La nouvelle de la semaine : le PDG de VW, Martin Winterkorn, a démissionné. L’entreprise de M. Winterkorn, Volkswagen, fournit des véhicules à moteur au reste du monde — des millions de machines qui fonctionnent au moins aussi bien que les autres.
Nous avons l’une de leurs petites camionnettes diesel au ranch. Elle nous sert beaucoup. L’entreprise emploie 600 000 ingénieurs, machinistes, comptables, métallurgistes et des centaines d’autres métiers, tous utilement employés dans l’économie moderne. Si l’on en juge par ses revenus, VW en fait autant que quiconque pour améliorer le monde.
Or non seulement M. Winterkorn a démissionné… mais les investisseurs se sont débarrassés de leurs actions VW, assénant aux propriétaires de l’entreprise une perte de 20 milliards de dollars. Les amendes, dommages et autres pénalités que l’entreprise finira par payer devraient se monter à des centaines de milliards de dollars. Que faut-il avoir fait pour mériter une telle dérouillée ? Combien de clients ont été tués par la périlleuse ingénierie VW ? Combien d’argent a été volé à ses acheteurs par leurs techniques marketing trompeuses ? Combien de femmes violées dans leurs concessions, combien de chiots noyés dans leurs profonds bassins ?
Comment ? Rien de tout ça ? Apparemment, pas une seule personne n’a été blessée et pas un seul pfennig n’a été perdu ou volé. La mesure totale des dégâts subis par le public ? Nous n’en savons rien. Tout dépend de la nocivité réelle des émissions "nocives". Les rusés ingénieurs de VW ont trouvé le moyen de passer les tests de pollution américains, apparemment en déguisant les émissions embarrassantes. Etait-ce illégal ? Etait-ce immoral ? Cela a-t-il nui à une créature vivante ? Là encore, nous n’en savons rien.
Une chose est sûre ; c’était une mauvaise idée. Au minimum, VW a dû rappeler un demi-million de voitures, ce qui représente des frais exorbitants. VW paie le prix de son erreur.
Pendant ce temps, dans le secteur financier… ?
Nous avons entendu parler d’un autre faux pas cette semaine — commis par le géant américain du prêt hypothécaire, Fannie Mae. Il s’agissait là aussi d’un cas de dissimulation.
Fortune explique :
"Lundi après-midi, Thomas Lund a vu la conclusion des accusations portées par la SEC en 2011, selon lesquelles il avait contribué à tromper les actionnaires de Fannie Mae durant le début de la crise. Fannie avait dû être secourue par le gouvernement début septembre 2008, et nombreux sont ceux qui voient la mauvaise conduite du géant de l’hypothèque comme étant l’un des principaux facteurs de l’effondrement. Le procès affirmait que Lund [...] avait aidé à dissimuler aux actionnaires de Fannie plus de 100 milliards de dollars d’exposition aux subprime, permettant à la société de garantir des prêts de plus en plus risqués".
Nous avons là un cas bien plus clair. En partie grâce aux chicaneries de M. Lund, la bulle de la finance hypothécaire a pris les investisseurs au dépourvu, provoquant des pertes d’au moins 8 000 milliards de dollars rien que sur le marché US. Lorsque les prix de l’immobilier ont chuté, de nombreuses grandes banques se sont révélées insolvables. On peut affirmer qu’en septembre 2008, tout le secteur financier — et l’économie mondiale — étaient au bord de l’extinction.
Les pertes sur le marché immobilier ont été colossales et ont causé de profondes souffrances personnelles. Nous ne nous rappelons pas le chiffre exact, mais aux Etats-Unis, quelque 10 millions de ménages se sont retrouvés "sous l’eau", avec une dette hypothécaire dépassant la valeur de leur maison. Des millions ont perdu leur maison, saisie par les prêteurs. Des familles entières vivaient dans des motels bon marché et des logements improvisés.
On pourrait penser que M. Lund ferait le dos rond. A coup sûr, la SEC — quand elle a pris sa décision cette semaine — rendrait une sentence exemplaire. Mais attendez… M. Lund étaient dans la finance, pas l’industrie. Il ne fabriquait pas de voitures. Il ne fabriquait rien, en fait. Il prenait de l’argent bon marché qui ne lui appartenait pas (grâce aux politiques de crédit facile de la Fed) et le prêtait à des gens qui ne pouvaient pas le rembourser. M. Lund n’était pas un homme d’affaires allemand. C’était un compère américain.
De sorte que, lorsque M. Lund a levé le nez vers le juge lundi… et a dit : "quelle sera ma sentence, M. le Juge ?", la réponse n’a pas été : "perpète’, mon gars".
Non, continue Fortune :
"La punition de Lund pour le rôle qu’il a joué : 10 000 $ à peine. Qui plus est, cette pénalité ne sera même pas considérée comme une amende. La SEC a accepté de classifier officiellement le paiement comme un ‘don au gouvernement américain’, en lieu et place d’une vraie punition. Il y a pire : Lund ne paiera pas lui-même. L’accord passé permet à Fannie de faire le versement à sa place, ce que la compagnie a accepté. N’oubliez pas : le gouvernement a dû renflouer Fannie et la contrôle toujours. En d’autres termes, le ‘don au gouvernement US’ — qui n’est pas une amende imposée à l’ancien dirigeant [...] de Fannie — sera payé, dans les faits, par le gouvernement. Pas mal, comme justice, non ?"
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