Les demoiselles de Rochefort ont trouvé une suite en 2022-2023 en la personne de Bernard Laporte et Noel Le Graët. Loin d’attendre le grand amour, ils draguent tous deux la coupe du monde de leur sport…. Bon, trêve de plaisanterie, il n’y a pas à dire il ne fait pas bon être dirigeant du football ou du rugby probe par les temps qui courent !
Noël Laporte et Bernard Le Graët, deux destins liés désormais !
Pourquoi donc ? Tout simplement, car bien souvent devenir dirigeant, donner du temps, chercher des subventions, des partenaires, recruter des bénévoles, pallier les absences c’est un chemin de croix : celui du bénévolat, choisi certes, mais qui s’appuie sur deux piliers principaux : d’une part celui du lien familial, lorsque l’on voit ses enfants grandir au sein d’un club, en tant que parents on suit jusqu’à l’époque sénior en y adjoignant une dimension de transmission, de valeurs…justement, d’autre part, s’il n’y a aucun lien direct avec un (ou une) licencié(e), le bénévolat est alors basé uniquement sur les valeurs. Et oui ces fameuses valeurs du sport : éducation, respect, solidarité, honneur et fair-play pour les principales.
Bénévolat, du latin « bonne volonté », traduit un geste d’altruisme, de sens du partage et de transmission. Et ce quelque soit le sport dont on parle. Pratique individuelle ou collective, le sport en France ne verrait jamais de médaille ou de trophée sans le grand nombre de bénévoles qui œuvrent chaque semaine, chaque saison pour que vive leur pratique, leur club, leur ville ou village !
Alors que vient de s’achever une coupe du monde de football au Qatar réussie malgré la défaite aux tirs aux buts contre l’Argentine au bout d’un suspens qui a fédéré plus de 24 millions de téléspectateurs, alors qu’une autre coupe du monde de rugby, cette-fois, s’apprête à démarrer dans quelques mois sur notre sol, avec de sérieuses chances de victoires à la clé, et ce pour la première fois depuis la première édition de 1987, et 3 finales perdues…. Qu’apprend-on ?
Que les deux présidents de fédération sportive : FFF et FFR sont pris dans des affaires….
L’un ex-rugbyman et coach, condamné pour condamnation à deux ans de prison avec sursis et à 75 000 euros d'amende pour un pacte de corruption conclu avec Mohed Altrad, le 13 décembre 2022. Bernard Laporte, ancien joueur de Bordeaux-Bègles et ancien sélectionneur du XV de France, a annoncé faire appel. Mais il a démissionné de l’instance mondiale du rugby Worlrugby, et de sa vice-présidence, car suspensif ou pas en France, pour ce qui est de ce poste planétaire, et de sa dépendance au droit anglo saxon : toute condamnation équivaut à une mise en recul immédiate !
L’autre 81 ans, Noël Le Graët, fraîchement réélu, est sous le coup de poursuites judiciaires pour harcèlement sexuel, et plus largement mal ressenti pour avoir soit couvert soit proféré des paroles racistes, soit des actes et ou paroles homophobes en tentant de les atténuer. Le top étant son « interbiew » (le ton de la voix laisse à imaginer l’heure de l’apéro poussé !) durant lequel son je-m’en-foutisme à l’endroit de Zinédine Zidane, lors d’une interview officielle le 8 janvier dernier, fut la goutte qui a fait déborder la coupe (en foot c’est plus parlant !)
L’un comme l’autre a déshonoré la fonction de dirigeant. Quelque soit le contexte, se maintenir à la tête de la fédération en choisissant son intermède à la présidence n’est digne que de « républiques bananières » et surtout complètement hors éthique et respect des dirigeants de « bases » qui eux donnent et ne se servent jamais !
Le parallèle de la situation des deux instances peut être poussé jusqu’au fait de se retrouver chacune avec la ministre des sports Amélie Ouéda-Castéra qui monte en pointe !
Etant distinct, et ce à juste titre, des décisions internes démocratiques de chaque fédération sportive, les deux gros sports français ont ainsi chacun leur haut-dirigeant choisi par celui qui a été pris en faute. C’est un comble !
Le rugby et le foot français n’ont-ils donc personne à la hauteur pour diriger de si belles fédérations ?
Bien sûr que si ! Mais « la soupe est bonne » comme le dit l’expression populaire. Et tant pis pour les valeurs du sport : le respect, la probité, l’exemplarité….
Que peut-il arriver économiquement à ces deux sports avec ces deux crises ?
Au final, on pourrait espérer que l’éthique et la morale revenant en force dans notre société, de tels scandales seraient rédhibitoires pour les dirigeants incriminés. Ce d’autant que le nerf de la guerre reste l’argent et dans le sport business et autre domaine du marketing sportif, un « bad buzz » est toujours très embêtant.
Mais voilà, la coupe du monde au Qatar a consolidé les annonceurs dans leur choix : l’événement sera toujours plus fort que les vicissitudes bassement humaines. Ainsi, si l’on a dénoncé les plus de 6000 morts sur les chantiers des stades au Qatar, les horribles conditions de vie et salariales, si l’on a dénoncé des stades « réfrigérés », tous ces points éthiques ont été balayés par la compétition elle-même, et les appels au boycott se sont bien perdus dans les abîmes de notre volonté individuelle face à la communion, la fédération et le patriotisme que confère la « glorieuse incertitude du sport ».
Au final donc, près de 25 millions de téléspectateurs en France pour la finale, des annonceurs qui n’ont pas pâti de la situation géopolitique de l’événement…
En ce qui concerne le rugby, les résultats du XV de France vont certainement couvrir largement le bruit du problème éthique que représente Bernard Laporte. Les 22 français, et le groupe élargi, sont attendus au plus haut dans cette compétition à la maison ; malgré un vote interne « proposé » pour avaliser le pseudo président (délégué), l’éthique, l’honnêteté, la probité, le respect en un mot, sont des valeurs qui s’effaceront car au bout de la chaîne de valeurs, les annonceurs pas effrayés vont continuer à se presser pour apparaître aux côtés des sportifs, synonyme de gagnants…et de valeurs !
Pour le football, les langues se délient et le président « en retrait volontaire » Le Graët ne saurait passer entre toutes les gouttes bien longtemps, et fin janvier, date de remise de l’audit commandité par le ministère des sports, devrait être la goupille enlevée d’une grande fort explosive.
Côté rugby, il ne reste donc aux 1941 clubs de France que de se décider en votant entre le 23 au 27 janvier pour avaliser le choix du président condamné et déchu ou pour le changement : Oui ou Non, c’est simple mais terriblement machiavélique de la part de Laporte : entre les manifestations contre la réformes des retraites et fort peu de médiatisation ; c’est approximativement aussi démocratique que de proposer un vote le 15 juillet ou le 14 août, et en terme de campagne électorale : ne pas distribuer les programmes !
Sinon 2024 ne sera pas qu’une année olympique, mais bien une année de grand chamboulement dans le sport français !