Yann Magnan ou quand Duff & Phelps succombe au French flair

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Par Rédaction Modifié le 8 février 2018 à 13h00
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80 %Duff & Phelps assiste 80 % des entreprises du CAC40

La nomination en juin dernier du Français Yann Magnan à la tête de la division EMEA de Duff & Phelps couronne dix ans d’engagement et de professionnalisme. Si le bilan des années passées est positif, c’est surtout vers le futur que le regard perçant de Yann Magnan se tourne.

Londres. Lundi, 6h30 du matin. Yann Magnan entame le marathon de sa journée par une heure de sport. Comme les six autres jours de la semaine. Le tout nouveau patron Europe Moyen-Orient Afrique (zone EMEA) du cabinet de conseil américain Duff & Phelps donne ainsi le ‘la’ de sa journée, en se donnant à fond. A 46 ans, ce Tourangeau a gagné ses galons à force de volonté. Et 2017 est pour lui un tournant majeur : en juin dernier, le board à New York le nomme directeur pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique. L’histoire d’amour continue. « J’avais rejoint Duff & Phelps car l’approche sur-mesure de cette firme correspond à mes attentes, explique ce diplômé de l’Ecole Centrale (promo 1995), et à cause de son attachement aux valeurs de transparence et de bonne gouvernance. »

Yann Magnan connaît sa partition sur le bout des doigts. Avec vingt ans d’expérience dont dix passés au sein de Duff & Phelps, il connaît surtout les besoins du terrain et de ses clients, que ces derniers évoluent dans les télécoms, la grande distribution, les divertissements, l’énergie ou la santé. Lui s’est surtout spécialisé sur les marchés extérieurs. C’est d’ailleurs cette spécificité qui a tapé dans l’œil du board new-yorkais. Un savoir-faire qui lui a permis de gagner la confiance de sa hiérarchie. « Notre approche est vraiment particulière, dans le sens où l’on ne se satisfait pas d’un travail vite fait bien fait, explique-t-il. Notre approche prend en compte la dimension culturelle du marché sur lequel nous évoluons. Prenons par exemple une entreprise française qui souhaite conclure un deal au Brésil, dans le secteur de l’énergie : elle a besoin de comprendre la nature de ce marché et la valeur réelle à laquelle doit se situer la transaction qu’elle souhaite réaliser. Dans ce cas, notre équipe en France va gérer la première étape de front office, puis coordonner une équipe de consultants spécialisés sur le marché brésilien, qui connaît l’environnement local et l’impact de celui-ci sur le projet. » Objectif : apporter la réponse la plus fiable au client, en allant bien plus loin dans l’analyse que ne le feraient d’autres cabinets.

Le choix de Duff & Phelps

En 2007, Yann Magnan fait partie de l’équipe parisienne du cabinet de conseil et d’audit Ernst & Young. Cela fait alors onze ans qu’en tant que consultant il s’intéresse aux problématiques internationales, mais le trentenaire a des envies d’ailleurs. Contre toute attente, il quitte sa zone de confort, son appétence pour les cultures étrangères et ses aspirations rencontrant celles de la firme américaine Duff & Phelps. Il lance alors le bureau de Paris du cabinet américain. Une nouvelle aventure commence.

Duff & Phelps, c’est avant tout une mécanique bien huilée. Leader mondial indépendant dans le domaine d’évaluation financière et de la finance d’entreprise, ce cabinet fondé en 1932 compte aujourd’hui près de 2500 collaborateurs, répartis dans 70 bureaux et dans 30 pays. En France comme ailleurs, Duff & Phelps propose son expertise dans l’évaluation d’entreprises, de portefeuilles d’investissements et d’actifs corporels et incorporels, et ce à l’attention d’acteurs institutionnels, de fonds d’investissements ou encore de grands cabinets d’avocats. Un vrai petit empire. « En tant que cabinet de conseil indépendant dans la finance, nous sommes capables de répondre à toutes les attentes de nos clients, affirme Yann Magnan. Nous avons suivi cette stratégie à Paris depuis l’ouverture du bureau il y a dix ans. C’est cette stratégie qui nous a conduit à assister plus de 80% des entreprises cotées au CAC40. »

