« Vision 2030 » : la France apporte son soutien à l’Arabie saoudite

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Par Joseph Daigneault Publié le 16 novembre 2017 à 14h22
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cc/pixabay - © Economie Matin
2000 MILLIARDS $Saudi Aramco est valorisée 2 000 milliards de dollars.

Frappé par une chute du prix du pétrole depuis 2014, le royaume saoudien s’est lancé dans un ambitieux plan de réformes économiques, politiques et sociales rassemblées dans un seul et même programme : « Vision 2030 ». Les Saoudiens s’apprêtent ainsi à vivre une véritable révolution qui, si elle est réussie, placera le pays sur le devant de la scène.

« Seuls les rêveurs sont les bienvenus », prévient Mohammed ben Salmane, prince héritier d’Arabie saoudite, en annonçant la construction prochaine d’une mégalopole de 26 000 km2 sur les rives de la mer Rouge. NEOM, gigantesque zone de développement présentée comme l’équivalent régional de la Silicon Valley, n’est pas le seul mégaprojet annoncé par le royaume, même s’il est faramineux, voire « fou » pour certains.

Avec des investissements prévus de 500 milliards de dollars (425 milliards d’euros), NEOM devrait faire de l’Arabie saoudite un « hub » tant géographique que culturel. Grande comme deux fois l’Île-de-France ou trois fois l’île de Chypre, cette gigantesque cité économique futuriste devrait axer son développement autour de neuf secteurs : l’énergie, l’eau, la mobilité, les biotechnologies, l’alimentation, les technologies digitales, les médias, le divertissement et les nouveaux processus manufacturiers.

Une diversité qui prouve que l’Arabie saoudite est en pleine mutation économique et sociale. « Vision 2030 » vise en effet à libérer le royaume de sa dépendance au pétrole, mais aussi à réduire le chômage, augmenter la participation des femmes dans la population active, stimuler les contributions économiques du secteur privé et développer des activités culturelles et de divertissement dans le pays.

Mutation profonde

Le financement de cet ambitieux programme repose sur la mise en vente de 5 % de Saudi Aramco, la plus grande compagnie pétrolière au monde, dont le prix total est estimé à 2 000 milliards de dollars, soit plus que le PIB italien en 2016 (1 850 milliards de dollars) et presque autant que le PIB français sur la même année (2 465 milliards de dollars).

Mais « Vision 2030 » n’est pas simplement une réponse à une conjoncture déprimée. Il s’agit d’une mutation profonde du modèle économique saoudien, jusqu’ici dominé par le secteur public et le système de subventions. Cette mutation est si profonde qu’on peut légitimement se demander si – en l’état actuel - l’Arabie saoudite a les moyens de ses ambitions.

C’est pourquoi Mohammed ben Salmane veut mettre le secteur privé à contribution. En espérant que celui-ci ne soit pas devenu trop frileux à l’idée d’investir dans le royaume : « l’échec récent d’un ambitieux projet immobilier sur le front de mer de Djeddah, deuxième ville du pays » aurait en effet découragé certains investisseurs. En théorie, le secteur privé devrait alors participer à la création de 450 000 emplois d’ici à 2020 et sa contribution au PIB devrait passer de 40 % actuellement à 65 % à l’horizon 2030. Les investissements étrangers devraient quant à eux augmenter progressivement jusqu’à atteindre 5,7 % du PIB (contre 3,8 % actuellement).

« Vision 2030 » veut également redonner de la compétitivité au secteur de l’énergie en développant les renouvelables et le secteur minier. La production de gaz naturel devrait doubler et contribuer à augmenter les exportations de produits non pétroliers, dont la part dans le PIB devrait passer de 16 % à 50 %.

Et en ce qui concerne les libertés civiles, les projets du prince héritier ne sont pas moins ambitieux. Et sur ce plan, le royaume à fort à faire tant les restrictions sont nombreuses. Mohammed ben Salman a ainsi promis un État « modéré » en rupture avec l’ultra conservatisme religieux. Le gouvernement s’est engagé à écarter toute interprétation « fausse et extrémiste » des paroles du Prophète.

De son côté, après une visite surprise le 9 novembre en Arabie saoudite, Emmanuel Macron a affirmé à travers un communiqué de presse que « la France soutient la stratégie de développement du prince héritier définie dans sa “Vision 2030” et salue son discours sur l‘ouverture de son pays et l‘appui à un islam modéré ». Reste désormais à savoir si la pratique épousera la théorie.

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Durant son parcours universitaire en Economie-Gestion, Joseph Daigneault a multiplié les expériences professionnelles afin d'engranger un maximum de connaissances avant de débuter sa carrière. Aujourd'hui, celui-ci est consultant indépendant en stratégie.

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