C’est la réforme des retraites qui était l’argument essentiel pour le rééquilibrage des dépenses de l’État. La réduction du déficit et de la dette apparaissait comme essentiel sous pression de l’Union européenne pour rassurer les milieux financiers et nos prêteurs privés.
Notation AA- : Fitch Ratings déclasse la France
Les agences de notation entrent en jeu
L’inévitable est arrivé. Les agences de notation entrent en jeu. Elles jugent et donnent leurs avis sur la « santé financière » des États. Les faux-semblants ne suffisent plus pour sauver la face.
Il faut savoir que 94% du marché mondial de notation est partagé entre trois agences. Deux d’entre elles sont américaines, Standard & Poor’s et Moody’s. Avec une part de 80%, la troisième agence, Fitch Ratings, est majoritairement à capitaux français (avec 14% du marché).
Fitch Ratings s’est prononcé
C’est cette dernière agence qui vient de dégrader la note financière de la France au rang de AA-. Depuis 2012, le AAA s’est éloigné. La descente progressive est continue. La réforme des retraites était censée renforcer la crédibilité d’un effort pour 2023 allant vers une amélioration d’un déficit de 4,7% et une réduction de la dette de 111,6% du PIB. Les règles de l’UE avec 3% de déficit et 60% de dette n’ont aucun sens.
Fitch pressent une croissance moins robuste qu’anticipé dans ses prévisions de novembre : celle-ci serait finalement cette année de 0,8% au lieu de 1,1%, et de 1,3% en 2024, contre 1,9% imaginé lors des dernières prévisions. Le gouvernement table quant à lui sur 1% de croissance en 2023. L’Insee indique un taux de croissance de 0,2% au premier trimestre…
Le constat de Fitch est clair : « les tensions sociales récentes qui pèseront, selon elle, sur la capacité du pays à réduire le déficit et la dette, ainsi que des perspectives de croissance moins élevée qu’anticipée ».
L’agence revient également sur la décision du gouvernement d’avoir eu recours au 49.3 pour faire passer la réforme des retraites. Une décision qui « renforcera probablement les forces radicales et anti-establishment [dans le pays] », prévoit Fitch.
La réaction française…
Le coup est sérieux pour l’économie française, l’Exécutif, le gouvernement. Tous comptaient sur la promulgation de la réforme des retraites pour rassurer les marchés. Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire conteste cette notation : « l’« appréciation pessimiste de Fitch quant aux perspectives de croissance de la France et de la trajectoire de sa dette » et déplore que l’agence « sous-évalue les conséquences des réformes [engagées] » : assurance-chômage, retraites et baisse des impôts de production. Auprès de l’Agence France-Presse, le locataire de Bercy précise que l’exécutif entend continuer à « faire passer des réformes structurantes ».
Moody’s n’a finalement pas réalisé d’action de notation et temporise. La France est jusqu’ici notée Aaa2 par cette agence, ce qui correspond au AA de ses consœurs. L’agence Standard & Poor’s Global doit publier ses conclusions le 2 juin. Qu'en sera -t-il lorsque l'agence chinoise Dagong Global Credit Rating donnera son avis. Les banques, les États souverains en dehors du besoin ou autres spéculateurs en tout genre les utilisent pour prêter et fixer ainsi leur taux de créance. Ce sont les États clients qui en font les frais ! Quant à l’Union européenne, elle n’est pas dans la course.