La politique commerciale américaine reste la question centrale posée par l’environnement des marchés. Je continue de penser qu’il faut faire une distinction entre la déclinaison de celle en direction des alliés et le « sort » réservé à la Chine.
Maintien du principe du libre commerce entre les Etats-Unis et ses alliés
Les informations les plus récentes concernant les discussions entre les Etats-Unis avec d’une part le Canada et d’autre part l’Union Européenne sont plutôt positives. L’Administration Trump nous dit qu’un accord entre Washington et Ottawa est tout proche et les représentants pour le commerce américain et européen décrivent un dialogue constructif.
On apprend en même temps que les discussions nippo-américaines vont reprendre en marge de l’assemblée générale de l’ONU à la fin du mois. Il est clair que le Japon est demandeur d’un accord. Le Premier ministre Abe serait en train de préparer le troisième étage des Abenomics (le mix de politique économique, combinant initiatives budgétaires, réformes de structure et réglage monétaire), dans le sillage de sa très probable réélection à la tête du Parti libéral-démocrate. Il n’a assurément aucune envie que sa démarche soit entravée par une augmentation des taxes américaines sur les importations de voitures japonaises et par la hausse du yen qui résulterait d’une dégradation de l’ambiance de marché.
En se rappelant des accords déjà conclus avec la Corée du Sud et le Mexique, la perspective qui se dégage paraît bien être le maintien du principe du libre commerce entre les Etats-Unis et ses alliés. Avec, il est vrai, une déclinaison sans doute en faveur du premier.
La montée des tensions entre Chine et Etats-Unis va se poursuivre
Cette perspective est très différente en ce qui concerne les relations commerciales sino-américaines. La pression de Washington sur Pékin va crescendo (la dernière en date prend la forme d’une menace de surtaxer toutes les importations chinoises). L’équipe du Président Xi a du mal à articuler une réponse qui permettrait d’endiguer la poussée des exigences américaines. Pékin ne veut pas, au moins pas pour le moment, donner une victoire, ne serait-ce que symbolique, à l’Administration Trump. Simplement parce que ce serait une défaite, ne serait-ce que symbolique, pour la Chine. Il ne faut pas oublier la leçon d’histoire contemporaine qui s’impose là-bas comme une vérité d’évidence : le siècle d’humiliation a commencé autour des années 1850 par les concessions forcées que la dynastie Qing a dû faire aux puissances occidentales. Ces « traités inégaux » forçaient la Chine à s’ouvrir au commerce avec ces pays. Le Président Xi a promis à son peuple qu’une telle humiliation ne se reproduira plus jamais.
Les marchés de capitaux doivent prendre conscience des postures très différentes des deux pays autour du débat sur les relations commerciales. Empêcher un « rival stratégique » de combler son retard et le forcer à se comporter selon les règles de l’économie de marché, côté américain et ne plus jamais revivre l’expérience des traités inégaux, côté chinois. Dans ces conditions, espérer la « divine surprise » d’un accord qui serait le fruit de concessions de part et d’autre ne va pas de soi. Comment s’assurer qu’il n’y ait ni gagnant ni perdant et que chaque camp puisse sortir la tête haute ? On ne sait pas répondre, au moins à aujourd’hui. C’est pourquoi il faut probablement considérer que la montée des tensions entre les deux pays va se poursuivre. Cela n’enverrait alors pas un signal positif en termes économiques et de marché.
Il faudra être attentif aujourd’hui à ce qui se passe au Parlement européen. Il y aura d’abord le discours sur l’état de l’Union du Président de la Commission Jean-Claude Juncker. Quelle(s) perspective(s) va-t-il dresser pour ce qui est de l’intégration tant de la Zone Euro que de la totalité de l’UE ? De quel degré d’optimisme va-t-il faire preuve en matière d’avancée des dossiers Brexit et négociations commerciales avec les Etats-Unis ? Il y aura ensuite le vote pour proposer au Conseil de prendre des mesures punitives à l’égard d’une Hongrie dont le comportement politique prend des « libertés » par rapport aux valeurs libérales portées par Bruxelles. Au sortir de cette journée, l’Europe aura-t-elle envoyé un message positif sur sa capacité à relever les défis auxquels elle est confrontée ?