ZFE et Grand Paris : Automobilistes 1 – Hidalgo 0

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 4 février 2022 à 18h31
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20.000 eurosLes prix de vente des véhicules électriques neufs commencent aux alentours 20.000 euros.

Les propriétaires de voitures Crit’Air 3 pourront continuer à rouler encore un moment dans Paris et sa proche banlieue, sans craindre d’amendes. L’interdiction de circuler qui les frappait, prévue pour le 1er juillet 2022, a en effet été reportée à début 2023. Avant l’abandon pur et simple de la mesure ?

Dans leurs rêves les plus fous, les automobilistes propriétaires de voitures affublées d’une vignette Crit’Air 3 n’auraient pu imaginer un tel incroyable favorable coup du sort.

La date couperet du 1er juillet 2022, date à laquelle ces voitures devaient être interdites à l’intérieur de la boucle formée par l’A86, a en effet été annulée au détour d’une réunion des élus de la Métropole du Grand Paris (MGP). C’est à la MGP que l’on doit la ZFE (zone à faibles émissions), sous la houlette de la maire de Paris Anne Hidalgo, et de ses alliés écolos. Une ZFE dans laquelle les véhicules Crit’Air 4,5 et plus anciens, sont déjà bannis.

Pour l’instant, la MGP parle d’un report de l’interdiction à début 2023, mais certaines sources parlent déjà de juillet 2023. L’argument utilisé par la MGP pour justifier une telle décision est spécieux : elle reproche au gouvernement de bloquer la mesure, en ne répondant pas à une demande d’agrément d’offres de prêts à taux zéro accordés par la Métropole, à destination de ceux qui voudraient changer d’automobile… Elle reproche aussi au même gouvernement de ne pas aller assez vite dans l’homologation des radars capables de détecter les vignettes Crit’Air ! On a du mal à y croire.

Tout cela ressemble s’y méprendre en réalité à une vraie victoire des automobilistes. Une victoire sur les écolos-bobos qui se moquent bien qu’un banlieusard ait 40 kilomètres à parcourir tous les jours pour aller travailler avec sa voiture, faute de pouvoir utiliser des transports en commun inadaptés dans bien des cas, et surtout bien peu fiables et bien peu sûrs. Des banlieusards qui n’ont pas les moyens de s’acheter une Tesla ou une DS 7 hybride. Ni non plus de s’offrir les services d’un chauffeur à la journée comme Anne Hidalgo.

On parle au minimum de 1,2 million d’automobiles, et derrière, de facto, de 3 à 4 millions de franciliens, dont le véhicule familial était condamné au bannissement, voire, à la destruction. On parle aussi de dizaines de milliers de professionnels, artisans, indépendants, professions libérales, dont les véhicules utilitaires ou commerciaux encore parfaitement vaillants étaient condamnés à la casse, ou à la revente à la casse. Les vignettes Crit’Air 3 sont en effet affectés aux véhicules essence d’avant 2006, mais aussi aux véhicules diesel d’avant 2011. Des véhicules dont beaucoup n’ont pas plus de 150 000 kilomètres au compteur, et qui, bien entretenus, peuvent encore rouler des années !

En réalité, il est mécaniquement impossible de contraindre des millions de franciliens à remplacer leur véhicule en quelques mois, en arguant de la défense de l’environnement, alors même que ces véhicules ne sont en rien « anciens », ni même polluants. Les aides gouvernementales et régionales, distribuées avec nos impôts, ne compensent qu’à moitié le surcoût d’une voiture électrique, et ne permettent pas d’acquérir une voiture plus récente, étiquetée Crit’Air 1 ou 2, sauf à se saigner aux quatre veines, pour les ménages modestes, ce qui est vrai aussi pour les classes moyennes.

Gageons que ce report n’est qu’une étape. L’interdiction des véhicules Crit’Air 3 a toutes les chances de terminer aux oubliettes des décisions absurdes et surtout… dangereuses pour ceux qui tenteraient coûte que coûte de les imposer.

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Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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