Investir sur les centres de données : une fausse bonne idée ?

L’histoire des marchés financiers est rythmée par l’émergence périodique de thématiques disruptives, se traduisant par un engouement sur les valeurs boursières qui y sont liées. Après internet en 1997, l’immobilier en 2007 et les cryptomonnaies en 2018, l’intelligence artificielle se trouve désormais au centre des convoitises après des avancées notables dans de nombreux domaines clés, comme le traitement du langage naturel et la génération d’image.

La démocratisation des technologies est bien souvent synonyme d’opportunités d’investissement, et les entreprises phares de l’écosystème ont largement bénéficié de l’enthousiasme suscité sur les indices actions ces derniers mois. Entre l’informatique, la biotechnologie, la finance, l’automobile, l’industrie, et bien d’autres encore, quel est le segment le plus susceptible de tirer le meilleur parti de cette croissance ?

Maxime Raturat
Par Maxime Raturat Publié le 12 juin 2024 à 6h00
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Les centres de données, au cœur de l’infrastructure numérique

Les spécialistes s’attendent à ce que la production de données par les particuliers et les entreprises soit deux fois plus importante au cours des cinq prochaines années que durant la dernière décennie. Cette tendance est liée à l’adoption rapide de l’intelligence artificielle, mais également de la croissance de l’informatique dématérialisée, du commerce électronique et des services de diffusion en continu. Par conséquent, le besoin en installations de stockage et de traitement des données se retrouve en pleine expansion.

Les centres de données, seules entreprises capables de répondre à cette demande croissante, attirent les convoitises des investisseurs et deviennent une opportunité attrayante pour surfer sur la vague de l’intelligence artificielle. Sont d’abord concernées les sociétés qui possèdent et exploitent directement les centres de données, mais également les fonds d’investissement immobilier dédiés aux centres de données et aux infrastructures de communication/radiodiffusion.

Une thématique porteuse mais sous-performante

Le Nasdaq représente sans doute le support d’exposition à la thématique de l’intelligence artificielle le plus en vogue actuellement. Est-il judicieux de lui préférer un support concentré sur les centres de données, tel que l’ETF Data Center & Digital Infrastructure (indexé sur l’indice Solactive Data Center REITs & Digital Infrastructure) ?

L’étude des constituants de cet ETF dépeint un véhicule d’investissement robuste : sur les cinq dernières années, les entreprises incluses dans sa composition ont connu une croissance médiane du chiffre d’affaires d’environ 50% et du résultat net de 45,55%, avec une médiane des marges nettes se situant à 10,37%. Sur le plan fondamental, la situation financière de ces entreprises corrobore dans l’ensemble la lecture d’un secteur à fort potentiel d’expansion.

Mais la pratique moderne de la gestion des capitaux n’implique pas seulement d’étudier la performance d’un actif de façon isolée ; elle doit être comparée à un marché de référence. En retenant le Nasdaq, l’indice majeur le plus exposé à l’essor de l’intelligence artificielle, on constate que l’ETF sous-performe d’en moyenne 19,20% sur une base annuelle. Il ne présente pas non plus de potentiel diversifiant, avec un coefficient de corrélation de 90% avec l’indice (calculé sur 250 séances). L’investissement thématique présente donc relativement peu d’intérêt comme méthode d’exposition alternative à l’intelligence artificielle.

Sélection de titres prometteurs pour un portefeuille tech

En revanche, une approche plus spécifique pourrait s’avérer pertinente, la composition de l’ETF regorgeant de titres aux caractéristiques attractives. On y trouve par exemple Nvidia, certainement l’action la plus performante du marché à l’échelle mondiale. D’autres valeurs présentent également un intérêt surclassant ou diversifiant au sein d’un portefeuille axé sur l’intelligence artificielle.

Super Micro Computer (SMCI:US), sixième plus gros constituant de l’ETF, apparaît nécessairement comme une action à retenir. Spécialisé dans les serveurs informatiques, l’équipement réseau, les logiciels de gestion de serveurs et le cloud computing, le titre s’est apprécié de plus de 200% en bourse depuis le début de l’année. Son coefficient beta de 2,9 avec le Nasdaq permet de s’exposer à l’intelligence artificielle avec effet de levier.

Notons également Advanced Micro Devices (AMD:US), le célèbre fabricant de semi-conducteurs, de microprocesseurs et de cartes graphiques, et notamment des processeurs EPYC, omniprésents dans les centres de données et le cloud computing. Avec un coefficient béta de 2,03 avec le Nasdaq et une performance de plus de 80% depuis novembre 2023, l’action présente des perspectives certaines de surperformance du secteur de la tech.

Enfin, la société d’investissement Crown Castle (CCI:US) est également à retenir. Elle est la principale gestionnaire d’infrastructures pour le compte des opérateurs mobiles, essentielles pour la connectivité et la vitesse de transmission des informations au sein des centres de données. Avec un coefficient de corrélation proche de 0 avec le Nasdaq, l’action offre un fort potentiel diversifiant au sein de la thématique, couplé à une forte perspective de croissance organique.

Maxime Raturat

Maxime Raturat est analyste des marchés financiers chez XTB France

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