La viande artificielle : une fausse bonne idée ou une solution miracle ?

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Par Valerie Orsoni Modifié le 13 décembre 2022 à 20h40
Viande Grillade
cc/pixabay - © Economie Matin
15 500 litres d?eauC'est la quantité d'eau nécessaire à la fabrication d'un kilo de viande de boeuf.

Depuis quelques années, la rumeur coure : la planète ne pourra bientôt plus nourrir les milliards d’êtres humains qui la peuplent et qui consomment, en moyenne, 50 kg de viande par an. Les experts ne sont, évidemment, pas d’accord sur le sujet : certains crient au scandale en expliquant que des pseudo-études sont financées par l’industrie de l’agro-alimentaire pour ainsi pousser ses produits dignes de films de science fiction, tandis que d’autres prouvent par A+B que le futur sera végétarien ou ne sera pas, alors que d’autres encore expliquent qu’avec une meilleure gestion des ressources naturelles, la terre est bien capable de subvenir à nos besoins.

Le concept d’une planète stérile et donc inapte à produire la nourriture nécessaire n’est pas si nouveau puisqu’en 1973, le film “Le Soleil Vert” décrit déjà un futur (2022, pas si loin que cela tout de même) où les cadavres humains sont recyclés en nourriture (la version officielle du gouvernement est que ces produits sont fabriqués à partir d’algues). La société qui fabrique ces produits « soleil vert » s’appelle dans le film….Soylent…tiens donc, le même nom que la société californienne qui a déjà sorti une boisson et des snacks synthétiques (à base d’algues cultivées, comme le mensonge du film, dont acte !) sensée nous apporter tous les nutriments dont nous avons besoin.

Ayant goûté à la chose et étant une épicurienne invétérée, je peux vous assurer que cette approche ne m’a pas convaincue : goût moyen, texture banale, zéro satisfaction en terme d’appétit car pas de masticage donc faim après 2 heures. Côté nutritionnel, apparemment tout y était, sauf le plaisir de manger et de se titiller les papilles bien évidemment.

Difficile d’accéder à la viande issue de culture cellulaire

Une étape plus loin et c’est la viande artificielle. Le concept même peut paraitre intéressant car après tout, nous bénéficions de la technologie pour cloner des cellules de muscles de boeuf. Et si grâce à notre savoir nous pouvons répliquer un goût, une texture et sauver la planète, qui pourrait s’y opposer? Surtout pas la société Memphis Meat®, basée dans la Silicon Valley comme son nom ne l’indique pas, et qui s’est lancée dans la fabrication de viande à base de cellules multipliées in-vitro. Je les ai contactés pour pouvoir goûter à leurs créations mais sans succès. Malgré mon insistance, ils ne m’ont pas autorisée à visiter leur laboratoire ou à goûter leur viande.

Alors, c’est quoi cette viande artificielle et comment la fabrique-t-on ? La viande in-vitro se fabrique comme les tissus que les laboratoires régénèrent pour les grands brûlés : on prend des cellules du morceau de viande qui nous intéresse et on les fait se reproduire. C’est ce que l’on appelle la culture cellulaire. Vous me direz que le concept n’est pas bien nouveau puisqu’en 1931, Winston Churchill suggérait déjà de fabriquer juste les parties (ailes et cuisses) qui nous intéressaient plutôt que de fournir l’effort de faire grandir tout un poulet pour n’en consommer au final que 50%. Pour le moment, les coûts de fabrication sont très élevés et le processus plutôt long. Le premier hamburger de viande synthétique a été fabriqué par Dr. Post de l’Université de Maastricht et dévoilé en fanfare en 2013 à Londres. Depuis, plusieurs sociétés se sont engouffrées dans le créneau et travaillent aussi sur des versions végétaliennes du burger.

A première vue, le côté nutritionnel reste le même : protéines, graisses, et nutriments divers et variés peuvent être dosés au micron près. Cela ne devrait donc pas poser de problème ni en terme de santé public ni en terme d’acceptation, en tout cas pas pour les générations futures qui auront été nourris avec cette viande in vitro depuis leur plus jeune âge. En terme de goût et de texture, ayant essuyé refus sur refus quant à mes demandes de dégustation, je ne peux me prononcer.

Vers la fin de la souffrance animale ?

Les voix qui risquent de s’élever contre ce produit du futur, sont celles de notre génération, pour qui un steak doit venir du bœuf qui broute sur ses quatre jambes dans un pré, qui gambade, donc se muscle, etc…

Cette approche conviendra aussi à tous les végétaliens qui décident consciemment de ne pas manger de viande pour ne pas avoir à tuer un être vivant. La viande in-vitro devient donc la solution idéale à un problème éthique majeur. Plus de traitement inhumain d’animaux comme nous avons pu le voir dans des documentaires comme Food Inc®. Grâce à la viande synthétique, la souffrance animale ne serait plus qu’un lointain souvenir lorsque ce produit se sera développé de manière massive.

Viande artificielle : des questions à se poser

D’autres questions, d’ordre religieux, vont se poser : un morceau de veau produit artificiellement reste-t-il du “vrai” veau ? Peut-il être consommé avec un produit laitier et rester casher ? Du “faux” porc est-il hallal ? Etc.

Du côté de la pollution, la viande synthétique gagne haut la main. Chaque kilo de viande de bœuf classique coûtant 15,500 litres d’eau, 330 mètres carrés de terrain, 6kg de grains et 16 kg de dioxyde de carbone, l’industrie “viande artificielle” devrait générer moins de produits polluants (même si à ce jour, il est impossible d’obtenir une information claire sur la pollution de cette filière du future).

Pour autant, aucune étude n’a été menée sur l’impact que la consommation de viande artificielle pourrait avoir sur notre santé. Même si les créateurs de ce produit nous assènent un message de sérieux : “c’est exactement la même viande, donc vous ne courrez aucun risque, etc…”, il est préférable de se poser des questions avant plutôt qu’après (évitons un scandale du type “aspartame”).

Un autre argument avancé par les fabricants est le coût de la viande synthétique, prohibitif à ce jour mais qui, avec les économies d’échelle et l’amélioration des processus, devrait devenir bon marché et permettre à quiconque d’en consommer.

En revanche, la présenter comme une solution à la famine dans le monde est un raccourci que je ne prendrai pas. En effet, il y a à ce jour 1 milliard d’êtres humains sous-nourris, et nous gaspillons en moyenne, 30% de la production alimentaire mondiale, largement de quoi nourrir les affamés. Il suffirait d’une meilleure gestion de ces ressources pour résoudre le problème. Et rien n’indique que nous saurons mieux gérer les stocks de viandes in-vitro que les stocks de pommes de terre qui pourrissent actuellement sur les docks de Dakar ou de Dar Es Salaam.

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Valérie Orsoni est experte dans les domaines du coaching, du bien-être et de la minceur. Elle est coach de stars, nutritionniste, et très souvent invitée sur les plateaux de TV des deux côtés de l'Atlantique. Créatrice du site minceur de coaching pionnier du genre, www.LeBootCamp.com, qui a coaché plus de 1,200,000 femmes dans plus de 38 pays. Image du jeu Wii et Sony Move MyBodyCoach. Elle est l'auteur de 24 ouvrages publiés dans 10 pays, dont : "LeBootCamp, Programme Minceur", 2015, Hachette "LeBootCamp - 200 Recettes", 2016, Hachette "Le sarrasin : tous les secrets de la graine miracle", 2013 "Un Corps de Rêve pour les Nuls" aux Editions First/Les Nuls, 2012 Tous les livres de Valérie Orsoni sur Amazon.fr

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