Ils dorment sur vos étagères, ils prennent la poussière, et pourtant… ils pourraient changer une vie. À moins qu’ils ne finissent au rebut, ces livres que vous ne lisez plus peuvent se transformer en armes silencieuses pour la culture, contre l’ignorance et les inégalités. Encore faut-il savoir où, quand et pourquoi les donner.
Offrez une seconde vie à vos livres et un accès à la culture pour tous

À compter du 19 avril 2025, les Français sont appelés à participer à La très grande Collecte de livres, une campagne nationale orchestrée par Bibliothèques Sans Frontières (BSF), pour donner une seconde vie solidaire à leurs livres. Jusqu’au 11 mai, plus de 400 points de collecte répartis dans toute la France accueilleront les dons. Une initiative de grande ampleur qui mêle écologie, solidarité et culture, et qui entend rappeler que le livre, loin d’être un simple objet, peut devenir une clef d’émancipation.
Comment donner une seconde vie à un livre ?
Rien de plus simple, à condition de savoir où aller. Fnac, Darty, Cultura, Nature & Découvertes, SNCF Gares & Connexions, Homebox, Le Bon Marché : les enseignes partenaires se multiplient pour cette 13ᵉ édition de La très grande Collecte de livres. Du 19 avril au 11 mai 2025, chaque citoyen peut déposer les ouvrages qu’il ne lit plus dans l’un des 400 points de collecte partenaires, identifiables sur le site de BSF.
Mais attention, tous les livres ne sont pas bons à donner. Les manuels scolaires, guides de voyage, encyclopédies et dictionnaires sont exclus, tandis que les romans, bandes dessinées, livres jeunesse, beaux-livres et documentaires sont vivement recherchés. Et ce, dans toutes les langues, car la lecture, c’est aussi une affaire de pluralité.
La destination finale ? Elle varie : une microbibliothèque dans un quartier défavorisé, une bibliothèque d’urgence en zone de crise, un sac de livres pour un enfant réfugié ou une première bibliothèque personnelle pour un élève scolarisé en zone prioritaire. Chaque livre est trié, catalogué, orienté, depuis l’entrepôt logistique de l’association en région parisienne.
Ce que révèle la Collecte : fracture culturelle ou urgence sociale ?
Qu’on se le dise : les chiffres parlent d’eux-mêmes et ils sont glaçants. Selon une enquête de Golden Steps ABA, deux tiers des familles à faible revenu n’ont aucun livre à la maison. L’OCDE et l’Unicef ajoutent qu’un enfant sans livre possède 30 % de chances en moins d’acquérir les compétences fondamentales. Alors que le numérique prolifère, les Français passent chaque semaine 23h27 devant des écrans pour leurs loisirs contre seulement 3h40 à lire, d’après une étude Ipsos-CNL.
Face à cette fracture culturelle, BSF ne mâche pas ses mots. Son président fondateur, l’historien Patrick Weil, rappelle :
« Dans les temps troublés que nous traversons, il y a plus que jamais urgence de lire ! Lire pour grandir, s’émanciper, se mettre à la place de l’autre, créer, rêver. »
C’est bien là que réside le cœur de l’initiative : faire du livre un outil de paix, d’inclusion, de justice sociale.
Un projet logistique ambitieux, une alliance d’acteurs engagés pour la culture
Créée en 2013 par BSF et la Fnac, l’opération n’a cessé de gagner en envergure. Près de 2 millions de livres ont déjà été redistribués depuis sa création. Cette année, six nouvelles enseignes rejoignent le mouvement, apportant au passage une précieuse logistique. Xavier Vercelletto, Directeur RSE de Fnac Darty, résume l’esprit de la démarche :
« Cette collecte de livres, la plus importante de France, est une opération solidaire essentielle pour les populations les plus fragiles. Doublement vertueuse, cette collecte nous permet de contribuer à donner une seconde vie aux livres tout en poursuivant notre mission historique qui est de faciliter l’accès à la culture au plus grand nombre. »
Derrière cette infrastructure, BSF collecte chaque année plus de 800 000 ouvrages. Et pour enrichir ses dispositifs, elle peut compter sur ses microbibliothèques, issues d’un partenariat avec la Fondation Cultura, qui deviennent elles-mêmes lieux de dépôt. La solidarité en circuit court, en quelque sorte.
Visages de l’opération : quand la culture s’engage
En 2025, Riad Sattouf, auteur de bande dessinée et réalisateur, devient l’ambassadeur de l’initiative, rejoignant Augustin Trapenard, parrain de BSF depuis 2018. Deux figures de proue de la culture populaire, qui incarnent à la fois la nécessité de la transmission et la beauté de l’engagement.
Une série de temps forts jalonnera l’opération, notamment un grand événement à la Fnac du Forum des Halles le 23 avril, journée mondiale du livre, ou encore une journée de mobilisation exceptionnelle en gare de Paris-Est le 30 avril.