleurs pelviennes ou abdominales, une envie fréquente d'uriner, une perte d'appétit ou une sensation rapide de satiété, ainsi que des ballonnements persistants. Ces signes peuvent sembler anodins, mais lorsqu'ils surviennent de manière récurrente, il est crucial de consulter un médecin.

Une étude britannique récente, publiée dans l'International Journal of Gynecological Cancer, a mis en lumière l'importance de ces symptômes. Les chercheurs ont suivi un groupe de 2 600 femmes âgées de 16 à 90 ans, toutes présentant des symptômes persistants. Ces femmes ont bénéficié d'un diagnostic accéléré, incluant un dosage du marqueur tumoral CA125 et une échographie endovaginale. Résultat : un quart des patientes diagnostiquées ont été identifiées à un stade précoce de la maladie. Ces découvertes confirment que la reconnaissance rapide des symptômes peut faire la différence dans le pronostic vital.

Le Pr Isabelle Ray-Coquard, oncologue au Centre Léon Bérard à Lyon, insiste sur la nature insidieuse de cette maladie : « Le cancer de l'ovaire est un cancer sournois. Le gros problème est que, tant que la tumeur est localisée dans l'ovaire, il n'y a pas de symptôme. » Cela signifie que lorsque les symptômes apparaissent, la maladie est souvent déjà bien avancée. Toutefois, une vigilance accrue et une meilleure connaissance des signes avant-coureurs peuvent améliorer les chances de détection précoce, et donc de survie.

Diagnostic et soins : comment traiter le cancer de l'ovaire ?

En l’absence d’un test de dépistage systématique, le diagnostic du cancer de l’ovaire repose principalement sur l’identification des symptômes et sur des examens cliniques approfondis. La complexité du diagnostic est renforcée par la nature non spécifique des symptômes, ce qui explique que ce cancer est souvent détecté à un stade avancé.

Au Royaume-Uni, par exemple, les femmes de plus de 50 ans présentant des symptômes évoquant un syndrome de l'intestin irritable sont systématiquement soumises à un examen plus approfondi. Ce parcours de soins rapide, qui inclut un dosage sanguin du marqueur tumoral CA125 et une échographie endovaginale, a montré son efficacité pour détecter le cancer de l'ovaire à un stade plus précoce. Cette stratégie pourrait servir de modèle pour d'autres pays, afin d'améliorer le diagnostic précoce et réduire la mortalité associée à cette maladie.

Le traitement du cancer de l'ovaire dépend du stade auquel il est diagnostiqué. À un stade avancé, la chirurgie et la chimiothérapie sont les traitements de première ligne. Selon les résultats de l’étude susmentionnée, environ 95 % des femmes diagnostiquées à un stade avancé ont subi une intervention chirurgicale, et 77 % ont reçu une chimiothérapie. Une cytoréduction complète, qui vise à éliminer toutes les cellules cancéreuses visibles, a été obtenue chez six femmes sur dix, un chiffre encourageant qui démontre l’importance d’un diagnostic rapide.

Cependant, le Pr Ray-Coquard souligne une réalité préoccupante dans les colonnes du Figaro : « S'appuyer uniquement sur les symptômes ne sera jamais suffisant pour sauver la majorité des patientes. » En effet, la nature souvent silencieuse de ce cancer rend difficile une détection précoce uniquement basée sur les symptômes. C’est pourquoi la recherche continue de se concentrer sur le développement de tests de dépistage plus efficaces.

L’un des espoirs réside dans le développement de tests biologiques destinés aux femmes porteuses de mutations des gènes BRCA, qui augmentent le risque de cancer de l’ovaire et du sein. Ces tests pourraient permettre une surveillance plus étroite des femmes à risque et une intervention plus rapide en cas de détection de la maladie. « D'ici l'année prochaine, nous participerons à un grand essai clinique visant à évaluer l'efficacité de l'un de ces tests », annonce le Pr Ray-Coquard, laissant entrevoir des perspectives optimistes pour l'avenir.

Importance de la surveillance et des tests en développement

Outre les traitements chirurgicaux et chimiothérapeutiques, la surveillance régulière joue un rôle crucial dans la prise en charge du cancer de l'ovaire, notamment pour les femmes présentant un risque élevé en raison de mutations génétiques. Les gènes BRCA1 et BRCA2, par exemple, sont connus pour augmenter considérablement le risque de développer un cancer de l'ovaire. Les femmes porteuses de ces mutations génétiques sont généralement suivies de près, et des options préventives, comme la chirurgie prophylactique, peuvent être proposées.

L’Institut National du Cancer souligne l'importance de la surveillance régulière, en particulier pour les femmes ménopausées, qui sont les plus à risque. Un suivi gynécologique annuel, même en l’absence de symptômes, est recommandé pour permettre la détection précoce de toute anomalie. Par ailleurs, les chercheurs travaillent sur des approches innovantes pour améliorer le dépistage. Parmi les pistes explorées, le dosage de protéines spécifiques dans le sang, comme le CA125, pourrait être complété par d'autres biomarqueurs afin d’augmenter la sensibilité et la spécificité des tests.

L'étude menée par l'Université de Birmingham suggère également que sensibiliser les femmes aux symptômes précoces du cancer de l'ovaire pourrait améliorer les résultats. Comme le souligne Sudha Sundar, professeur de cancer gynécologique : « Notre conclusion démontre que dans un contexte réel, les tests basés sur les symptômes peuvent potentiellement conduire au diagnostic d’un cancer de l’ovaire de haut grade avec une faible propagation de la maladie. » Ce constat met en lumière l'importance d'une prise en charge rapide dès l'apparition des premiers symptômes, ainsi que la nécessité d'une sensibilisation accrue des femmes à risque.

Enfin, il est essentiel de mentionner que les progrès dans le traitement du cancer de l’ovaire ont permis d’améliorer considérablement les taux de survie. Des protocoles de traitement plus personnalisés, basés sur les caractéristiques génétiques et moléculaires de la tumeur, offrent des options thérapeutiques plus ciblées et potentiellement plus efficaces.

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