Yann Magnan a sa part dans cette réussite. Comme une évidence. En dix ans, le bureau de Paris se déploie et privilégie une croissance organique, sous la houlette du siège européen basé à Londres. C’est donc en toute logique qu’il quitte Paris pour Londres il y a trois ans. Une progression naturelle. Organique, elle aussi. « Nous nous félicitons d’avoir nommé Yann comme directeur EMEA de Duff & Phelps », déclare alors Jacob Silverman, président de la firme américaine. « Son expérience et son expertise reconnues sont de véritables atouts pour nous.»

Aujourd’hui, Yann Magnan se sent à l’aise dans ses nouvelles fonctions. « Nos Managing Partners sont de véritables ‘intrapreneurs’, assure-t-il. Mon rôle est de les pousser à rester à la pointe de leur domaine, à développer leurs compétences organisationnelles, afin que je sois sûr que nous proposions des services de première classe. De cette manière, nous pourrons déceler les meilleurs moyens d’accompagner notre croissance. » L’objectif pour lui est naturel : faire partie de l’élite des cabinets de conseil, en particulier dans la finance dite « corporate ». Une ambition exigeante. « Nos clients attendent de nous que nous soyons les meilleurs, assène Magnan. Ils attendent que nous apportions les meilleures réponses à leurs questions. »

Perspectives et autonomie

Après sa séance de sport matinale, Yann Magnan prend la direction de The Shard, building symbolique de Londres, en forme de flèche métallique, pointée vers le ciel. The sky is the limit, comme aiment dire les Anglo-saxons. « Nous ne travaillons plus uniquement dans la finance. Nous sommes un cabinet multi-services, avance Magnan. Aujourd’hui, nous intervenons sur des sujets ayant trait à la gouvernance, la transparence et la qualité des informations financières publiées. Chez Duff & Phelps, nous ne sommes pas seulement capables de trouver les informations que cherchent nos clients, nous sommes également en mesure d’analyser pour eux ce qu’elles veulent vraiment dire. L’évaluation est dans notre ADN. » A la tête du continent, le Tourangeau repousse en permanence ses propres limites. Depuis 2016, il siège même au comité opérationnel de Duff & Phelps, où il est le seul Français parmi une large majorité d’Américains.

Et, comme le dit l’adage, l’appétit vient en mangeant. « Le marché américain représente 75% de notre activité, nous souhaitons rééquilibrer les choses en faveur de l’Europe, avance Yann Magnan. Nous avons d’importantes perspectives de croissance, en nous appuyant sur notre expérience en Amérique du Nord et en Asie. Voici donc notre feuille de route : nous ouvrir à de nouveaux marchés, développer de nouveaux services en synergie avec les services existants, en totale adéquation avec les attentes du marché. Le monde va être de plus en plus basé sur la finance, et de plus en plus complexe. » A Duff & Phelps de l’accompagner.

La direction américaine va dans ce sens, et encourage l’équipe européenne à adapter la stratégie globale aux réalités de leurs marchés. La division EMEA gagne ainsi en autonomie ce qui la rend plus réactive, toujours au bénéfice des quelque 3000 clients de la firme. Cette équipe n’est plus seulement considéré comme une division géographique, mais comme une direction à part entière. « Quand j’ai ouvert le bureau de Paris en 2007, nous étions trente dans l’équipe, et nous ne proposions qu’un service d’évaluation, se souvient le Frenchie. Aujourd’hui, nous sommes 700 à travers toute l’Europe, et nous proposons six lignes différentes de services dans tout le continent. Avec cette croissance, il est donc logique qu’une direction européenne soit plus à même de faire face à la complexité de nos opérations. »

Résultat, la division EMEA de Duff & Phelps est devenue une grande entreprise à elle seule. Elle compte en 2017 plus de soixante-quinze Managing Partners, chacun connaissant sur le bout des doigts les spécificités de la zone géographique dont il est responsable.

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