La réglementation CAFE (Corporate Average Fuel Economy) de l’Union européenne impose des limites strictes en matière d’émissions de CO2, mettant les constructeurs automobiles sous une pression considérable. À partir du 1er janvier 2025, les constructeurs devront réduire leurs émissions moyennes de CO2 à 81 g/km, un objectif qui semble inatteignable pour la plupart d’entre eux.
Objectifs CO2 2025 : un pari perdu d’avance pour l’industrie automobile
Une réduction drastique des émissions de CO2 : un défi hors de portée
L'objectif de réduire les émissions à 81 g/km d'ici 2025 représente une baisse significative par rapport aux 95 g/km actuellement en vigueur. Si cette réduction est techniquement réalisable, elle semble impossible à atteindre pour la majorité des constructeurs, surtout dans un contexte où les ventes de véhicules électriques ralentissent.
Selon une étude menée par Dataforce, la grande majorité des constructeurs automobiles risque de dépasser cette limite, ce qui entraînerait des amendes pouvant atteindre plusieurs milliards d'euros. Par exemple, le groupe Volkswagen pourrait être contraint de payer plus de quatre milliards d'euros, soit environ 19 % de son bénéfice net de 2023, tandis que Renault et Stellantis pourraient devoir débourser environ un milliard d'euros chacun.
Le ralentissement des ventes de véhicules électriques en Europe, avec une part de marché qui a légèrement baissé à 13,3 % au premier semestre 2024 contre 13,8 % l'année précédente, aggrave la situation. Dans des pays comme l'Allemagne, la suppression des incitations fiscales pour les voitures électriques a encore accentué cette tendance.
Des stratégies de contournement : une solution à court terme
Pour éviter les amendes, les constructeurs ont deux options principales : augmenter la vente de véhicules électriques ou acheter des crédits CO2 auprès d'autres constructeurs comme Tesla, qui est en avance sur les objectifs. Tesla, exclusivement axé sur l’électrique, est l'un des rares constructeurs à respecter déjà les nouvelles normes. D'autres, comme le groupe Geely, bénéficient de l'apport des modèles électriques de Volvo pour se maintenir en dessous de la limite.
Cependant, cette stratégie d'achat de crédits CO2, bien que viable à court terme, soulève des questions sur la durabilité et l'éthique de telles pratiques. De plus, la création de « pools d'émissions » permet aux constructeurs de se regrouper pour mutualiser leurs émissions, une solution qui ne fait que repousser le problème à plus tard.
Enfin, les constructeurs comme Ford et Volkswagen, qui sont parmi les plus éloignés de leurs objectifs en matière d'émissions de CO2, devront faire des choix difficiles. Soit ils augmentent massivement leurs ventes de véhicules électriques, soit ils se préparent à des amendes lourdes, tout en espérant que l'UE révisera ses normes à la baisse, comme certains l'espèrent déjà.