Le 29 novembre 2024, l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) a décidé de maintenir la note de crédit de la France à AA-, assortie d’une perspective stable. Une décision accueillie avec soulagement par le gouvernement, mais qui suscite des interrogations alors que les débats pour le Budget 2025 se font de plus en plus tendus au Parlement et que le risque de censure du gouvernement n’a jamais été aussi élevé.
Dette de la France : S&P ne la dégrade pas pour l’instant
Le maintien de la note AA- : S&P joue la montre
À contre-courant des attentes de nombreux analystes, l’agence de notation internationale S&P a opté pour la stabilité concernant la note de la France, préservant ainsi la crédibilité budgétaire de l’Hexagone. Selon l'agence, « malgré l'incertitude politique, la France devrait, avec des délais, respecter les règles budgétaires européennes et consolider ses finances publiques à moyen terme ». Cette déclaration traduit un pari sur la capacité du gouvernement à contenir le déficit public et à stabiliser la dette, qui atteint 112 % du PIB, soit près de 3 230 milliards d’euros.
En comparaison, les autres agences telles que Moody’s et Fitch avaient en 2024 durci leur position, abaissant leurs perspectives à "négatives". Cette divergence souligne la prudence, voire l'optimisme de S&P quant à la trajectoire budgétaire française.
Comparaison des notes des agences
Agence | Note actuelle | Perspective |
---|---|---|
Standard & Poor’s | AA- | Stable |
Moody’s | Aa2 | Négative |
Fitch | AA- | Négative |
Une note de la dette menacée par la chute du gouvernement
La décision de S&P intervient dans un climat politique fragile, marqué par des tensions à l’Assemblée nationale. Le gouvernement minoritaire de Michel Barnier fait face à des motions de censure potentielles dès ce lundi 2 décembre 2024, notamment autour du budget de 2025. Les concessions budgétaires, comme le gel d’une augmentation des taxes sur l’électricité, visent à apaiser des oppositions internes mais risquent de creuser davantage le déficit public, déjà projeté à 6,1 % du PIB en 2024.
Antoine Armand, ministre de l’Économie, a salué la décision de S&P tout en reconnaissant les défis à venir : « Une instabilité politique prolongée pourrait entraîner une hausse brutale des coûts d'emprunt pour la France, impactant directement la consommation et l’investissement ». À titre d’exemple, le taux d’intérêt à 10 ans de la dette française a brièvement dépassé celui de la Grèce avant de redescendre à 2,9 %, un signal inquiétant pour les investisseurs.
Malgré l’apparente accalmie, le chemin reste semé d’embûches. Les objectifs fixés par le gouvernement prévoient un retour à un déficit inférieur à 3 % du PIB d’ici 2029 et une réduction progressive de la dette à partir de 2028. Ces projections reposent toutefois sur des hypothèses optimistes, notamment une reprise économique soutenue et une discipline budgétaire accrue.
Scénario | Impact sur la note |
---|---|
Stabilisation budgétaire réussie | Maintien ou amélioration |
Échec des réformes | Dégradation probable |
Si la décision de S&P offre un sursis bienvenu, la fragilité des finances publiques françaises impose une vigilance accrue. La bataille pour préserver la crédibilité financière de la France est loin d’être gagnée.