Alors que le Parlement européen mène les auditions des candidats commissaires, il paraît assez évident que la future Commission européenne se prononcera en faveur de l’accord commercial avec les pays du Mercosur. Elle s’enferme encore dans ses contradictions: prétendre défendre les agriculteurs, les consommateurs ou l’environnement et se prononcer, en même temps, pour l’accord avec le Mercosur n’a aucun sens. Il est temps que l’Europe repense totalement sa manière de commercer avec le reste du monde.
NON à l’accord UE-Mercosur : l’Europe doit repenser le modèle
Chaque accord commercial, pour être validé devrait pouvoir passer un triple test : garantissant ainsi qu'il soit un accord non plus de libre-échange mais de juste échange, qu’il n’instaure pas de concurrence déloyale et, enfin, qu’il ne crée pas de dépendance économique dangereuse.
Ces accords commerciaux internationaux devraient passer un triple test
Pour être validé par l'Union européenne, chaque accord commercial devrait passer trois tests :
Le test de juste-échange : nous devrions nous assurer que la signature d'un accord ne nous fait pas renoncer à appliquer nos standards sociaux, environnementaux, de bien-être animal et sanitaires plus élevés. Au nom de la protection de la biodiversité et des consommateurs, aucun accord commercial ne devrait se faire au prix du renoncement des valeurs auxquelles nous croyons, en nous obligeant à revoir nos principes au rabais.
- comment accepter un accord sans clauses miroirs strictes, c'est à dire sans que les produits qui rentrent en Europe soient fabriqués selon les mêmes critères qu'un produit fabriqué en Europe. Pour les agriculteurs européens, c’est un surcoût estimé entre 10 % et 20 % par rapport à leurs homologues du Mercosur : ce n’est pas un échange juste ?
- comment accepter, par exemple, d’importer des produits agricoles gorgés de pesticides interdits en Europe, ou encore des produits à la traçabilité des produits importés ?
- comment accepter de faire venir des animaux sud-américains vivants et de leur faire endurer 20 jours de bateau de Sao Paulo à Anvers dans des conditions déplorables et au prix d’une immense emprunte carbone ?
- comment accepter des produits qui contribuent et sont issus de la déforestation au moment même où l’Europe interdit l’importation de ceux-ci ?
- comment accepter des produits pour lesquels la traçabilité est douteuse voire inexistante là où en Europe, les règles sont drastiques ?
- comment accepter des denrées agricoles produites dans des pays où les enfants, souvent âgés de moins de 15 ans, travaillent dans l'agriculture, dans des conditions dangereuses
Le test anti-dumping: nous devons également nous assurer que l'accord n'instaure pas une concurrence déloyale pour nos producteurs européens, que ce soit via des aides d’état, des subsides ou tout autre intervention, directe ou indirecte qui mettrait nos concurrents dans une situation artificiellement avantageuse
Le test de l'autonomie stratégique: a pour objectif de vérifier si, suite à la conclusion de l’accord de libre-échange, nous ne risquons pas de créer une dépendance économique dangereuse. Aucun accord ne peut donc mettre en danger notre autonomie en matière alimentaire/agricole, médicale, numérique/technologique, énergétique ou de défense.
Exemple : Le Mercosur a fourni 73% des importations de viande bovine de l'UE, 89% des importations de viande bovine congelée et la quasi-totalité de la viande préparée importée. Cette viande moins chère et de moindre qualité, arrive sur un marché saturé, et mets donc, à terme, en danger, la survie de nos élevages européens, en particulier ceux de petites et moyennes tailles.
Un accord d'une autre époque
Le traité aujourd’hui, imaginé il y a 25 ans, ne répond que peu aux exigences actuelles. Le monde a changé, l'agriculture des années 90 n'est plus celle d'aujourd'hui, les modes de consommation non plus; l’opinion publique s’est également emparé de la question climatique et de l'emprunte carbone des produits. Enfin, l'Union européenne a considérablement augmenté ses standards de qualité, avec des critères sociaux et environnementaux qui en font certainement le continent le plus vertueux du monde dans ce domaine.
Les mentalités ont évolué, notre manière de faire du commerce doit évoluer également.
Un accord anti démocratique
Cet accord n'est pas seulement un accord construit sur des volontés d'un autre temps, il est également anti-démocratique. En effet, il se négocie à huis clos, le Parlement européen, et donc les citoyens européens qu’il représente, ayant été largement mis à l'écart.
Et quand on sait que parallèlement, la Commission européenne envisage de priver les parlements nationaux des États membres de la possibilité de voter sur l'accord, cela veut dire qu’il n'y aurait alors plus aucun contrôle démocratique sur ces traités: ce n'est pas acceptable.
Il est déterminant que chaque accord commercial réussisse le triple à savoir être un accord de juste échange, qu’il n’instaure pas de concurrence déloyale et enfin qu’il ne crée pas de dépendance économique dangereuse. Dans le cas contraire, notre réponse doit être NON.
Je ne suis pas contre les accords commerciaux, je suis contre les accords commerciaux qui nuiraient à l’Europe, aux Européens et à notre intérêt à tous.