Les ouvriers ont deux fois plus de risque de mourir avant la retraite que les cadres

Selon l’étude de l'Insee, les cadres vivent en moyenne plusieurs années de plus que les ouvriers, révélant des disparités liées à la nature du travail, aux conditions de vie et aux comportements de santé.

5 années de vie de plus pour un cadre par rapport à un ouvrier

C’est l’information la plus marquante : selon l'Insee, à l'âge de 35 ans, un homme cadre peut espérer vivre en moyenne 5,3 ans de plus qu'un ouvrier du même âge. Concrètement, l'espérance de vie d'un homme cadre de 35 ans est de 83,9 ans, tandis que celle d'un ouvrier est de 78,6 ans. Pour les femmes, l'écart est de 3,4 ans, avec une espérance de vie de 87,2 ans pour les cadres contre 83,8 ans pour les ouvrières.

Ces écarts s'expliquent en partie par la nature des professions exercées. Les cadres sont généralement moins exposés aux risques professionnels tels que les accidents de travail et les maladies liées à des conditions de travail pénibles. En revanche, les ouvriers sont plus souvent confrontés à des environnements de travail dangereux et physiquement exigeants.

Nathalie Blanpain, statisticienne à l'Insee explique : « Les cadres sont moins soumis aux risques professionnels tels que les accidents de travail et les maladies professionnelles. De plus, leurs comportements de santé à risque, comme l'obésité et les moindres recours aux soins, sont moins fréquents. »

Les ouvriers ont beaucoup plus de risque de mourir avant la retraite

Et alors que la réforme des retraites a reporté l’âge de départ, force est de constater que les ouvriers risquent fortement de ne pas en profiter. Selon l’Insee, entre 35 et 65 ans, les ouvrières ont deux fois plus de risques de mourir que les cadres, un risque qui grimpe à 2,5 fois pour les ouvriers hommes par rapport à leurs homologues masculins cadres.

Et, par la suite, ça ne s’améliore pas : « Entre 65 et 75 ans, les ouvriers ont 1,7 fois plus de risque que les cadres de mourir, tous sexes confondus. Une femme âgée de 65 ans a 10 % de risque de mourir avant 75 ans si elle est soumise à chaque âge aux conditions de mortalité des ouvrières de 2020-2022, et 6 % si elle est soumise à celles des cadres. Chez les hommes, le risque de mourir entre 65 et 75 ans est de 20 % pour les ouvriers et de 12 % pour les cadres », écrit l’Insee.

Pourquoi les ouvriers sont plus à risque que les cadres ?

Les comportements de santé jouent également un rôle central dans l’espérance de vie. Les cadres ont tendance à adopter des modes de vie plus sains et à avoir un meilleur accès aux soins médicaux, notamment grâce à des salaires plus élevés. Par exemple, les taux d'obésité sont significativement plus bas chez les cadres que chez les ouvriers. De plus, les cadres bénéficient souvent d'une meilleure couverture santé et de conditions de travail moins stressantes, ce qui contribue à une espérance de vie plus longue.

Le niveau d'éducation est un autre facteur déterminant de l'espérance de vie. À 35 ans, un homme diplômé de l'enseignement supérieur peut espérer vivre en moyenne 8 ans de plus qu'un homme sans diplôme, soit 85 ans contre 77 ans. Pour les femmes, l'écart est de 5,4 ans, avec une espérance de vie de 88 ans pour les diplômées contre 82,6 ans pour les non-diplômées.

Depuis les années 1990, l'écart d'espérance de vie entre les cadres et les ouvriers a néanmoins diminué pour les hommes, passant de 7 ans sur la période 1991-1999 à 5,3 ans aujourd'hui. En revanche, cet écart a légèrement augmenté pour les femmes, passant de 2,6 ans à 3,4 ans.

Différences d'espérance de vie selon les professions