Opération militaire « Prosperity Guardian » ou… gardien de la prospérité, vaste programme

Faisons un peu d’humour, parce que la situation est grave, surtout, même, parce que la situation est grave. Le problème au Yemen, c’est que, aidé par Téhéran, ils ont désormais de « très bons Houthis » !

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Par Charles Sannat Publié le 20 décembre 2023 à 10h30
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mer rouge, bateau, opération, militaire, prosperity guardian - © Economie Matin
90%Le commerce maritime représente 90% du commerce mondial.

Voilà pour le trait d’humour facile je vous l’accorde. Passons maintenant aux choses sérieuses.

La Mer Rouge !

La mer Rouge c’est au bout le Canal de Suez, est c’est l’une des plus grosses artères du commerce maritime mondial. Je ne vous apprends évidemment rien.

Le problème dont vous avez entendu parlé aux actualités officielles, c’est que les Houthis du Yemen détournent des navires ou tentent de les couler. Bref, ils menacent le trafic maritime dans leur zone d’intervention géographique possible.

C’est dans ce contexte que les principaux armateurs comme Maersk, Hapag-Lloyd AG ou encore le français CMA-CGM ont annoncé qu’ils allaient éviter la zone et donc contourner la Mer Rouge ce qui veut dire quelques dizaines de jours en mer de plus en contournant l’Afrique. Ce sont des coûts supplémentaires majeurs, ce sont des délais en plus pour les chaînes logistiques déjà tendues, et c’est une perte énorme en manque à gagner pour l’Egypte qui bénéficie de la rente financière que représente la Canal de Suez.

Et c’est là où les choses deviennent intéressantes et apparaissent pour ce qu’elles sont réellement.

L’Opération « Prosperity Guardian »

Cela peut se traduire par l’opération gardien de la prospérité.

« L’escalade récente des attaques irresponsables des Houthis en provenance du Yémen menace la libre circulation du commerce, met en danger la vie de marins innocents et viole le droit international. Les pays qui cherchent à faire respecter le principe fondamental de la liberté de navigation doivent s’unir pour relever le défi posé par cet acteur non étatique qui lance des missiles balistiques et de drones sur des navires marchands de nombreux pays transitant légalement dans les eaux internationales. Il s’agit d’un défi international qui exige une action collective. C’est pourquoi aujourd’hui j’annonce l’établissement de l’opération Prosperity Guardian », a déclaré le secrétaire américain à la Défense.

Concrètement, cette nouvelle opération sera placée sous l’égide des Forces maritimes combinées [Combined Maritime Forces, CMF], c’est-à-dire une coalition navale internationale dirigée des États-Unis depuis Bahreïn. Celle-ci fédère cinq forces navales [ou Combined Task Force], dont la CTF-153, à qui il reviendra d’assurer la direction de « Prosperity Guardian ».

Outre les États-Unis et la France, cette coalition réunira le Royaume-Uni, Bahreïn, le Canada, l’Italie, les Pays-Bas, la Norvège, l’Espagne et les Seychelles. Sollicitée, l’Allemagne a visiblement décidé de ne pas s’y impliquer. Comme l’Égypte, qui est pourtant directement concernée en raison des conséquences de la situation en mer Rouge sur le trafic dans le Canal de Suez. »

Alors que la police française apparaît de plus en plus comme une milice au service d’un maintien au pouvoir au lieu de servir comme police au service d’un maintien de l’ordre ce qui n’a strictrement rien à voir, les armées occidentales sont effectivement de plus en plus utilisées comme milices armées servant d’outils pour s’accaparer des richesses, notamment pétrolières ou gazières comme cela a été le cas en Irak ou en Libye pour ne citer que deux exemples.

Le choix même du nom de l’opération est très révélateur et symbolique. 

On ne cherche pas ici à rétablir la paix.

On ne cherche pas s’interposer.

On ne cherche pas à « restaurer l’espoir » ce qui avait le nom de l’opération en grande partie américaine en Somalie (plus de détails ici)

Non.

Aujourd’hui on assume à travers même le nom assigné aux opérations militaires le côté « milicien » du système économique.

Les armées sont là pour garder la prospérité. 

A propos de la Somalie, on en reparle d’ailleurs !

En effet, la semaine passée, pour la première fois depuis 2017, un cargo – le M/V Ruen – a été détourné par des hommes armés inconnus. Selon la société britannique Ambrey, le navire se trouvait à environ neuf nautiques au large de Bander Murcaayo dans le Puntland (Somalie), le 17 décembre.

Ne doutons pas que nos marines saurons nous assurer la prospérité. Nous la « garantir » à coups de missiles anti-missiles et autres bombardements (justes) et chirurgicaux provoquant dans le pire des cas, de regrettables « dégâts collatéraux ».

Oui mes amis.

Coûte que coûte, les chinoiseries dont nous n’avons pas besoin et qui encombrent nos déchetteries, achetées avec de l’argent que nous n’avons pas, et générant une pollution que l’on ne veut pas voir, doivent passer et passeront. Car voilà la prospérité dont nous parlons ici. Nous ne parlons pas de la prospérité des peuples, mais des grandes compagnies qui détiennent le commerce mondial. Nous parlons en réalité des profits des grandes multinationales qui produisent très loin, à pas cher, en polluant beaucoup et dont les marchandises utilisent ces voies maritimes.

La marine anglaise depuis la nuit des temps a été utilisée bien évidemment à des fins de puissance et de sécurisation des routes commerciales.

« On croit mourir pour la patrie on meurt pour des industriels ». Rien n’a vraiment changé.

Si vous comprenez ce message, alors, vous êtes la résistance.

Si vous êtes la résistance, faites passer ce message.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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