Plus d’un ménage sur dix en France vit dans des « passoires thermiques ». Ces logements, classés F ou G au diagnostic de performance énergétique (DPE), sont particulièrement coûteux à chauffer et posent un véritable enjeu environnemental.
Un nombre affolant de logements sont des passoires thermiques

Au 1er janvier 2024, le Service des données et études statistiques (SDES) du gouvernement recense 5,8 millions de logements dans la situation de « passoire thermique », soit 15,6 % du parc immobilier français. Autrement dit, un ménage sur dix vit dans ce type de logement mal isolé et qui coûte cher.
Un parc immobilier vieillissant et gourmand en énergie
La majorité de ces résidences principales (61 %) est occupée par leurs propriétaires, souvent démunis face aux coûts de rénovation. « Beaucoup de ces propriétaires ont hérité de leur logement et n’ont pas les moyens de le rénover », souligne Emmanuelle Béart, marraine de l’association Stop exclusion énergétique. Le profil type de ces logements est une maison individuelle de 80 m², construite avant 1948 et chauffée à l'électricité.
Le phénomène des passoires thermiques touche également le parc locatif privé. L’Agence de la transition écologique (Ademe) estime à 567.000 le nombre de logements classés G et à 737.000 ceux classés F dans le secteur locatif. Cela signifie que 15,9 % des logements loués par des bailleurs privés sont des passoires énergétiques.
Face à cette situation, l’État a mis en place plusieurs mesures visant à inciter la rénovation énergétique. Depuis janvier 2023, les logements classés G les plus énergivores ne peuvent plus être loués. En 2025, cette interdiction s’étendra à l’ensemble des logements G, puis aux logements classés F en 2028. À partir de 2034, les logements classés E seront à leur tour concernés.
Des régions inégalement touchées par les passoires thermiques
Malgré ces obligations, la rénovation des passoires thermiques avance lentement. Entre janvier 2023 et janvier 2024, seuls 13 % des logements F (111.000) et 12 % des logements G (80.000) ont été rénovés. Pourtant, des aides financières existent, comme MaPrimeRénov’, qui permet de financer une partie des travaux. Mais ces dispositifs restent souvent complexes à mobiliser pour les propriétaires les plus précaires.
L’Île-de-France est la région la plus concernée par ces logements énergivores, avec plus d’un million de passoires, soit 20 % des résidences principales. La Bourgogne-Franche-Comté suit avec 18,2 % de logements classés F ou G, devant l’Auvergne-Rhône-Alpes (15,8 %).
Si le parc locatif privé est largement concerné, le logement social affiche de meilleures performances énergétiques. Seuls 7,4 % des logements sociaux sont classés F ou G, contre 12,7 % dans le parc privé. Une disparité qui s’explique notamment par des politiques de rénovation plus systématiques dans le secteur public.
Le défi de la rénovation énergétique en France est immense, tant sur le plan financier que logistique. Alors que les objectifs climatiques imposent une accélération des travaux, de nombreux propriétaires restent démunis face aux coûts et à la complexité des dispositifs d’aide. Une situation qui, sans actions plus ambitieuses, pourrait freiner la transition écologique du pays.