La voiture électrique au contact de la flotte professionnelle

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Par Jean-Charles Martin Modifié le 29 novembre 2022 à 10h11

Aujourd’hui, dans nos sociétés occidentales, la problématique environnementale est omniprésente. Les expressions « énergie renouvelable », « développement durable » ou encore « éco-conduite » fleurissent dans nos foyers, nos rues et dans nos entreprises. Ces dernières ont de plus en plus le souci d’acheter, de consommer et de vendre propre. Les motivations sont diverses mais la principale reste bien évidement le portefeuille. Pour les entreprises, les leviers pour devenir éco-responsable sont multiples, mais l’un d’entre eux semble faire l’objet de toutes les attentions, les véhicules électriques.

Il s’agit pour le moment d’une simple goutte d’électricité dans un océan thermique, comme le confirme le baromètre de GAC Technology, éditeur d’un logiciel de gestion de flotte automobile. La part de véhicule électrique dans le parc automobile professionnel français est seulement de 0,2% avec une forte croissance de 171% entre 2011 et 2013. D’autres indices laissent à penser que cette tendance va se poursuivre : L’état a par exemple commandé 256 véhicules électriques en 2013, les immatriculations de véhicules utilitaires électriques (VUE) ont augmenté de 54% (entre 2012 et 2013) pour une part de marché de 1,48% à l’immatriculation en 2013 (source AAA).

Les flottes automobiles électriques alimentées par la fiscalité

Depuis 2008, et l’apparition du bonus/malus écologique, les entreprises sont fiscalement motivées pour utiliser les véhicules à faible consommation énergétique. Actuellement, les sociétés faisant l’acquisition d’un véhicule électrique obtiennent une prime à l’achat de 7000€. Dans les faits, pour une Renault Fluence Z.E, le prix d’achat passe de 19100€ à 12100€, une réduction non négligeable lorsqu’on rapporte cela à l’ensemble d’une flotte automobile. Cette prime est dégressive en fonction de l’émission de CO2/km. Le bonus/malus écologique n’est pas la seule carotte pour le développement d’un parc automobile propre. L’exonération de la taxe sur les véhicules de société (TVS) arrive en complément pour jouer cette fois-ci sur le coût de possession. Après avoir acquis sa Renault Fluence Z.E, l’entreprise bénéficiera d’une exonération de la TVS (exonération pour les véhicules émettant moins de 50g de CO2/km). A titre d’exemple, la cousine thermique de la Renault Fluence Z.E (la Renault Fluence DCi), est taxée à hauteur de 480€ par an.

Hors fiscalité, on peut noter que le coût d’utilisation d’un véhicule électrique est moindre que son homologue thermique grâce à la réduction des éléments mécanique et des frais d’entretien. Tous ces éléments tendent à réduire le coût total de détention (TCO), indicateur phare des gestionnaires de flotte automobile. Se pose alors la question suivante, pourquoi les entreprises françaises ne basculent-elles pas au tout électrique ?

Des freins qui court-circuitent les véhicules électriques

Une fiscalité favorable et un TCO apparemment intéressant ne semblent pas suffisants pour pousser les entreprises à passer au vert. Un grain de sable dérègle toute la mécanique, les contraintes de cette solution. L’ensemble des véhicules électriques offre une faible autonomie. La plupart affichent un maximum de 200km (pour la Kangoo Z.E) avec la mise en application d’une éco-conduite. De manière générale l’autonomie tourne autour de 110 à 150km. On imagine mal un commercial s’arrêter tout les 150km pour recharger la batterie de son véhicule, surtout que le temps de charge moyen oscille entre 20min (station de recharge dédiée) et 8h (prise de courant domestique) pour une utilisation optimale. Les bornes de recharge rapide ne couvrent pas l’ensemble du territoire. On comprend vite que les véhicules électriques sont faits pour une utilisation en milieu urbain avec des trajets plutôt courts. Cette solution ne peut donc pas remplacer l’ensemble du parc actuel.

Les gestionnaires de flotte et les décideurs sont confrontés à un autre problème, une offre trop restreinte qui se limite à quelques références. Aujourd’hui, la plupart des constructeurs exploitant le marché de l’électrique proposent seulement 2 ou 3 modèles. Le groupe Renault commercialise par exemple seulement trois véhicules, la ZOE, la Fluence Z.E et le Kangoo Z.E. Les loueurs souffrent de cette offre restreinte puisque le nombre de modèles proposés dans leur catalogue est assez faible et se concentre principalement sur 2 gammes de véhicules. Les décideurs souhaitent avoir le choix, pourvoir comparer et obtenir les meilleurs conditions ce qui semble actuellement compliqué.

Quelques exemples d’intégration de véhicule électriques dans des flottes automobiles.

Orange, le géant français de la téléphonie mobile a récemment intégré des véhicules électriques dans son parc automobile dans le cadre du développement de l’auto-partage au sein du groupe. Cette acquisition comprend une centaine de véhicules ce qui représente environ 0,28% de la flotte totale (35000 véhicules dont 23000 en France). Cette action semble dérisoire mais correspond à la répartition moyenne nationale.

La ville d’Arras dans le nord le France a fait le choix de l’électrique en intégrant 5 véhicules à son parc. La municipalité a suivi un projet régional qui vise à faciliter l’accès aux voitures électriques. Les acheteurs ont fait le choix de la ZOE de Renault. « Une Renault Zoé, ça coûte 22 000 €, mais on a eu une aide de 7 000 €. Donc, elle nous revient à 15 000 €, ce qui est le prix d’une Renault Clio essence. »

Les flottes automobiles d’entreprises commencent tout juste à intégrer les véhicules électriques, la fiscalité aidant, cette tendance va sans doute se confirmer. Les constructeurs vont dans ce sens en développant de nouveaux véhicules et en faisant maintenant leur promotion comme pour la Renault ZOE. Il y a malgré tout un effort à faire pour proposer une gamme plus complète avec des véhicules ayant une plus grande autonomie et un temps de charge moins important. Rappelons que le ministère de l’écologie et du développement durable à pour objectif d’avoir 2 millions de véhicules électriques en France d’ici à 2020.

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Jean-Charles Martin, Directeur du Développement Jean-Charles, 45 ans, bénéficie d'une solide expérience du marché des solutions logicielles métier et du conseuil informatique. Il a notamment été dirigeant d'une PME et responsable Grands Comptes au sein du groupe Volvo. Jean-Charles est diplômé de l' ENSIMAG J, école d'ingénieur de Grenoble INP.

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